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rude aux yeux que l’imagination ne peut vraiment placer sous son ombrage que la scène d’une agonie ». Il a, dans son voyage, contracté

le germe d’une maladie : « Le traitement de la nouvelle maladie contrarie un peu celui de l’ancienne […] Ce pêle mêle de souffrances et

de remèdes et le long malaise qui a précédé l’apparition des accès, n’ont pas peu ajouté au poids naturel d’une vie de campagne, isolée

et monotone comme la notre. Toutes mes distractions consistent dans quelques promenades au petit pas de mon cheval. Mais dans la

pensée que mes sœurs m’entourent de mille soins et qu’on doit se rétablir vite au milieu de tant d’affection, je trouve ce qui me console

et m’encourage »...

84.

Sacha GUITRY

(1885-1957).

T

apuscrit

avec signature et signes autographes,

Grasse

; 2 pages et demie in-4.

150/200

B

el hommage à

G

rasse

,

ses

fleurs

et

ses

parfums

. « Oh ! Pourquoi Grasse – et non pas : Grâce ? […] Grasse, vous êtes la patrie des fleurs

et le berceau de Fragonard. Ne dites surtout pas : pure coïncidence. Dieu sait bien ce qu’il fait. Et s’il a dit à Fragonard : – tu naîtras là !

C’est parce qu’il voulait qu’il fût la Grâce même »…

85.

Jean GUITTON

(1901-1999).

2

manuscrits

autographes signés, [1961], et 5 L.A.S., 1953-1985 ; 3 et 4 pages et demie

in-fol. avec ratures et corrections, et 10 pages in-8.

200/250

C

hroniques

pour

Le Figaro

.

Les Disciples d’Emmaüs

(29 mars 1961) : « Le lundi de Pâques, l’Évangile lu dans les églises est celui

des Disciples d’Emmaüs. […] La beauté, à mes yeux, c’est la lente apparition du mystère au milieu des choses ordinaires, comme on le

voit dans le visage humain où le regard et le sourire sont ce mystère »…

Le Ciel et la terre

, sur le premier vol spatial effectué par Youri

G

agarine

en 1961. « Il y a une première zone d’univers qui est à la fois visible et tangible : elle se peint au fond de ma prunelle, mais je

puis vérifier ces images par le tact et la palpation : c’est ce que je nomme

la terre

. Au-delà de ce lourd domaine s’étend la zone de ce qui

est intouchable, inviolable à jamais et que j’appelle

le ciel

 »… Plus 5 lettres à divers, notamment à Antoine Pinay et Michel Durafour,

concernant Jean

T

enant

qui « fait honneur à St Etienne, qu’il n’a jamais quitté, alors qu’il aurait pu faire sa carrière à Paris dans les

lettres. Il est resté fidèle à sa ville et à sa petite patrie. Et j’ai bénéficié de son amitié perspicace »…

86.

Jean GUITTON

.

C

ahier

autographe signé (plusieurs fois), 1989-1995 ; cahier in-4 d’environ 165 pages, reliure similicuir

brun estampillé

Livre d’or

sur le plat sup., tranches dorées.

1 200/1 500

C

ahier

« T

okyo

N

agasaki

 »

de

1989

sur un voyage au

J

apon

et un

entretien avec

l

impératrice

M

ichiko

, puis repris, relu et augmenté

dans les années qui suivirent. Y figurent aussi des citations de Saint Anselme, Saint Augustin, Bergson, Pouget ; des réflexions sur

l’âge et l’activité cérébrale, les Évangiles, l’Eucharistie, la foi, la conversion ; des notes et entrées consacrées à Xénophon, Shakespeare,

Bérulle, La Bruyère, La Fontaine, Goethe, Mauriac, Dickens, Foucauld, la Première Guerre mondiale, Marcel Déat, etc. Encres de

couleurs diverses, avec croquis et

dessins

originaux.

Le voyage au Japon commence le 21 juin 1989 par un entretien avec son traducteur

T

akeno

, descendant des « 

crypto-chrétiens

qui ont

conservé la foi cath., 300 ans, sans prêtres ». Explications sur le Shintoïsme et le Bouddhisme, la transmission de la foi catholique. « Puis

il me parle de l’Empereur

H

irohito

en me disant, Il n’était pas libre, il était

prisonnier des militaires

qui ont conseillé Pearl-Harbour

(que lui désapprouvait). Et, de même, en 45, les militaires voulaient continuer la guerre désespérément.

Les grands de ce monde son

prisonniers de l’entourage

. Ici, plus qu’ailleurs ! Quant à M. [

M

ichiko

] elle

est catholique 

; mais ici encore, elle ne peut pas le dire à cause

de l’entourage de son mari empereur, hier encore considéré comme

dieu

. Ainsi parle T. avec calme, paix, et

autorité

. Il aime Pascal et S.

V. de Paul, l’un pour la vérité, l’autre pour la charité. L’avenir de l’Ég. ne l’intéresse pas, car il sait que le nombre n’importe pas mais

la qualité

, le

royaume de Dieu

 »... À midi, rencontre avec l’ambassadeur Bernard

D

orin

autour d’une table, puis conférence sur Pascal...

Guitton a préparé une liste de « thèmes » à aborder avec l’Impératrice (le Japon comme lieu de la spiritualité, l’idée de tradition, etc.),

esquissé son portrait, puis raconté l’audience, le lendemain : tenue de Michiko, cadeaux préliminaires, échanges. « Je lui dis que je

suis

Philosophe

préoccupé d’être pleinement raisonnable, – et donc d’atteindre, par l’intelligence, le sommet : qui est pour moi

D

ieu

,

mais un

dieu

créateur, un

dieu

qu’on

prie

. Alors, elle répond que c’est une grave question de savoir si Dieu est créateur ou s’il ne se

confond pas avec la “nature”. Et ici elle cite en latin

M

arcus

-A

urelius

voulant dire que son premier modèle comme impératrice était cet

empereur pieux, mais sur la voie du christianisme... Elle parle de l’immortalité de l’âme »... Ils parlent du panthéisme, de sa « seconde

vocation » d’œcuménisme (appel à l’union et au-delà, à l’Unité), qu’elle partage « dans ce moment où le monde s’unifie », et de l’origine

de cette vocation (souvenir de 1908). Discussion sur l’Unité dans son rapport avec la Pureté (axiome de Lacordaire), avec geste répété

de l’Impératrice de lever les mains réunies en forme d’ogive, puis sur la ressemblance entre la charge d’un philosophe et celle d’une

impératrice (référence à Descartes). « Michiko prononça ce mot de

prière

à propos de l’Empereur avec douceur et netteté, ce que je ne

puis oublier. Alors l’entretien porta plus spécialement sur l’âme japonaise, sur la place du Japon dans “l’unification des âmes” », et

ensuite, sur l’avenir, la tradition, le « petit monastère catholique et un peu bouddhique » qu’il va construire en France, et de son projet

de « dire l’essence [...] et de mourir en pleine action, les armes à la main. Elle sourit et elle dit que c’est aussi son projet pour sa nation,

aux côtés de l’Empereur »... Cadeau délicat de l’Impératrice, visite du Parc interdit... D’autres pages consacrées à

P

ie

X et

J

ean

-P

aul

II, ses conversations avec Bernard Dorin, sa visite à Nagasaki... Dessins aquarellés : paysage, « Solitude », « Mélancolie de la femme »,

« Madame D. de M. », « Séverine », etc.

On joint un autre

cahier

autographe signé

(plusieurs fois « JG »), 1993-1994 ; cahier in-4 d’environ 77 pages, rel. similicuir

noir estampillé

Livre d’Or

sur le plat sup., tranches dorées.

C

ahier

de

notes

et

dessins

du philosophe nonagénaire, s’ouvrant par

l’inscription : « 

Non tecum sed TU ego sum

 », dont on trouvera plusieurs variantes par la suite. Y figurent la minute d’une lettre

personnelle commentant les élections parlementaires de mars 1993 (« 3/4 Chirac Balladur » : « une vraie “révolution” comme il en arrive

rarement de la vie politique »), un portrait au crayon noir de « 

B

alladur

le 22 mars interrogeant sa destinée », des citations de Pascal

et Saint Basile, des noms d’écrivains (Morand, Montherlant, Mondor, Pagnol), les étapes de la fin de la vie et la mort de

P

ompidou

,