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Littérature

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VALÉRY Paul (1871-1945).

L.A.S. « P. Valéry », Paris le [18] mars 1919, à Jean

COCTEAU ; 1 page et demie in-4, enveloppe.

1 000 / 1 500 €

Curieuse lettre inédite sur

Le Coq et l’Arlequin

, et

Le Sacre du

Printemps

d’Igor STRAVINSKY

.

Il remercie Cocteau pour l’envoi de son livre

Le Coq et l’Arlequin

(La

Sirène, 1918). Il voudrait avoir le temps de le lui dire, mais la fatigue

et le travail excessif l’en empêchent : « je ne hais point

le Coq et

l’Arlequin

[...] votre petit livre n’est pas loin de mes papiers, et il

s’entr’ouvre si facilement ! C’est un excitant que ce format, et que ce

système dense de propos qui touchent l’esprit sans l’ennuyer jamais.

Les thèses, miennes ou vôtres, m’importent peu. Nous n’en ferons

jamais rien. Mais la manière, le trait, l’accent – voilà qui vit, qui pique,

qui éveille – et vous les avez ». Puis il avoue : « Oh ! combien je me

suis ennuyé au

Sacre du Printemps

 ! Je me sentais avec délices

Public

 ! – N’abîmez pas trop cet excellent Public. Comme j’ai joui, ce

soir là, de voir X qui pleurait ! Y qui se tordait les poings d’une fureur

que j’espérais fausse. Z qui injurait une loge. Je ne m’ennuyais que

dans les silences beuglés par la musique de Stravinsky tout seul. Mais

j’applaudissais aux moments qu’il fallait, par peur de la solitude... Et

puis par bonne volonté »…

de Viollet le Duc à la Bibliothèque de Montpellier ». En effet, Valéry

a écrit plus tard : « L’Architecture a tenu une grande place dans les

premières amours de mon esprit ». En 1886-1888, Valéry consacre une

grande partie de son temps à l’étude, à la bibliothèque de Montpellier,

d’ouvrages d’architecture, en particulier le

Dictionnaire d’Architecture

de Viollet-le-Duc et la

Grammaire de l’ornement

d’Owen Jones. Il

écrira dès 1891 le

Paradoxe sur l’Architecte

, puis en 1921

Eupalinos

ou l’Architecte

.

Ce cahier, qui date plus vraisemblablement de 1888 (alors que

Valéry commence ses études de droit), rassemble des notes et

définitions, classées alphabétiquement, qui vont des mots « abaque »

à « chapiteau ». Valéry recueille des définitions, mais surtout les illustre

de nombreux dessins, la plupart légendés, d’une grande précision, à

la mine de plomb mais surtout à la plume, depuis la simple pièce de

charpente, jusqu’aux portails et même des monuments entiers. On

relève notamment des arcs-boutants des cathédrales de Soissons,

Chartres ou Paris, des arcatures de l’église de Souvigny et du chœur

de la cathédrale de Canterbury, l’intérieur de Vézelay (signé P. Valéry),

une vue cavalière de l’abbaye de Citeaux, une vue de l’abbaye du

Mont Saint-Michel, les fortifications de Pierrefonds, les remparts

d’Avignon, les autels restaurés de Saint-Denis et de la Sainte-Chapelle,

le beffroi de Béthune, la charpente du beffroi de Chartres (crayon et

lavis d’encre noir), la bretèche de la tour des Deniers de Strasbourg,

la chapelle de la cathédrale de Mantes, la chapelle absidiale de

Saint-Eutrope de Saintes, etc.

Exposition

Paul Valéry

(Bibliothèque Nationale, 1956, n° 27).

Provenance

 : archives de son fils François VALÉRY (vente 13 décembre

2007, n° 140).