78
235.
Jean COCTEAU
(1889-1963). L.A.S., Hotel Welcome Villefranche-sur-mer [1924], à l’abbé
M
ugnier
; 2 pages in-8.
400/500
B
elle
lettre
sur
son
retour
à
la
religion
et
le
deuil
de
R
aymond
R
adiguet
.
« Monsieur l’Abbé, Il est de toute importance que je vous dise le changement que Dieu a cru bon de faire en moi. Le père Charles
H
enrion
, venu du désert et
M
aritain
m’ont replacé sur la bonne route. “Converti” serait faux. Vous me savez un esprit religieux de
longue date.
Il serait plus juste de dire que j’ai mis de l’ordre dans mon amour du merveilleux
. Pardonnez ces 4 lignes sur un sujet bien
grave – mais j’essaye de faire fondre le bloc de mort qui m’isole de tout depuis le départ de Raymond
R
adiguet
– et mon régime consiste
à écrite le moins possible. Je vous embrasse du fond du cœur, en J.C. »…
236.
Jean COCTEAU
. L.A.S. et P.A.S., [1928-1955], à Henry de
M
ontherlant
; 1 page in-8 chaque.
400/500
[Septembre 1928]
. « Je suis bête et comprends mal votre lettre. Je vous ai envoyé
Opéra
comme à un ami et comme à un ami ce livre de
D
esbordes
que je trouve admirable. Cet ami je le reste et le resterai toujours »…
E
nvoi
sur la page de faux-titre de
Colette [Discours de réception à l’Académie Royale de langue et de littérature françaises…,
Grasset
1955] : « à Montherlant un ami beaucoup plus fidèle et proche qu’il ne le croit. Jean P.S. L’académie est un phantasme. Mais étrange
et beau si nous y sommes, pareils à des ombres solides. Chargez-moi de la chose et on ne vous demandera
rien d’autre
. Ces Messieurs
rêvent de vous avoir pour se mordre après les pouces. Tout cela est
dans
votre
ligne
».
O
n
joint
le
brouillon
de
la
réponse
de
M
ontherlant
,
19.12.55
(1 p. in-8, au dos d’un relevé de recettes de
La Reine morte
) : « Je ne
poserai jamais ma candidature à l’A.F. […] mais j’accepterais d’en être si on me nommait […]. Je n’ai pas lu encore votre
Colette
, mais j’ai
relu récemment
Thomas
»…
237.
Jean COCTEAU
.
M
anuscrit
autographe signé sur
L’Aigle à deux têtes
, [novembre 1946]
; 2 pages et demie in-4 avec
quelques ratures et corrections.
1 000/1 200
P
our
la
représentation
à
P
aris
de
L’A
igle
à
deux
têtes
[créée à Bruxelles en octobre 1946, la pièce fut jouée au Théâtre Hébertot en
novembre ; une version anglaise fut représentée à Londres dès le mois de septembre].
L’Aigle à deux têtes
est « un drame du destin », et contrairement à ce que lui font dire plusieurs journaux, « on y parle beaucoup et les
actes relèvent presque toujours du langage. La pièce, adaptée à Londres par Ronald Duncan, doit être une toute autre pièce, puisqu’on
s’y exprime parfois en vers et qu’on s’étonne de la passivité de l’anarchiste que joue Jean
M
arais
en France et qui est un rôle d’une
violence extraordinaire »… Cocteau cite
B
alzac
, au sujet du hasard : la reine de son drame n’attend pas le hasard, mais dirige,
se mêle
de
son sort. « Il est probable qu’elle dérange les lignes de sa main gauche avec la manie de tout décider qu’elle porte dans sa main droite.
Le problème est de savoir si c’est bien son destin ou si elle s’en invente un autre. C’est la grande énigme. Celle du libre arbitre que les
souverains confondent avec le “bon plaisir”. Edwige
F
euillère
est une reine incomparable. Jacques
H
ébertot
a tout mis en œuvre pour
que l’aspect général de la pièce rejoigne ce rêve des souverains qui essayent de créer des œuvres et qui, s’en reconnaissant incapable,
s’acharnent à devenir des œuvres eux-mêmes »…
Au verso du dernier feuillet,
C
octeau
a
dessiné
à
la
plume
deux
licornes
.
Reproduction page 77
238.
Jean COCTEAU
.
Poésie critique
. Textes choisis par Henri Parisot (Paris, Éditions des Quatre Vents, 1946) ; petit in-4,
couverture cartonnée illustrée (usagée avec petit manque au bas du dos).
500/600
É
dition
collective
en
partie
inédite
.
E
nvoi
autographe signé avec
dessin
à la plume sur le faux-titre : « à Maurice Carreau Jean Cocteau * 1948 », avec dessin d’une tête de
profil.
239.
Jean COCTEAU
. L.A.S. « Jean »,
S
t
Jean Cap-Ferrat
20 avril 1958, [à la productrice Denise
T
ual
] ; 2 pages in-4 à l’adresse
de
Santo Sospir
.
300/400
Estimant n’avoir commis aucune « indélicatesse de cœur », il tient à expliquer son attitude à sa chère Denise, qui lui avait promis des
fonds importants pour son prochain projet de film, dont en fait elle ne disposait pas. « Je n’oserai pas me lancer tête basse dans un destin
hasardeux, ni taper à toutes les portes. “Autres bases” signifiait donc une assurance très robuste de capitaux ». Il n’a jamais entendu
P
érier
, qu’elle lui avait présenté, dire du mal d’elle. Mais il ne peut pas « changer les préparatifs d’un travail dont le prélude avait été
le film
B
uffet
, donc Périer [film d’Étienne Périer,
Bernard Buffet
(1957) …]. Je reculerai mon projet jusqu’à ce que mes pieds se trouvent
sur un terrain solide et permettant à ma tête de divaguer sans crainte. Tu aurais tort de faire supprimer l’aide (toute symbolique) de la
subvention – car c’est à moi que tu causeras du tort et à personne d’autre. Je suis le premier à m’attrister de ne pouvoir mener les choses
comme il en était question le premier jour. Cela ne change rien à mes sentiments fidèles »…
240.
Jean COCTEAU
. L.A.S. « Jean », 36 rue de Montpensier, Palais-Royal 9 décembre 1959, à Marlene
D
ietrich
; 2 pages
in-8.
500/700
B
elle
lettre
à
M
arlene
D
ietrich
lors
du
tournage
du
T
estament
d
’O
rphée
.
Il est triste loin de sa « Marlene chérie », « enfermé dans cette besogne épuisante du film que je joue, monte et mixe moi-même.
J’arrive de la côte où je devais recommencer une prise et j’ai respiré le drame de Fréjus [catastrophe du barrage de Malpasset]. (Le quai
de Villefranche a disparu comme un domino tombe sur une table). Demain je tourne encore à Saint-Maurice et chaque fois que j’entre
dans la salle de projection je pense à toi, assise auprès de moi pour
La Belle et la Bête
. Je suis profondément heureux de ton succès et de
te savoir aimée par les simples – car plus on monte dans l’échelle sociale moins on rencontre de gentillesse. Je t’adore »…