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et rancuneux. Dieu merci je ne ferai de peine et de mal à personne. Il y a longtemps que je travaille à ramasser les matériaux de mes
petits mémoires. Je n’ai plus qu’à mettre en ordre » (20 décembre 1847).
Falampin suit également pour Sand le procès qu’elle a intenté à la suite de la reproduction illicite de
La Mare au Diable
. Elle lui parle
d’un projet d’édition expurgée de
R
abelais
qui permettrait « d’initier les femmes et les jeunes gens à un chef-d’œuvre »… Elle prie
Falampin de négocier avec
Le Siècle
la vente de de
La Petite Fadette
(septembre 1848), et d’en récupérer le manuscrit au journal
Le Crédit
.
Elle parle des loyers et du bail de son appartement de la rue Saint-Lazare (square d’Orléans qu’elle habite avec Chopin). En mai 1847,
C
hopin
a été « très dangereusement malade pendant que j’étais clouée ici [à Nohant], ne pouvant quitter ma famille d’un instant, et tout
cela m’a émue et brisée plus que de raison. Le voilà encore une fois sauvé »... Elle donnera bientôt congé de son appartement ; mais elle
garde l’atelier de peintre de son fils Maurice. Elle ne veut plus que Marie de
R
ozières
s’occupe de ses affaires....
George Sand se montre ici une femme avisée, attentive à la gestion de son patrimoine, notamment de l’hôtel de Narbonne, rue de La
Harpe à Paris, dont Falampin est le gérant ; elle s’inquiète des dépenses et des travaux. Ainsi (11 novembre 1846) : « Les dépenses me
paraissent énormes, et je voudrais bien que vous ne fassiez plus faire de ces
grands
travaux qui augmentent mon budget, sans augmenter
les revenus. […] Vous me direz que la valeur augmente en raison de mes dépenses. Je crois le contraire; car au printemps dernier, lorsque
je vous ai interrogé sur la valeur de cet immeuble, vous m’avez dit
au moins 230 000 f.
Et maintenant quand nous venons d’y faire
pour environ 5 000 f. de dépenses nouvelles, vous terminez votre état de situation par une évaluation du capital à 200 000 et même
190 000 f. […] Il valait donc mieux laisser les choses dans l’état où elles étaient et ne pas me
fendre
encore d’une somme, pour une
augmentation de revenus dont je ne jouirai pas, ni mes enfants non plus, car une propriété semblable est une ruine. Vous m’aviez dit,
il est vrai, que vous feriez diviser les grands appartements en petits, et j’avais approuvé, mais je n’avais pas l’idée que quelques cloisons
à établir pussent coûter 5 000 f. […] Je trouve aussi l’éclairage à 300 f. par an exhorbitant, et je crois que le concierge vous trompe là-
dessus. […] Mes portiers les plus voleurs n’ont jamais atteint ce chiffre dans leurs mémoires antérieurs à votre gestion »….
À la fin de 1846 et en 1847, elle prépare le
mariage
de
sa
fille
S
olange
avec
C
lésinger
(19 mai 1847), et recommande le plus grand
secret à Falampin. Elle donne à sa fille l’hôtel de Narbonne par contrat de mariage. Mais la brouille avec son gendre survient bien vite ;
les dettes de Clésinger vont l’obliger de vendre l’hôtel de Narbonne. Sand ne veut pas que son fils Maurice soit lésé par la suite dans
sa part d’héritage. Elle parle longuement de ses différends avec sa fille et son gendre. Ainsi, le 19 août 1847, après une explication
désagréable avec Clésinger : « Ma fille m’a fait beaucoup plus de peine, en ne dirigeant pas bien cette tête violente et faible en même
temps. J’ai été forcée de me montrer sévère et de ne pas céder à des exigeances qui eussent peu à peu compromis je ne dis pas mon
avenir, je ne pense jamais à cela, mais celui de mon fils qui est le plus doux et le plus
juste
des êtres. J’ai trouvé mal qu’on ne m’eût pas