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Littérature
que l’intuition bergsonnienne – connaissance vraie, mais qui n’est pas conceptuelle et qui reste par conséquent intraduisible. Quelque
chose de très vague, et pourtant d’infiniment riche : le sentiment d’une présence, disent les mystiques. Les poètes – à la minute de
l’inspiration – pourraient en dire autant. […] Toutes les prouesses verbales, allitérations, rimes, etc. que Valéry connaît si bien, auraient
aussi le même effet quasi magique sur le lecteur, le mettraient lui aussi sur le voie de ce mystérieux contact »… Il pense que
B
ergson
pourrait éclairer cela : « Je ne suis pas philosophe et je suis bavard. D’où la difficulté de réduire ces vues aux proportions des
Cahiers
»…
25 décembre
. Rien ne pourrait lui faire plus plaisir « que d’être présenté, critiqué,
européanisé
par vous »… Il le félicite pour son bel article
stimulant, « qui remue un monde d’idées – le
B
arrès
parfait notamment il en sera très heureux »… Il est d’accord avec sa critique, « mais
songez que sans mystique, pas d’action – et, qui plus est, sans mystique, pas de rapprochement possible entre les diverses communions
ou a-communions. Je compte bien ne pas sacrifier la “religion commune” du XVII
e
siècle »… Il ne faut pas « laisser dire que le dernier
G
iraudoux
ne vaut rien. Pour moi je crois que je l’aimerai toujours, même raisonnable – il l’est un peu trop dans
Siegfried
»…
18 mars
[1923]
. Il revient d’un cycle de conférences à Strasbourg, et propose « pour les
Cahiers verts
deux de ces conférences : on pourrait
appeler cela :
L’initiation mystique de François de Sales à Pascal
»…
[1924]
« Plus j’avance dans mon travail, plus je vois que, mon objet
étant d’expliquer une expérience obscure (l’expérience poétique) par une expérience un peu plus connue […] (expérience mystique), il
est mieux d’étudier d’abord cette expérience mystique ». Il se demande si, au lieu d’un Cahier vert
Mysticisme et Poésie
, il ne vaudrait
pas mieux un cahier sur la mystique, suivi d’un second où l’on procèderait à la comparaison : « Un petit traité d’
initiative mystique
entrerait-il dans votre cadre vert ? »…
27 janvier [1924]
. Sur François
M
auriac
: « Votre protégé – le jeune
M
auriac
– semble se décider
enfin à abjurer le catholicisme – je veux dire qu’il s’évade – littérairement – de son groupe. Je lui permets – derrière le
mur
– toutes les
processions, exorcismes, etc. qu’il voudra. Mais ce lamentable placage, non. La vraie religion ne peut pas être le grand ressort des drames
où il se complait. […] Je ne suis pas sûr que
Génitrix
soit bien supérieur au
Lépreux
– j’ai cependant l’impression d’un progrès – je n’ai
pas lu son fleuve enflammé – évidemment, il n’est pas encore arrivé à la catharsis […]. En tous cas un talent incontestable, et, parmi les
jeunes, un de ceux qui m’intéressent le plus »…
221.
André BRETON
(1896-1966). L.A.S., Paris 4 octobre [novembre] 1924, au directeur de l’Argus de la Presse ; 2 pages in-4
à en-tête du
Bureau de Recherches Surréalistes […]La Révolution Surréaliste
.
400/500
Malgré ses réclamations, le service de coupures « continue à être fait en dépit du bon sens. Alors qu’on m’adresse à chaque instant des
notes de journaux concernant un M. Breton, homme politique, un M. Le Breton, professeur, et même des Bretons morts à la guerre ou
ayant répondu à des enquêtes en 1852, je m’assure en consultant les coupures que vous adressez au Bureau de recherches surréalistes
15 rue de Grenelle que je ne reçois presque plus rien de ce qui peut m’intéresser »… Il signale des articles parus en octobre 1924 dans
Le Thyrse
,
Le Matin
et
Sélection
. « Vous comprenez comme moi que cet état de choses ne peut durer. Je suis votre client depuis assez
longtemps pour que vous y remédiiez »…
222.
André BRETON
.
M
anuscrit
autographe, [1957] ; 1 page oblong in-8 avec ratures et corrections.
1 000/1 200
Brouillon d’un paragraphe des
Deux enquêtes surréalistes
, texte paru dans le n° 2 de la revue trimestrielle
Le Surréalisme, même
(printemps 1957), annonçant des enquêtes sur un tableau de Gabriel
M
ax
et un tableau anonyme.
222
… / …