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les collections aristophil
baigne l’Océan, le printems est encore tout
vert à leur pied, et l’hiver étend toutes ses
neiges sur leurs têtes. Et je n’écrirais pas, je
ne chanterais pas sur toutes mes cordes !
[…] Je m’enivre de solitude, je ne puis plus
m’en détacher ». Puis il évoque l’ode sur
Les
Funérailles de Louis XVIII
: « Vous êtes le
Roi de cette Lyre, mon ami, vous seul avez
dignement chanté cet événement immense,
votre parallèle de S
te
Hélène et de S
t
Denis
est une véritable, une vaste pensée ; c’est
peut-être une chose vraie à dire, que les
Tragédies publiques des nations n’ont qu’une
idée mère »…
[
Pau 10 janvier 1825
. 25-1 (le début manque)].
Au sujet du poème
Le Cor
, qu’il ne veut
pas livrer au public : « Le nombre des
exemplaires ne dépassera pas celui des
gens qui entendent la langue poëtique, vous
voyez qu’ils ne seront pas nombreux. Je
crois qu’il faut laisser la poësie habiter dans
la société les régions élevées, comme elle
les occupe dans l’esprit humain. La boue
gâte sa robe ». Il évoque ses chevauchées
avec des « figures blondes d’Ossian », puis
la mort de GIRODET : « Je n’aurai plus
avec lui de ces longues conversations où je
réveillais la flamme mourante de son génie
en disant vos plus beaux vers et tout ce que
la poësie m’inspirait devant les formes divines
qu’il avait tracées. […] Il me semble d’ici que
beaucoup de choses vous occupent tous et
vous détournent de la principale, l’amour de
la
Beauté souveraine
des arts, le seul digne
d’échauffer vos cœurs »...
Pau 3 février 1825
. [25-4]. Il annonce son
mariage : « Ma femme est indienne,
douce
et bonne
comme votre fille d’Otaïti qu’elle
aime autant que nous. […] je vais vous trouver ;
ma liberté est à jamais conquise par le lien
même qu’on regarde comme une chaîne »...
5 mars [1825
. 25-8]. Il regrette de ne pouvoir
se rendre à une réunion, mais il doit aller
avec Lydia « renouveler à l’Ambassade
d’Angleterre notre union protestante […] Il
me tarde de causer avec notre NODIER et de
savoir quelque chose de tout ce qu’il a pensé
depuis que je ne l’ai vu ; c’est beau sans
doute comme ce qu’il écrit et bon comme
ses sentimens »...
4 avril 1825
. [25-10]. Il veut venir voir les Hugo
avec Lydia. « Ma Muse me revient voir et
s’asseoit à côté de ma douce femme. Je
vous raconterai ce qu’elle m’a dit »...
8 mai 1825
. [25-15]. Il se réjouit des faveurs
royales reçues par Hugo (la croix d’honneur,
et l’invitation au Sacre) : « Je félicite cette
étoile d’honneur de briller sur vous elle y
reprendra les rayons qu’elle perd sur tant de
gens. […] je vous plains de quitter ma patrie
car je suis né en Touraine sur les bords de
cette belle Loire. Je vous plains de vous
séparer de la moitié de votre âme, pour aller
voir nos cérémonies de carton et de papier
peint, et toutes les grandeurs étriquées de
nos tems. […] Emparez-vous du tems présent
par des odes dignes de celle de Louis 18.
[…] moi que je ne sais quel Démon emporte
quoi que je fasse dans des routes insensées
j’accomplis ma destinée. Je viens d’être forcé
d’ajouter cent vers au
Déluge
, et un chant,
quel chant ! aux paroles des damnés »…
7 novembre 1826
. [26-27]. Il félicite Hugo de
la naissance de son fils Charles : « le seul
bonheur qui me soit refusé vous est allé
trouver. […] j’irai voir chez vous la naissance,
la vie, le bonheur, la belle poësie. Je revivrai
avec vous et en vous ».
19 novembre 1826
. [26-30]. Il a dévoré ses
Ballades
: « je les lis, je les chante, je les crie
à tout le monde car j’en suis ravi ; c’est la
poësie des fées et des gnômes qu’il faut à
un peuple qui ne croit plus ; vous avez toutes
ses couleurs à votre pinceau, tous ses chants
sur votre luth ; cette muse est dans tous les
coins de votre livre, il n’y a pas jusqu’aux
Épigraphes où elle ne se glisse, comme
.../...