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convaincre ceux qui ne l’aiment pas. Mais moi je sais bien qu’à la grotte, au milieu des malades, étendu sur mon grabat invisible (vous

me comprenez…) je me trouve à ma vraie place et dans un courant de tendresse et de pitié et de miséricorde qui ne passe qu’à ras de

terre : il faut être lépreux et gisant pour le recevoir sur sa face consumée et sur ce cœur qui ne cesse de battre pour ce qui est mal […] Je

suis heureux de penser que le sort de mon âme est lié au vôtre. Cela me donne confiance »…

165.

François MAURIAC

. L.A.S.,

Vichy

[1938 ?], à un confrère ; 3 pages in-8 à en-tête du

Pavillon Sévigné

.

200/250

R

éponse à une

enquête

. « Un écrivain n’a pas seulement le droit, il a le devoir de ne rien écrire qui ne soit

vrai 

; et tout bon écrivain ne

peut que rendre au public ce que le public lui a prêté. Mais avec ces éléments reçus du dehors et incorporés à son être le plus profond,

il recompose, il recrée des personnages qui n’appartiennent qu’à lui et dans lesquels personne n’a le droit de se reconnaître ». Quant

à

M

ontherlant

 : « Ce grand écrivain ne s’exprime vraiment que dans le cynisme. Le cynisme est une sincérité au premier degré. Ce

qu’il y a de curieux dans

Les Jeunes filles

, c’est le contraste entre ce que Montherlant nous livre de lui-même […] et toutes les habiletés

auxquelles il a recours pour brouiller les pistes »…

O

n

joint

une L.S. relative à une prise de parole publique, 27 août 1935.

166.

François MAURIAC

. L.A.S., Megève 7 août [1954], à Denise

B

arrat

 ; 2 pages petit in-4.

150/200

« Le BA ba de l’immolation des

agneaux

(et vous êtes un agneau) c’est de n’être pas compris, même des êtres qui les aiment le plus et

qui sont le plus près de Dieu. […] le vieil homme que je suis qui cache, sous tant de pétulance, une tentation de désespoir, à certaines

heures, qui l’effraie lui-même, aimerait se coucher lui aussi comme un vieux chien crotté par toutes les boues de tous les chemins,

aux pieds du Seigneur […] il n’y a pas d’autre bonheur en ce monde que d’avoir un cœur capable de le connaître et de l’aimer »… Jean-

Jacques

S

ervan

-S

chreiber

lui a expliqué la terrible situation du Maroc : « Le Glaoui rend tout difficile. Ce Jean-Jacques, si loin de nous,

me montre une confiance, une affection, une gratitude qui me touchent »…

167.

Charles MAURRAS

(1868-1952). 3 L.A.S., Paris 1894 et s.d., à Jules

H

uret

 ; 6 pages in-8, un en-tête

Ligue d’Action

française.

100/150

29 décembre 1894

. Vif remerciement pour « la mention si honorable » de son nom dans

Le Journal

[à propos du

Chemin de Paradis

].

« Un jour ou l’autre, grâce peut-être à notre commun ami Le Goffic, nous aurons l’occasion de nous joindre [...] “Ardent et réfléchi” que

je voudrais être vraiment cela ! »...

Lundi

. « Vous avez bien raison de compter entre les causes de suicide la maladie, l’affaiblissement,

les autres modes de la sensibilité. Beaucoup se tuent par faiblesse. Ce que je m’attachais à faire voir [...] c’est qu’on se tue également par

force d’âme et par raison ». Il l’encourage à faire là-dessus une de ses « curieuses enquêtes » : « il est impossible que dans ce milieu-ci

le suicide n’ait pas une foule de partisans secrets »... – Il voudrait le voir, « d’abord pour m’excuser de mon silence, ensuite pour vous

remercier de tout cœur de vos lettres, surtout de la grande, dernière, qui m’a fait tant de plaisir »...

168.

Prosper MÉRIMÉE

(1803-1870). L.A.S., [Bath] 21 juillet [1845, à l’historien Auguste

M

ignet

] ; 3 pages in-8. 200/300

S

ur

A

ntonio

P

erez

et

P

hilippe

II

.

La lecture de son livre lui a fait passer une nuit blanche regrettant « de ne pouvoir faire brûler à

petit feu S. M. Philippe II. J’espère que la goutte l’aura bien fait souffrir. Quoique cet A. Perez fût une canaille, vous l’avez rendu si

intéressant qu’on oublie tous ses méfaits pour ne penser qu’à ses malheurs. Ce mélange d’astuce profonde, de libertinage, de bassesse,

d’héroïsme est admirablement peint ». Il lui semble que Mignet a fait une erreur d’interprétation depuis l’espagnol à propos de la

princesse

E

boli

, qui était « borgne », pas seulement « louche, ayant le regard à la Montmorency »… « Je crois que Perez se faisait très bien

payer […] À la fin du XVI

e

siècle les hommes ne couchaient avec les grandes dames que pour de l’argent »…

169.

Prosper MÉRIMÉE

. L.A.S., Paris 26 mai 1854, à un ami [le baron Georges-Napoléon

B

aude

, attaché d’ambassade à

Rome ?] ; 4 pages in-8 à en-tête du

Sénat

(lég. rouss.).

500/700

S

ur

la vente des collections d

art du marquis

C

ampana

,

convoitées

par

la

R

ussie

.

Ayant rendu visite au marquis

C

ampana

, Mérimée

confirme qu’il veut vendre sa collection : « Je me suis apitoyé sur le sort des statuettes étrusques qui iraient se faire geler près du pôle.

Il semble avoir peu de goût pour ce voyage, mais il m’a avoué très franchement que la Marquise trouvait à dire qu’il gardât tant d’argent

chez lui qui ne lui rapportait rien, et avec lequel on pouvait avoir tant de chevaux, de robes, de diamants, etc. Autant que j’ai pu en juger

les propositions du prince

W

olkonski

[attaché à l’ambassade de Russie à Rome] ne sont encore que très vagues. […] Je crois beaucoup

plus à l’argent des Anglais qu’à celui des Russes, et

N

icolas

a maintenant tant de chats à peigner qu’il me parait invraisemblable qu’il

achète d’autres bronzes que des canons ». Il a dit à

F

ould

l’importance de cette collection, mais ce dernier n’a pas un sou, étant « entouré

d’artistes mourant de faim et demandant des commandes ; qu’il n’y avait pas apparence de les envoyer tous promener pour acheter des

antiquités »… Mérimée a suggéré de « demander un crédit extraordinaire au corps législatif », ou de s’arranger avec le Marquis pour des

paiements successifs, ou enfin « que l’Empereur achetât de sa bourse la collection, quitte plus tard à en faire la cession à l’État »... Mais

Napoléon III semble tenté, et a fait demander des renseignements plus précis sur la somme demandée, les descriptions détaillées des

objets et leur valeur estimée…

Correspondance générale

, t. VII, p. 298.

170.

Francis de MIOMANDRE

(1880-1959).

M

anuscrit

autographe signé,

Voyage autour de ma table

, 1914 ; titre et 77

pages in-8 en cahiers.

500/700

Manuscrit complet du

Voyage autour de ma table

, en dix « 

promenades

 », qui ouvre les

Voyages d’un sédentaire

.

Fantaisies

(Paris, Émile-

Paul Frères, 1918). Le manuscrit, avec ratures et corrections, est signé et daté en fin « Auteuil

XVIII.IV.XV

 ». Une introduction expose

à une « chère amie » qu’il n’est pas gêné par le

Voyage autour de ma chambre

de Xavier de

M

aistre

 : « En outre, un voyage autour d’une

chambre, c’est bien long… il faut, pour entreprendre cette sorte de périple, une audace qui me manque. Une chambre, pensez donc !