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les collections aristophil
despote éternel et toujours agissant des
Langues ». Mais l’usage n’existe pas en italien
où l’on ne cherche pas « à constater d’une
façon claire, la manière dont
nous parlons
,
mais la manière dont
on parla
»... Au verso
de la page 2, Stendhal note : « Il y a de la
Sottise
et de la Presomption à un étranger
de vouloir combattre les idées d’un homme
sur sa propre langue. Ma la prego di badar
bene che queste idee non sono mie, sono
scelte in varj grandi filosofi che Lei forse non
conosce. 1
er
Mars 1818 ».
En tête de la
Giornata seconda
, Stendhal
a porté au crayon la date « 27 f
er
1818 ». Il
continue à retracer l’histoire de la Péninsule
en même temps que l’histoire de la langue,
en reconnaissant la suprématie de Florence
au XII
e
siècle, mais en montrant que « Milan
en l’année 1400 était parvenue au même
degré de civilisation où Florence était arrivée
dès l’an 1300 ».
La
Giornata terza
dénonce le despotisme
linguistique imposé par la Toscane, et exercé
par la Crusca.
Dans la
Giornata quarta
, Stendhal prend
en exemple l’histoire de la langue et de
la littérature françaises, et le rôle joué par
l’Académie française, qui prend en compte
les innovations des grands auteurs. Une
importante addition autographe (21 lignes)
est relative au
Dictionnaire de l’Académie
qui
« fait les additions et les changemens qu’exige
necessairement toute langue vivante »...
Parlant des auteurs démodés, Stendhal ajoute
à Guez de Balzac « Voiture et tous les gens à
affectation ». Un peu plus loin, il ajoute une
phrase qui résume tout le débat : « Tels sont
les changemens qui arrivent chaque jour
dans toutes les langues vivantes, quelques
uns d’utiles, peu de nécessaires, et la plus
grande partie par inconstance ».
La
Giornata quinta
est intitulée : « Dangers
de la langue Italienne ». Stendhal prend la
plume (22 lignes) pour montrer, à l’occasion
de pièces de théâtre récemment montées à
Milan, comment les langues s’enrichissent, et
comment la langue noble oblige à employer
des « comparaisons triviales en usage au
13
e
siècle »... Expliquant que ce ne sont
pas les savants qui font la langue, mais le
peuple, Stendhal ajoute : « Or ce qui fait
la civilisation d’un pays ce ne sont pas un
homme de génie ou deux, ce sont les millions
d’hommes médiocres instruits d’une manière
raisonnable ».
La
Giornata sesta
est intitulée : « Remèdes ».
À la fin de cette
Giornata
(p. 59), peut-être
laissée inachevée (quelques feuillets blancs
suivent), Stendhal note au crayon : « ici la
suite des Remèdes la Proposition des 9
Commissaires » ; il fait le compte des pages
à payer au copiste et ajoute : « Corrigé le 7
marzo Sabbato ».
La
Giornata
suivante est intitulée : « Dei
Rimedi », et commence en italien. De
nombreuses corrections et additions
accablent les pédants « adorateurs » des
Toscans, soulignent la lourdeur de la langue
et « l’impossibilité d’un stile rapide et
supprimant toutes les idées intermédiaires ».
Insistant sur la nécessité d’établir une bonne
grammaire italienne, Stendhal ajoute : « C’est
un des moyens les plus lents mais les plus
sûrs de faire que l’habitant de Milan n’apèle
plus le Bergamasque, un
Forastè
».
La dernière
Giornata
définit la composition, le
rôle et le fonctionnement de la commission
de neuf membres nommés par chaque
gouvernement qui se réunirait à Bologne pour
mettre au point grammaire et dictionnaire.
Il ajoute que ce projet « met d’accord tous
les amour-propres ». En fin, il porte la date :
« 12 Mars 1818 », et en marge : « corrigé le
12 mars ».
Outre les additions que nous avons signalées,
les
additions, corrections et annotations
de Stendhal sont nombreuses, dans le texte
ou en marge ; ce sont des modifications,
la suppression d’une idée qu’il veut garder
.../...