62
253.
Roger NIMIER
(1925-1962). L.A.S., [1947, au Dr Durand-Saladin] ; 4 pages in-8 à l’encre turquoise.
250/300
B
elle
lettre
sur
S
tendhal
et
L
e
R
ouge
et
le
N
oir
… «
Je me suis toujours demandé pourquoi les critiques s’interrogeaient sur les motifs
du coup de feu dans l’église de Verrières, et le déclaraient inexplicable. Il me paraît très simple. Julien n’a rien d’un pur ambitieux, il
commence à trop connaître l’envie et ses suites. La lettre de madame de Rênal lui paraît une trahison puisqu’il s’aperçoit qu’il l’aime. Et
son silence, pendant son voyage acharné de Paris à Verrières, c’est de la peine et c’est de l’amour. […] Les critiques ramènent à des affaires
d’intérêt ce qui se passe sur un plan passionné et même sentimental. Et tout ce que nous savons de Beyle pousse à l’expliquer infiniment
plus par les peines de cœur que par son machiavélisme de chef de gare. Du reste, Julien Sorel, en tirant sur sa maîtresse, rencontre son
vrai destin. […] La plupart des critiques me semblent étudier Stendhal comme s’il était Balzac… »…
254.
Anna de NOAILLES
(1876-19330).
M
anuscrit
autographe signé « Anna de Brancovan »,
Poésies, Paris 1889
, 1888-
1889 ; album in-8 de 31 pages (dont 4 ff. détachés), le reste vierge, reliure chagrin noir, tranches dorées, fermoir métallique.
400/500
P
remiers
essais
poétiques
à
douze
et
treize
ans
, 8 poèmes et quelques brouillons, la plupart signés « Anna », certains datés, deux
décorés de petites vignettes chromolithographiées. Les premiers sont copiés d’une écriture appliquée, d’autres sont en brouillon de
premier jet, d’une graphie fébrile. On trouve aussi quelques ébauches et brouillons divers.
Sommeil éternel
(Paris Dimanche 10 février 1889) :
« La neige tombait à gros flocons ;
C’était un Dimanche matin.
On entendait dans le lointain
Le son des cloches ! »…
Une soirée d’été
(14 décembre 1888) : « Sous les nuages de pourpre le soleil s’enfuyait »… ; « Tu n’est plus qu’une ruine tu n’est plus que
poussière »
…
(dimanche 5 mai 1889) ; « Mais tu vis peu à peu le château s’écrouler »...
(Dimanche 5 mai 1889) ;
Au bal
(Villa Bassaraba
16 septembre 1889) : « Je l’aimais sans le lui dire »… ; « Ô combien le berceau est proche de la tombe »… ;
Marquise !
: « Vous souvient-il
encore Marquise »…
; « Écoutez, parlez tout bas »… Citons encore cette page, datée d’Amphion le 7 octobre 1889 : « Pour passer l’hiver
au bord du lac de Genève il faut être très bête ou très intelligent : car les imbéciles s’accomodent de tout, et les Génies n’ont besoin de
rien ».
255.
Anna de NOAILLES
. 2 L.A.S.,
[1928]
et s.d., à Jean
T
enant
; 5 pages in-8, une adresse.
200/300
Sur la poétesse Cécile
S
auvage
et son article
Le Lyrisme de Cécile Sauvage
(à paraître dans la revue de Tenant
Les Amitiés
en septembre
1928) : « Voici les pages que j’ai composées avec admiration, avec tendresse pour cette ombre émouvante que mon cœur a soudain bien
devinée, – car je n’ai pas connu ce poète étonnant. […] ces pages devront paraître en tête de la brochure, sans tenir compte du rang
alphabétique »…
Dimanche
. « Je suis très touchée que vous me parliez de mes vers avec amitié, quelquefois je les aime tant et quelquefois
si peu, que je n’ai pas de force pour refuser des compliments qui me sont ou un plaisir ou un bienfait. Je travaille beaucoup en ce
moment et je meurs de fatigue, les divines ampoules d’eau marine elles-mêmes ne me sauvent plus guère et je vais m’enfuir vers la
Suisse. Non une Suisse libre et bondissante, mais un jardin de repos au-dessus de Territet »…
O
n
joint
2
photographies
d’Anna de Noailles avec dédicaces a.s. à Jean Tenant.