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les collections aristophil

541

VERLAINE Paul (1844-1896).

MANUSCRIT signé « Paul Verlaine » avec CORRECTIONS

et ADDITIONS autographes,

René Ghil

, [1888] ; 8-[1] pages

grand in-8 montés sur onglets sur des feuillets de papier

vélin, plus 4 L.A.S de René GHIL montées à la suite, le tout

relié en un volume petit in-fol., reliure souple de chagrin

noir avec titre en lettres dorées sur le plat sup., chemise,

étui.

1 500 / 2 000 €

Notice sur le poète René Ghil, recopiée par ce dernier, pour

Les

Hommes d’aujourd’hui

.

[La notice sur René GHIL (1862-1925), écrite en 1887, fut publiée dans

Les Hommes d’aujourd’hui

en novembre 1888 (n° 337), avec un dessin

de Luque en couverture.]

Le manuscrit a été copié avec soin par René GHIL sur des feuillets

de papier ligné ; il est paginé au crayon bleu de 1 à 8, et a servi pour

l’impression ; Verlaine y a porté des corrections, refaisant notamment

la dernière phrase, et a signé sur la dernière page.

« René Ghil, poète français, est né le z6 septembre 1862, à Tourcoing

(Nord).

Comme pour beaucoup de personnes d’origine flamande, il y a

gros à parier qu’il a du sang espagnol dans les veines. On a déjà dit

de lui : “…un Espagnol perdu dans les brumes de la Flandre”. On ne

s’est pas trompé non plus en traitant, à cette occasion, son génie et

son talent “d’imagination chaude domptée par une logique sévère”

Déjà plusieurs poètes de là-bas ont revendiqué ce double titre ataval

manifesté par leurs écrits et que proclame l’Histoire. La grande

Marceline DESBORDES-VALMORE, entre autres, aimait, blonde aux

yeux bruns, à se souvenir de son cher Douai natal […] et ses sublimes

vers où, au milieu de la plus vivante expansion qui fut jamais, apparaît

tant de réserve pudique et hautaine, tant de discrétion d’esprit et de

style, concision et verve, toutes vertus et qualités castillanes, ne furent

et ne sont pas pour démentir ces belles nostalgies »...

Verlaine voit en Ghil « un cas des plus intéressants d’esthétique

transcendantale. Et j’emploie ces grands mots, contre mon habitude,

sans sourire, car René Ghil doit être considéré comme le premier –

ou alors l’un des tout premiers des jeunes poètes, et en tout état de

cause le plus affirmé d’entre eux, le plus en dehors, le plus visible

pour le sérieux, pour le grave, pour le poids et l’imposant de sa

tentative. Décadent ou. Symboliste ou l’un et l’autre, n’importe, en

admettant que l’un diffère de l’autre, que

décadent

qui est pittoresque

et historique comme

gueux

et

sans-culottes

, et

symboliste

qui est

amusamment pédantesque, – tels

euphuiste

et tutti quanti, signifient

ceci ou cela, peu ou prou, ou, encore, rien, – René Ghil représente

la génération levante d’ouvriers en vers, et fortement, par l’exemple

et le précepte »…

Après des précisions biographiques, Verlaine passe en revue les

recueils de Ghil, dont le « fameux

Traité du verbe

 », et, à la suite de

RIMBAUD, sa « théorie de

l’Instrumentation poétique

 », coloriant non

seulement les voyelles, mais aussi les diphtongues et les consonnes…

On a relié à la suite

un feuillet autographe de l’éditeur Léon VANIER

où l’éditeur a recopié quatre quatrains inscrits sur des enveloppes

à lui adressées par Stéphane MALLARMÉ (2), René Ghil et Édouard

Dujardin, et la liste des œuvres de René Ghil en vente « chez le

Bibliopole Vanier

 ».

Plus 4 L.A.S de René GHIL à Paul Verlaine

. –

12 février 1886

(1 p.

in-8) : il attend Mallarmé : « Nous devons aller trois vous faire visite, lui,

son Faune et moi »… –

8 février 1887

(1 p. et demie in-8, enveloppe), le

remerciant de son article : « Vous avez si adroitement et d’une façon

si indulgente réuni toute les circonstances atténuantes pour faire

croire que je suis un Bonhomme » ; il explique un petit changement

qu’il a fait au sujet du

Traité du Verbe

 ; il lui portera

Le Désespéré

.

(Au dos de l’enveloppe, Verlaine a noté les nom et adresse de Forain

et Villiers). –

11 juin 1887

(1 p. in-8, enveloppe), pour un rendez-vous

au café avec Verhaeren ; il est occupé par la réimpression du

Traité

du Verbe

, mais propose d’aller attendre Mallarmé à la sortie de son

collège. –

1

er

février 1895

(2 p. et demie in-8), sur ses démarches

en faveur de Verlaine auprès de la revue

Hermès

, puis de Jean

Royère pour la reprise des

Écrits pour l’Art

qui serait l’organe d’un

groupement ; on lui assurerait un revenu mensuel de 50 F…