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Littérature
273.
Marcel PROUST
(1871-1922). L.A.S., Dimanche [13 janvier 1918, à la princesse Hélène
S
outzo
] ; 6 pages et demie in-8.
3 000/4 000
B
elle
lettre
à
la
princesse
S
outzo
,
la
future
M
adame
P
aul
M
orand
.
« Princesse Je m’étais levé pour venir, mais il faisait tant de brouillard que je ne suis pas sorti. Et puis mon odieuse fleuriste avait
fermé trop tôt, bien qu’ayant dit qu’elle restait ouverte le dimanche comme les autres jours, et cela m’ennuyait de venir sans fleurs.
[…] Je me sens tellement fatigué que je ne sais trop quel jour je pourrai vous voir. Enfin les ennuis militaires que je vois faire autour de
moi à tant de gens, font que je me demande si le Ritz n’est pas un peu trop élégant pour un réformé. Tout cela n’empêche pas que dans
48 heures, ou même avant, vous vous entendrez demander par téléphone si vous ne voulez pas de moi »… Il évoque la lettre poignante
de son ami Constantin [de
B
rancovan
, qui venait de perdre sa femme], « qui n’est qu’un long cri de douleur. […] Je voudrais avoir des
forces pour les mettre au service de ceux qui sont malheureux. Mais je n’ai même plus de forces. J’espère que vous reprenez peu à peu
les vôtres. Vous avez un merveilleux fonds de vitalité, vous êtes le rosier le plus robuste dans l’épanouissement de sa splendeur. Mais
vous êtes une malade trop intelligente, trop instruite, trop méfiante à l’endroit des médecins. Déjà mes médecins trop intelligents sont
dangereux parce qu’ils ne croient pas à la médecine. Vous ne croyez même pas aux médecins. Et, comme les révolutionnaires autocrates,
ou les antiacadémistes qui fondent des académies, ou les
C
harlus
qui habillent leurs amis en femmes, vous ne vous passez de médecin
que pour être vous-même votre médecin, votre médecin imbu de théories. Le miracle végétal de votre rose floraison l’emportera »…
Correspondance
(Ph. Kolb), t. XVII, p. 56.
O
n
joint
une L.A.S. de son père, le docteur Adrien
P
roust
(relative à une conférence sanitaire internationale).