69
250.
ACTRICES
. 10 L.A.S., la plupart à Lucien
D
escaves
.
100/120
Suzanne
D
esprès
(7, 1910-1925 et s.d., dont 3 à Gustave Geffroy ; elle parle de son mari Lugné-Poe). Gabrielle
D
orziat
(à son « futur
cher auteur », racontant son entrevue avec Porel, « le grand manitou »). Gaby
M
orlay
(2).
251.
Antonia Mercé y Luque, dite la ARGENTINA
(1890-1936) danseuse et chorégraphe espagnole. 2 L.A.S., 1928-1930,
à un cher ami ; 2 et 3 pages et demie in-8 à en-tête d’hôtels (trous de classeur).
200/250
Barcelona, dimanche 22 [1928]
. Elle évoque ses tournées en Europe : « après La Haye, Amsterdam, et autres villes de Hollande me
voilà en Espagne. Je viens chercher mon personnel pour mes ballets. Le 25 je serai à Madrid et le 29 à Paris où je vous retrouverai »...
Aix-les-Bains 10 juillet 1930
. Elle le remercie pour sa bonne lettre qui vient égayer son dur traitement, mais qu’elle suit « avec presque
bonne humeur, encouragée par les résultats de l’année passé »... Elle est heureuse de faire un don pour aider « vos vieux comédiens »...
O
n
joint
une photographie (18 x 24 cm, Studio French Line) ; et un livre,
Argentina
(chez Gilberte Cournand, 1956, tirage à 500 ex.
[n° 344], 52 p. in-4, broché sous emboîtage), présentant une riche iconographie de la danseuse entre 1928 et 1936.
252.
Sophie ARNOULD
(1744-1803) cantatrice, interprète de Gluck dont elle créa l’Eurydice et
Iphigénie en Aulide
. L.A.S.,
du Paraclet-Sophie, commune de Luzarches, dép. de Seine-et-Oise, 17 messidor VIII (6 juillet 1800), au Citoyen
C
ellerier
,
administrateur au Théâtre des Arts ; 2 pages et quart in-8, adresse avec marque postale et cachet de cire rouge brisé.
800/1 000
S
pirituelle
et
émouvante
lettre
de
l
’
ancienne
cantatrice
dans
la misère
.
« Vous m’avez promis, mon aimable,
et très ancien amy, vos services, vos
bons offices, relativement à mes
interêts, eh ! je les reclame, car je
me trouve dans une position si
gêsnée, que je suis obligée de vivre
comme une pauvre malheureuse,
de me cazanier, et de me priver de
tout : vous sçavez, mon amy, quil
me reste du, sur le secour provisoire
que je reçois présentement à la Caisse
de l’opéra les deux mois arriêrés,
ventose, et germinal, vous devriez
bien faire en sorte de me les faire
payer ensembles. Cela me proffiteroit
mieux, que par bribes, comme cela
se pratique : oh ! mon Dieu, mon
amy, que je suis faschée, de vous
importuner, pour cette vilenie là ;
... voilà ce que c’est ! C’est que si je
n’avois pas jouie de tant de richesses
autres fois, de tant de considérations,
qui font le charme de cette vie, je
ne me trouverois pas aujourdhuy si
malheureuse, & si pauvre : mais ! viéillire aussy, dans le besoin, dans la misère, et estre condamnée à toutes les privations, c’est bien mal
achever sa vie ! Si je pouvois chanter encore, je chanterois bien comme Lize, dans je ne sçais plus quelle pièce de cette comédie italienne :
– Ça n’devoit pas finir par là
– Puisque ça commençoit comme ça.
Ah! mon amy, il vous souvient peut estre encore de ce temps là : c’estoit l’bon temps au moins ! Il y avoit des esclaves, à la vérité mais !
ils estoient les nôstres : – au lieu, qu’aujourdhuy, nous n’avons que des cochons ; eh ! tenez, mon amy ; soit dit entres nous ; je n’aime
pas du tout ce genre ; je n’y trouve pas le mot pour rire ; tout ça n’vaut rien, tout ça m’déplait à un point, que je ne puis exprimer.
Je sais bien que quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a ; mais ! je n’ai rien, ayons de l’argent, au moins ! C’est ce
que je vous souhaite, mon amy ; c’est aussi ce que je vous demande : ainsi soit il : sur ce je vous salue et vous embrasse, d’aussy bon
cœur que je vous aime »...
Elle ajoute en post-scriptum : « On dit dans nos hameaux, que
B
onnaparte
est de retour à Paris ; partant, que la gloire, et le bonheur,
le suivent. Écrivez moy, mon amy, répondez moy, fut çe un refus, au moins, votre lettre charmera mes ennuis ; car une vieille bergere
n’a pas beaucoup de quoy s’amuser… »
Lettre publiée par Edmond et Jules de
G
oncourt
dans
Sophie Arnould d’après sa correspondance et ses Mémoires inédits
(1857, chap.
LIV, coll. du marquis de Flers).
MUSIQUE ET SPECTACLE