24
76.
André GIDE
(1869-1951). L.A.S., Cavalière 7 septembre 1910, à Georges
G
ilbert
(pharmacien, qui effectuait des travaux
de dactylographie) ; 1 page in-8.
250/300
À propos de
L’Otage
de
C
laudel
. « Je pense que vous aurez pu achever la dactylographie du drame de Claudel que je vous avais confiée.
Aurez-vous l’obligeance d’en remettre une des copies au porteur de ce mot ; d’en envoyer une autre à l’adresse qu’il vous indiquera ;
vous voudrez bien garder la troisième copie et le manuscrit jusqu’à nouvelle indication de ma part »...
77.
André GIDE
.
M
anuscrit
autographe,
Une belle histoire
; 4 pages et demie in-4 (4 ff. lignés détachés d’un cahier).
800/1 000
C
urieux
récit
, avec d’importantes ratures et corrections. Une note en
marge de la première page indique : « raconté à Perpignan, en septembre
1940, par le D
r
Nicolau ».
« Je tiens cette histoire de Roger
S
téphane
. Il me l’a racontée l’autre
soir, à Nice et me disait : voici longtemps que je la sais ; mais d’abord
je pensais m’en servir et me la réservais. Ce n’est que depuis que j’ai
renoncé à en tirer parti que je consens à la raconter ; la voici. Dans une
petite ville de province, une fillette de six ans environ, enfant unique,
était choyée par sa mère, qu’elle chérissait. Le père mourut laissant sa
femme enceinte. Celle-ci crut bon de préparer la fillette à la venue d’un
autre enfant. Ce ne fut pas chose facile, car la fillette se révoltait à
l’idée de devoir partager les soins de l’amour maternel avec celui qu’elle
considérait comme un intrus. [...] Rien n’y faisait. De penser qu’elle
n’aurait plus sa mère toute à elle restait intolérable à l’enfant. [...] la
mère, arrivée au terme de sa grossesse, accoucha d’un enfant mort-né.
[...] La fillette à partir de ce jour devient inquiète, ombrageuse. Elle
semble s’écarter de sa mère qui la cajole en vain. Elle ne mange presque
plus. Elle s’étiole. Elle dépérit. [...] Enfin on a recours à un psychiatre
éminent qui l’examine et l’interroge. Par lui pressée de questions, la
fillette finit par avouer ceci : après que sa mère lui eut annoncé l’arrivée
d’un petit frère et pour empêcher la venue au monde de celui-ci, elle se
relevait la nuit, tandis que toute la maison dormait, descendait dans le
jardin et, armée d’une longue aiguille à tricoter, transperçait l’un après
l’autre chacun des choux du potager. À présent elle se sent responsable
de la mort de ce petit frère ». La mère à son tour ne put bientôt plus
supporter la fillette, « véritablement criminelle à ses yeux »... Un dialogue
avec Roger Stéphane mène à la moralité : « Le mieux, voyez-vous, c’est
de ne pas d’abord enseigner des choses fausses, fût-ce aux fillettes. La
plus triste réalité est moins nocive que le mensonge »...
78.
Jean GIONO
(1895-1970). L.A.S., Taninges 28 août, à un ami ; 1 page in-4.
150/200
«
Colline
et
Un de Baumugnes
ont été traduits en
américain
et très mal. Pour les autres,
Regain
,
Le Grand Troupeau, Naissance de
l’Odyssée
, je n’ai pas voulu marcher. Je serai ravi d’être traduit par votre entremise mais je suis absolument lié à mes éditeurs : Grasset
et NRF pour les traductions. C’est à eux qu’il faut s’adresser pour traiter »…
79.
Jean GIRAUDOUX
(1882-1944). L.A.S., « Tabriz, veille de S
t
Jean notre patron » [22 juin 1935, à l’ambassadeur Jean
P
ozzi
] ; 2 pages in-4.
300/400
Il ne veut pas quitter l’Iran sans le remercier de son accueil. « Je ne dirai pas à Paris que Téhéran est le plus agréable des postes. Mais il
l’est en tout cas pour vos amis et pour vos hôtes. [...] Le voyage à Tabriz s’est effectué dans les règles. Nous avions vu les gazelles sur la
route d’Ispahan. Nous avons vu les loups presque aux portes de Kazwin, dont un grand méchant loup absolument semblable à celui de
la chanson. Job le visait déjà, avec son revolver automatique, mais je l’ai retenu. Qu’aurions-nous fait de sa peau ? Mais je vais le laisser
tirer sur l’ours que nous ne pouvons manquer de rencontrer »... Giraudoux raconte son séjour à Tabriz, « grande ville plate entourée de
belles collines ceintes elles-mêmes de montagnes », avec visites des missions et de la mosquée bleue...
80.
Arthur de GOBINEAU
(1816-1882). L.A.S., Athènes 12 janvier 1865 ; 3 pages in-8.
300/400
S
ur
la
situation
en
G
rèce
. Il remercie son correspondant de ses lettres : « Je vous prie de vouloir bien me les continuer car la situation
particulière des Iles Ioniennes est un des éléments principaux des difficultés présentes. Ce qui me porterait à croire que le soupçon fort
répandu ici d’une action un peu perturbatrice de l’Angleterre ne manque pas de réalité, c’est que les employés renvoyés s’adressent au
ministre britannique et qu’il prend chaudement leur cause. Je n’entends pas dire qu’il ait tort, mais le plus, le trop mêlé à la juste mesure
et un peu de faux mêlé à du vrai, sont ce qui compose les situations équivoques ». On envoie Dimitri
M
aurocordato
comme « monarque
de Corfou. Il passe pour fort intègre, bon administrateur en tant qu’homme de bureau, peu propre aux circonstances compliquées »…