Previous Page  68 / 120 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 68 / 120 Next Page
Page Background

66

faire ». Il a même écrit à des cultivateurs pour leur demander des préfaces à ses poèmes, sans succès… « Je pense à faire une exposition

de peintures monumentales mais il me faudrait pour cela trouver à emprunter pour les peindre et pour les frais de l’exposition. Comme

garantie j’offre de donner au prêteur les tableaux de cette exposition si dans 10 ans je n’ai pu lui rembourser l’argent prêté et les

intérêts ». Il a connu Albert

G

leizes

, qu’il a vu peindre : « je n’ignore pas sa façon de procéder qui fait très amateur qui tient à obtenir

un résultat qui fasse travail d’homme de métier »…

Il va lui envoyer son manuscrit, qu’il prie de déposer au Mercure de France après y avoir joint sa préface. Il parle de Monseigneur

C

azeau

et de son nouveau catéchisme…

Il lui envoie son manuscrit, et parle de son exposition à Nantes à la Galerie Michel

C

olumb

, prolongée jusqu’au 20 juillet : « Il n’y a

rien de vendu encore et je n’espère guère. Je vous ai expliqué qu’on ne veux pas me faire travailler comme cordonnier ici en Vendée et

cela est cause que je me trouve dans une situation pénible et humiliente ». De plus le journal

Samedi-Soir

ne manque pas une occasion

de l’attaquer, avec des faits inexacts : « Mon exposition de l’an dernier à l’Arc en ciel fut il est vrai présentée par

D

ubuffet

sur le désir

de

P

aulhan

et c’est peut-être la cause de tout mais bien des années avant de savoir l’existence de Dubuffet et de celle de Paulhan

j’étais encouragé et protégé par la camarade Jeanne

K

osnick

-K

loss

et Otto

F

reundlich

.

Samedi-Soir

vat jusqu’à raconter que je peins

avec des légumes écrasé, il a l’imagination fertile certes et je vois qu’on est sans pitié et sans regret de l’homme du peuple victime de

l’intolérence et la sottise des gens et de la maladie. […] Je ne pensais pas peindre un jour et si je l’ai fait et persisté c’est sur les conseils

et les encouragements de camarades communistes qui ont été pour moi d’un dévouement sublime ». Ce journal a tout l’air d’être « à la

solde des capitalistes contre lesquels je lutte par des moyens nouveaux »…

Bouret doit avoir reçu son manuscrit, « où j’ai peut-être tout de même mis trop de fantaisie ». Il n’espère guère de son exposition à

Nantes, « pour peu que les Nantais soient comme leur abbé

C

heval

et sa clique qui n’ont même pas visité mon atelier lorsqu’ils sont

venu dans le pays »... Il n’était pas de l’exposition chez André

P

ouget

, « peut-être parce que mes toiles sont des faux

D

ubuffet

pour

Monsieur

R

omi

, qui sait ». Il manque de tout pour peindre, et se sent très fatigué : « Je ne puis guère songer à faire une autre exposition

à Paris. Elle ne servirait vraisemblablement pas à grand chose à part de me faire assommer encore plus ». Il propose à Bouret de l’aider à

se documenter pour des articles, ça lui ferait plaisir de lui être utile. Il parle des moissons et du travail acharné des paysans pour si peu

d’argent, et ajoute : « Je vous ferais volontiers cadeau d’une gouache […] représentant des empreintes de détritus disposées pour figurer

par exemple un portrait, mais à condition que vous y collaboriez en m’adressant quelques détritus de votre choix (qui me serviraient

pour la faire) ou plutôt leurs empreintes sur du papier »…

Sur une carte postale représentant son

Samouraï

« aujourd’hui dans la collection Paressant ». Il tenait à lui dire que sa mère aussi avait

été serveuse à La Rochelle où elle avait connu « le fils du grand

G

ounod

qui un jour de pluie l’avait abritée de son parapluie au retour

du marché pour que sa coiffe de maraichère ne se mouille, ne s’abime pas »…

Invitation manuscrite (papier rose découpé d’une couverture de cahier) : « Dans son atelier de Boulogne (Vendée), Chaissac expose ses

nouvelles pierres peintes. Vernissage le mercredi 14 juillet »...