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voile la face en vous voyant passer et l’on réserve son cœur. Mais voilà qu’une femme bien innocente d’esprit vous fait une phrase bien

simple et dont elle ne soupçonnait pas la portée, vous la prenez au sérieux des sentiments. Votre glace se fond, vous retrouvez votre

cœur oublié et vous tracez de votre belle écriture les mots les plus aimables et les plus flatteurs – elle d’y croire, d’y réfléchir, et de se

dire – c’est un poëte – il faut se méfier [...] si je suis entrée dans son cœur je l’ai associé au mien – je suis vis à vis de lui sans gêne et

sans reproche et ma confiance en lui est la base de ma véritable amitié »...

392.

Aline MÉNARD-DORIAN

(1870-1941). 12 L.A.S., 1871-1874, [à Juliette

A

dam

] ; 37 pages in-8 ou in-12 (sous chemise

annotée par Juliette Adam).

300/400

B

elle

correspondance

politique

. [Aline Dorian, épouse du député radical Paul Ménard, fut une des égéries de la gauche, et son salon

passait pour être la forteresse du dreyfusisme ; elle a inspiré à Proust le personnage de Mme Verdurin. Juliette Adam a utilisé ces lettres

(dont elle cite des extraits) pour ses mémoires.]

Les lettres de 1871 en particulier reflètent la passion politique de cette femme, et son abattement devant la défaite : « C’est fini ! je viens

d’entendre le dernier soupir de ma France ! Je suis brisée, anéantie, folle de désespoir ! » (1

er

mars)... « cette Assemblée est ignoble ! mais

l’insurrection n’est pas belle non plus ! je perds la tête » (24 mars)... Elle est révoltée par « cet affreux petit

T

hiers

[...] ils nous perdent !

ils perdent notre République, notre bien aimée République ! et avec elle, la France ! » (12 avril)... « Versailles est aussi odieux que Paris,

que le gouvernement de Paris, car nous savons ce que vaut la population [...] il est impossible d’établir une entente même passagère entre

ces deux parties de la France » (26 avril)...

O

n

joint

une lettre de Paul

M

énard

-D

orian

(1

er

nov. 1874), deux lettres de Caroline Dorian, deux lettres de Francis

L

aur

, et trois

lettres de Juliette

A

dam

.

Ancienne collection Jean

E

llenstein

(29-30 mai 1980, n° 777).

393.

Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de MIRABEAU

(1749-1791) le grand orateur des débuts de la Révolution.

M

anuscrit

avec

additions

et

corrections

autographes,

Réponse à un libelle en forme de consultation sans signature laissé

par Mad

e

de Mirabeau chez ses juges

, [1783-1784] ; cahier in-fol. de 7 pages et quart lié d’un ruban bleu (léger manque dans

le haut par un rongeur sans toucher le texte).

1 200/1 500

M

émoire

justificatif

contre

sa

femme

, sans doute

postérieur à l’arrêt de séparation des époux (5 juillet 1783),

et contemporain de sa

Conversation du comte de Mirabeau

avec Monsieur le Garde-des-Sceaux de France, au sujet de

son procès avec Madame son épouse

, 1784, où il se plaint

de la suppression, par ordre ministériel, d’un mémoire

de ses avocats destiné à ses juges. Mirabeau a transformé

systématiquement ici les références au « comte de Mirabeau »,

en des déclarations à la première personne. Les additions

autographes sont marquées entre crochets obliques.

On distribue clandestinement un « ouvrage ténébreux »

et calomnieux à son égard, indigne de réponse mais [de sa

main :]« <comme il a été laissé à la porte de tous les membres

du bureau des cassations, et qu’il pourroit l’être à celle de

tous les juges du conseil, voici> quelques observations que

je trace à la hâte par respect pour <mes juges> […]. On <me>

reproche d’abord une infraction aux règlemens <pour avoir

fait imprimer un mémoire, qu’au reste je ne puis pas même

donner à mes juges, puisque toute l’édition m’a été enlevée> ;

Mad

e

de Mirabeau

, dit-on,

ne doit pas la partager, et plutôt

que de les violer

on lui prescrit

les plus grands sacrifices

, c’est

le dernier excès du vice que de se parer des apparences de

la vertu […]. On <m’>accuse de malignité, de noirceur et de

diffamation dans <mes> écrits ; ils sont sous les yeux du

Conseil <par l’organe de monsieur le rapporteur ;> ils me

justifieront ;

je me plains d’un mal jugé et l’évidence du bien

jugé est frappante

, dit-on. <Examinons en peu de mots et

sur le plan même du libelle, cette évidence> »… Il rappelle

la véritable durée de la cohabitation et de la séparation, au

cours des onze ans de son mariage, et que la séparation est

du fait de sa femme. Il souligne que son épouse n’a donné

aucune preuve de sévices, et que les faits d’« 

actes de mépris,

d’outrages et de diffamations

 » rapportés sont presque tous

étrangers à Mme de Mirabeau : son procès criminel pour

mauvais traitements sur un gentilhomme (« fait honorable

Histoire

… / …