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se trouvera bien des morts et des blessez dont Mr le M
al
de Boufflers ne pouvoit pas encore avoir de connoissance. On ne sauroit
comprendre ce que cestoit que la nouvelle que nous avions receüe de Mr l’Electeur de Bavière qui nous mandoit que les generaux
ennemis, et les nostres etoient en conference pour une suspention d’armes, le tems nous eclaircira de tout. Le Marquis de
G
ondrin
est
blessé et on ne trouve point Mr de
L
ambesc
petit fils de Mr le Grand. Tous nos blessés sont au Quesnoi. Le Roy d’Angleterre etoit a
laction avec la fièvre et a fait des merveilles. Tous nos officiers generaux ont parfaitement bien fait, et Mr d’
A
rtaignan
a eu trois chevaux
tuez sous luy. Quelques uns disent que le prince
E
ugène
est blessé, cela est incertain ».
Elle a appris aussi « que le duc de
N
oailles
a fait quelque chose dheureux en Catalogne »...
M
adame
de
M
aintenon
prend
alors
la
plume
, pour annoncer l’envoi d’une lettre sur ce qui s’est passé en Flandres. Son amie Mme de
D
angeau
est partie cette nuit en poste,
sans argent ; M. Voisin lui en a prêté, et elle-même s’interroge : « Quoy que jaye peu dargent, et que jen aurai encore moins si les choses
continuent comme elles sont, je nen suis pourtant pas a vingt pistolles près, devrois je en pareil cas prester de largent a une amie jen ai
fait scrupule jusques icy ne voulant rien oster aux pauvres, quoy que je comprenne bien lhoneur que de tels procedes me feroient, car
tout est tousjours sceu. Mais il est vrai que jay reduit toutes mes depenses et tous mes plaisirs a donner a de pauvres familles et surtout
aux nobles. Mes proches en murmurant, faut il changer ma conduitte. Mon cœur est bien serré, le Roy est très resigné. Priez pour moi
lun et lautre. Ma santé est très bonne. Je crois que Dieu la soutient pour me faire souffrir. »
376.
MARGUERITE D’ANGOULÊME
(1492-1549) Reine de
N
avarre
, surnommée
la Marguerite des Marguerites
; sœur de
François I
er
, épouse (1509) de Charles IV d’Alençon (1489-1525), puis en 1527 d’Henri d’Albret, Roi de Navarre (1503-
1555) ; femme de lettres, elle est l’auteur de
l’Heptaméron
. L.A.S. « Marguerite », [avril-mai 1547], au cardinal Alessandro
F
arnese
; 1 page in-4, adresse au verso « A mon cousin et bon filz monsgr le cardinal Farnesse », sceau aux armes sous
papier (légère mouillure).
8 000/10 000
T
rès
belle
et
rare
lettre
après
la
mort
de
son
frère
F
rançois
I
er
.
« Mon cousin et mon bon fils
Jay receue vostre consolatifve
lettre a laquelle ne vous feray
aultre responce sinon que
vous aves perdu ung Roy
quy portoit grande amour
et reverence a nostre Sainct
père
[
P
aul
III, né Alexandre
F
arnese
] et quy vous aymoit
bien fort. Mes nostre Sgr vous
en a redonné ung [
H
enri
II]
qui je suis seure suivra les
vertus du pere et sera heritier
de lobeisance quil portoit au
S
t
Siege apostolique et pour le
desir que jay heu toute ma vie
de voir continuer cete amytyé.
Je loue nostre Sgr Dieu quy
a faite lalience de sa maison
et de la vostre laquelle je
tiens pour perpetuelle ». Elle
témoigne de la gratitude du
cardinal d’A
rmagnac
pour
les grâces reçues du Saint-
Père « lesquelles jestime tant
miennes que avesq luy en
demoure a james obligee a
toute vostre maison »…
Ancienne collection du
Président Robert
S
chuman
(avec transcription de sa main,
II, 24-25 juin 1965, n° 178).
Histoire