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les collections aristophil
littérature
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JULIE DE LESPINASSE (1732-1776)
et ses amis D’ALEMBERT et le comte de GUIBERT
.
Dans ces lettres revit la personnalité de cette femme d’esprit et de
cœur, dont le salon philosophique rassembla toutes les personna-
lités du temps des Lumières. Elles témoignent des intermittences de
ce cœur tourmenté, partagé entre son fidèle soupirant et secrétaire
D’Alembert, et ses passions brûlantes pour le marquis de Mora et
le comte de Guibert.
Toutes les lettres de ce chapitre, ainsi que les manuscrits du
comte de Guibert décrits ci-dessus, proviennent de la collection
de Philippe de la Motte-Ango, marquis de FLERS (1927-2012).
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LESPINASSE JULIE DE (1732-1776).
L.A., samedi [11 décembre 1762], à
TURGOT, intendant de Limoges ; 3
pages in-4, adresse avec cachet de
cire rouge.
1 200 / 1 500 €
Belle lettre littéraire et politique
.
La pièce de Michel de CHABANON (
Éponine
)
n’a pas été un succès : « Ses amis l’ont bien
mal servi en annonçant sa tragedie avec tant
d’emphase ; une grande partie des specta-
teurs etoient resolu de la trouver mauvaise,
tous les petits auteurs avoient formé une
cabale, et il a été jugé avec rigueur au point
qu’il a cru sa piece tombée et vouloit la
retirer ». Julie de Lespinasse fait la critique
détaillée de l’ouvrage. Chabanon a apporté
des retouches, mais il y eut peu de monde
à la seconde représentation, et la pièce ne
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LESPINASSE JULIE DE (1732-1776).
L.A., « ce dimanche soir 8 may »
[1774], au marquis de CONDORCET à
Ribemont ; 3 pages in-4, adresse avec
beau cachet de cire rouge à la devise
Sans toi tout homme est seul
.
1 500 / 2 000 €
Magnifique lettre autographe, deux jours
avant la mort de Louis XV, parlant de sa
sensibilité et de son amant le marquis de
Mora
.
« Ha ! mon dieu qu’il s’en faut bien que le
roi soit hors de danger. Les nouvelles de
cette après diner, cinq heures, sont plus
allarmantes que jamais » ; mais Condorcet
doit avoir des nouvelles par TURGOT…
« Je suis ravie que vos yeux aillent mieux,
au moins vos amis me le disent, car vous ne
m’en dites mot ; vous ne me dites pas si vous
vous baignés. Vous voulés que je vous parle
de moi et pour m’y encourager vous vous
taisés sur vous. Cependant je vous defie de
douter de mon vif et tendre interet ».
Elle n’est pas allée voir
Mélanie
: « vous savés
bien que pour les choses de dissipation, et
de mouvement je n’ai que la force du projet,
et quand le moment de les executer arrive je
n’ai de desir et de plaisir que d’y manquer.
Ho ! que non je n’ai pas besoin de sortir de
chez moi pour trouver de quoi exercer ma
sensibilité et d’une maniere souvent bien
douloureuse ».
Puis à propos du marquis de Clausonnette :
« l’amitié adoucit tous les chagrins et je crois
qu’il en a, ou quil en aura beaucoup. Hélas ;
il n’est que trop vrai,
tout mortel est chargé
de sa propre douleur
, et
nul de nous na vecu
sans conoitre les larmes
. Vous ne conoitrés
pas celles dont javois voulu faire un sino-
nyme ; je l’ai relu et je l’ai déchiré, tant je l’ai
trouvé mauvais. Il étoit je vous assure à faire
courte qui puisse être menée depuis les
pieds jusqu’à la tête. Je suis bien aise que
vous ayez écrit à madame d’Ablois, je vou-
lois vous le mander ; tout ce qu’elle aime
au monde c’est à ecrire ; ainsi elle vous
mandera toutes les nouvelles, et les votres
lui ont fait grand plaisir. Je vous ai donc fait
une querelle avec Mlle d’Ussé, ce n’étoit
pas mon intention, mais je voulois seule-
ment lui faire sentir tout doucement qu’on
ne doit attendre des soins et des attentions
que de ses amis. Lui mandez vous beau-
coup de nouvelles de Ribemont ! »... Elle lui
reproche de ne pas donner de nouvelles de
sa mère. Quant à elle, elle n’en donne point à
Condorcet, « d’abord parce que je n’en sais
point, en second lieu parce que je pense que
vous ne vous en souciez gueres, en 3
e
lieu
parce que cela est fort ennuyeux, et qu’au
pis aller en se donnant patience on fait tout ;
en quatrieme lieu parce que mon secretaire
est pressé d’aller dîner chez des commeres
au Marais ; car chacun a ses commeres ».
Mme de Brienne craint une fausse couche.
« Adieu, monsieur, mon secretaire ne veut
pas que je vous dise un mot de plus, mais il
ne m’empechera pas de vous aimer de tout
mon cœur ; et il vous dit vale en son nom
car l’amitié n’exige pas tant de verbiage. »
Ancienne collection Dina VIERNY (28 octobre
1996, n° 88).
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durera pas longtemps. Après avoir parlé de
la nomination de M. de Condom [LOMÉNIE
DE BRIENNE] comme archevêque de Tou-
louse, elle en vient au discours du duc de
NIVERNOIS au Roi d’Angleterre à l’occa-
sion de la paix (fin de la Guerre de Sept
Ans) : « ses amis vouloient d’abord la vanter
comme un chef d’œuvre, mais le public leur
a imposé silence en trouvant cette harangue
entortillée sans dignité et sans simplicité,
quelque gens vont plus loin et trouvent que
c’est l’ouvrage d’un ecolier de rhetorique
qui ne seroit pas même competent dans sa
classe ». On est mécontent à Versailles, et
«M. le duc de Choiseuil qui ne l’aime pas en
est bien aise ». Puis elle cite et commente la
lettre de FRÉDÉRIC II de Prusse au Prince
Ferdinand au sujet de la paix : « Hé bien
mon cher prince, voila donc les deux grands
monarques qui ont fait la paix ; il n’y a plus
que les polissons qui fassent la guerre. Quel
polisson que ce prince là. On dit que toute
l’Allemagne tremble actuellement et quil
a deja levé des contributions immenses
jusqu’en Franconie. M. d’ALEMBERT est
enragé contre les Anglois qui a ce quil pre-
tend ont abandoné indescemment les interets
du roi de Prusse, il m’a voulu prouver cela par
les preliminaires imprimé, mais je n’y ai rien
entendu ». Elle termine sa lettre en évoquant
« un nombre infini de mariages qui je pense
ne vous interesseraient point du tout », et en
informant que M. de Chabanon a finalement
retiré sa pièce.
pleurer d’ennui : long, lache et froid et cela
c’est sans me vanter, ni m’humilier, c’est la
vérité exacte, et il est tout aussi vrai que je
ne serai jamais tentée d’avoir avec vous le
ton que j’ai eu une fois avec l’abbé Coyer […]
je trouve que le persiflage est une perfidie
basse et ignoble ».
Puis elle parle de son amant le marquis de
MORA qui devrait bientôt arriver : « mais il etoit
enrhumé, il etoit foible ses crachats avoient
été teints de sang peu de jours avant ; si bien
que dans cette situation je ne suis bien sure
que de sa volonté et de son desir, mais tant
de choses peuvent être contre quil faudra que
je le voye pour croire à son retour. Il est si
malheureux, et moi si peu acoutumée à voir
acomplir mes desirs que je me sens toujours
cette defiance attachée au malheur ».
D’Alembert « embrasse tendrement »
Condorcet, et elle le prie de pardonner ce
« griffonage effroyable »…
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LESPINASSE JULIE DE (1732-1776).
Lettre écrite sous sa dictée par
D’ALEMBERT, « ce 18 » [septembre ?
1770], au marquis de CONDORCET,
à Ribemont ; 2 pages et quart in-4,
adresse.
1 200 / 1 500 €
Jolie lettre à Condorcet dictée à son
« secrétaire » D’Alembert
.
« Allons, Monsieur, vous estes si docile,
que mon secretaire et moi continuerons à
vous donner de bons avis. Souvenez vous,
comme un grand Geometre que vous etes,
& n’oubliez jamais, quand vous parlez aux
personnes, que la ligne droite est la plus