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les collections aristophil
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ZOLA Émile (1840-1902).
TROIS MANUSCRITS
autographes signés « Émile Zola »,
Correspondance de Paris
, Paris avril 1876-novembre
1878 ; 52, 52 et 57 pages in-8 sur papier bleu fin (infimes
déchirures au premier feuillet du 1
er
et du 3
e
article) montées
sur feuillets de papier vélin fort, reliés en un volume demi-
basane bleu nuit (
H. Jacquet-Riffieux
).
25 000 / 30 000 €
Recueil de trois articles pour le journal russe
Le Messager de
l’Europe
, dont un important chapitre de
L’Assommoir
.
C’est grâce à Ivan Tourgueniev que Zola obtint de Michel Stassioulevitch
une « correspondance » mensuelle, de mars 1875 à décembre 1880,
à la revue de Saint-Pétersbourg,
Le Messager de l’Europe
. Écrits à
l’encre noire sur du papier pelure bleu, ces manuscrits présentent
des ratures et corrections.
L’Assommoir
. Avril [1876], 52 pages. Zola donne à ses « amis de
Russie » un chapitre inédit de
L’Assommoir
, dont la publication a
commencé à Paris dans
Le Bien public
. « Mais, avant de donner un
chapitre, quelques explications sont nécessaires. Et, d’abord, il faut
expliquer le titre, un mot d’argot des faubourgs parisiens. Le peuple
appelle assommoirs des débits de liqueurs, où l’alcool est fabriqué
sur place. […] j’ai étendu la signification du mot à tout le milieu ouvrier,
aux conditions d’ignorance, de vice et de misère, qui, dans nos
quartiers populeux, transforment peu à peu les travailleurs en un
troupeau d’ivrognes déguenillés. Voilà la bête humaine assommée,
conduite à notre abattoir social, par la faute des autres et par sa
propre faute ». Il résume les données de l’intrigue, donne quelques
détails sur les personnages secondaires, et parle du « parti pris du
style » : « Je l’ai voulu populacier, fortement imagé, rempli de mots
d’argot usuels. Il était absolument impossible de peindre le peuple
et surtout le faire parler sans lui prendre sa langue »… Suit le texte du
chapitre VII, dans lequel le lecteur assiste à la fête pantagruélique de
Gervaise. Zola clôt son article par quelques lignes sur la déchéance
de ses personnages : « Gervaise se trouve prise entre son ancien
amant et son mari, et tombe lentement avec eux à la misère et à la
honte. C’est une déchéance fatale qui va des soûleries et des grandes
mangeailles aux hivers sans pain et sans feu. Je crois avoir peint les
ouvriers parisiens avec une patience d’anatomiste scrupuleux. La
leçon est dans la stricte vérité de l’œuvre ».