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manuscrit : « C’est très bien, très vivant et parfaitement malicieux sans avoir l’air d’y toucher. Quel art incomparable d’extraire de la

victoire sa propre et juste condamnation ! Je sors de l’épreuve sous l’aspect d’une bonne brute, pas antipathique, mais carrément égoïste,

sensuelle, assez puérile et fort indifférente à tout ce qui n’entre pas dans le petit cercle de ses appétits et de ses préoccupations. C’est

très juste et j’aime ça infiniment mieux que les éloges vagues, nuageux ou azurés que généralement l’on prodigue à ce genre d’exercices.

Mais je plains ceux qui tomberont sous votre patte avec des vices, des tares et des défauts plus nombreux ou plus répugnants que les

miens ! »... Des notes et commentaires au crayon sont joints : « P. 32 – “

Il adore amasser

” – C’est peut-être un peu vif et ce n’est pas

très juste. Entre gens intelligents, on comprendrait [...] mais les neuf dixièmes des lecteurs sont d’arides crétins. Au fond, quand je

m’interroge bien sincèrement, je tiens fort peu à l’argent » ; il lui arrive de perdre de l’argent à la Bourse, mais cela l’émeut « moins

qu’un rayon de soleil, une branche d’arbre ou une phrase bien faite »... D’autres notes concernent l’Académie, sa compagne Georgette

Leblanc : « C’est ce que nous appelons, en riant, entre nous, ses “pitreries” ou ses crises de “pitrite aiguë”. Quand ça la prend, il n’y

a d’autre remède que quelques semaines de “planches” sinon elle languit [...]. Le remède absorbé, le philosophe reparaît et le cerveau

se remet au travail »... Il est aussi question des publications de la Society for Psychical Research, etc.

Nice 20 novembre 1913 

: « même

en raclant les fonds des plus vieux tiroirs je ne trouve rien, du moins rien qui soit avouable. Quant au travail actuel, tout est vendu et

partie même payée d’avance aux Amériques du Nord. J’ai là-bas un agent insatiable, un certain Reynolds, que je vous recommande, le

cas échéant, qui rafle jusqu’aux fantômes prémonitoires des fœtus les plus incertains ! »... – Envoi pour le

Figaro

d’un « instantané sur

Georgette [...] dont l’interprétation de Carmen, déconcertante un peu parce que trop sincère, a besoin d’être défendue par tous ceux qui

aiment et approuvent sa conscience de pure artiste »...

Nice 18 février 1916

, à Mme Huret, sur l’ami défunt, évoquant « la meilleure partie

de cette franche rudesse, de cette bonne brutalité généreuse que tous ceux qui l’ont aimé, aimaient tant »...

O

n

joint

17 L.A.S., 1 L.A. et un télégramme de Georgette

L

eblanc

aux Huret : regrets qu’il n’ait pas assisté à

Tintagiles

, urgence d’un

article du

Figaro

, nouvelles de Gémier, invitations, etc.

157.

André MALRAUX

(1901-1976). L.A.S., 8 décembre [1920, à Henri

H

ertz

] ; 2 pages in-8 (coin manquant sans toucher le

texte).

200/300

Il a reçu

Lieux communs 

: « je ne vous dirai point ce que je préfère en lui ; dire ce que l’on aime, c’est un peu dire ce que l’on pourrait

ne pas aimer, et il siérait mal à un jeune écrivain comme moi de porter un jugement sur un écrivain comme vous. Ce livre, comme

d’ailleurs, vos autres livres, Monsieur, ne font point pour moi partie des livres que l’on juge, mais bien de ceux que l’on relit »…

158.

Filippo Tommaso MARINETTI

(1876-1944). L.A.S., [septembre 1902], à Jules

H

uret

, « Cher Maître et ami » ; 3 pages

in-8 plus carte de visite avec son adresse autographe (trous d’épingle).

250/300

« Je reçois aujourd’hui, avec un énorme retard, les numéros (12 août et 2 septembre) du

Figaro

qui contiennent les beaux éloges que

M

r

Glaser a consacré à mon poème épique

La Conquête des Étoiles

et à mes

Conférences-lectures

de poésie française en Italie. Veuillez,

cher Maître, me considérer à votre entière disposition pour tout ce que je puis faire pour votre puissante œuvre littéraire, et pour le

Figaro

en Italie »...

159.

Filippo Tommaso MARINETTI

. L.S.,

Milan

[1912], à Gustave

K

ahn

; 3 pages in-4, en-tête

Movimento Futurista diretto

da F.T. Marinetti

(la lettre est écrite par sa femme).

400/500

« Nous parlons très souvent de vous, ici, et je déclame très souvent votre admirable

Au jour fermant

, à mes amis les peintres futuristes.

Je vous avais déjà envoyé un

Monoplan du Pape

. Vous en recevrez un second, du moment que le premier s’est égaré. Comment avez-vous

pu supposer un oubli de ma part ? Mon livre, qui est je crois mon meilleur, vous plaira d’un côté : caricature épique de la papauté et du

cléricalisme, mais vous déplaira de l’autre : exaltation de la guerre. Écrivez-moi, je vous prie, dès que vous l’aurez lu en entier. Je tiens

à savoir exactement votre jugement »…

160.

Jacques MARITAIN

(1882-1973). 2 L.A.S., Meudon 1924-1925, à Frédéric

L

efèvre

 ; 6 pages in-8, une enveloppe.

100/150

13 octobre 1924.

Il a vu Pierre

T

ermier

 : « C’est entendu pour l’interview […] les sujets ne manqueront pas : les grands problèmes

de la géologie, la Science et la Foi, Léon

B

loy

… […] Il y aurait aussi, je crois, un intérêt particulier à lui faire exposer ses idées sur la

science et le mystère, et aussi sur le transformisme, dont il est un très ferme adversaire. »…

3 janvier 1925.

« Magnifique votre dernière

interview ! ». Malgré certaines réserves sur les thèses de

G

ilson

, « elle a été pour moi une grande consolation : quand on a connu la

Sorbonne il y a vingt ans, dans son orgueil scientiste (qu’elle n’a pas encore tout à fait perdu !), quand on a vu les souffrances et les

luttes de

P

éguy

, et qu’on a failli soi-même être asphyxié par une philosophie abjecte contre laquelle alors

B

ergson

seul réagissait, c’est

une vraie joie d’entendre un maître universitaire s’exprimer sur Saint

T

homas

le penseur le plus lucide qu’il m’ait jamais été donné de

rencontrer

 », sur la scolastique, sur le Moyen Âge, sur le catholicisme

conservatoire de la métaphysique

 »…

O

n

joint

une l.a.s. à M. Flouquet (1937) ; une l.a.s. de Raïssa Maritain au nom de Jacques à F. Lefèvre ; plus une l.a.s. des Van der

Meer de Walcheren au sujet de Léon Bloy (1964).

161.

Roger MARTIN DU GARD

(1881-1958). L.A.S.,

Bellême

26 juin 1932, [à Henry de

J

ouvenel

] ; 1 page in-8. 100/150

Il le remercie de son livre

La

Paix française

, « livre substantiel. Nous sommes trop de la même génération pour que je ne ressente les

choses comme vous. Fraternellement ! Mais je suis un profane, et mon simplisme me ferait aller encore plus loin que vous, vers des

révolutions plus radicales encore »...