74
« La vogue actuelle de la peinture dite “non-figurative” ne dispense heureusement pas de scruter les intentions même “extra-picturales”
qui ont pu animer tel maître du passé : un Jérôme Bosch, un Giorgione, un Goya. Rien ne s’oppose à ce que chaque fois que l’occasion
s’en présente cette curiosité s’étende à des artistes de moindre renom. Nous présentons ci-contre une toile dont André Breton nous dit
qu’elle l’a “arrêté” il y a plusieurs semaines, au marché “Vernaison” de S
t
Ouen et depuis lors au point qu’il a dû revenir l’examiner
plusieurs fois. Renseignements pris (il suffit de se référer au Larousse en sept volumes), l’auteur de cette œuvre non datée, Gabriel Max
né à Prague en 1840 (mort, croyons-nous en 1915) s’est plu à évoquer les sujets horribles ou à frapper l’imagination par la singularité et
la bizarrerie. Très répandue fut autrefois, à Paris, la reproduction de sa “Face du Christ sur le suaire de S
te
Véronique” qui semble ouvrir
les yeux quand on le regarde quelque temps (1874)… “Du mysticisme sentimental, Max passa plus tard au spiritisme, à l’hypnotisme
et aux rêveries du diabolisme”. Le cinquantenaire de la mort de l’auteur de
Là-bas
[
H
uysmans
] (dont on sait le prestige auprès des
surréalistes) suffirait à faire sortir de l’ombre Gabriel Max et à appeler la discussion autour de cette œuvre énigmatique »… Breton a barré
sa dernière phrase, qui nomme une amie poétesse : « Elle vient d’être acquise par M
me
Joyce Mansour ».
223.
André BRETON
. L.A.S., Paris 8 janvier 1958, à un ami ; demi-page in-4.
500/600
« Votre réponse au sujet de Watteau m’est parvenue trop tard et je le déplore. Nous en avons fini aussi avec la carte de Freud et c’en
sera fait ce soir, je pense, de celle de Baudelaire. Suivront, dans l’ordre, Swift (qui risque d’être entrepris demain), Isabeau de Bavière,
Pascal. J’espère bien vous voir cette semaine et convenir de la suite de vive voix »…
224.
Francis CARCO
(1886-1958).
P
oème
autographe signé et 18 L.A.S., Paris et Nice 1914-1935, à Robert
M
ontfort
;
38 pages formats divers, qqs en-têtes
Chambre des Députés
,
Café de Paris
ou
Le Cahier des Poètes
, qqs adresses (quelques
légers défauts).
400/500
B
el
ensemble
adressé
au
compositeur
R
obert
M
ontfort
(†1941),
qui mit
en musique
des
poèmes
de
C
arco
.
1
er
novembre 1911.
Montfort a « écrit de trop émouvantes musiques » sur ses petits poèmes pour qu’il l’oublie jamais ; sur un manuscrit
que
B
ernouard
pourrait donner à
Schéhérazade
…
Nice
2 mars 1912
, remerciant d’avoir donné
Lied
avec les poèmes de Villiers de L’Isle-
Adam et de Dierx ; il propose de placer des exemplaires à Nice…
3 novembre 1912
. Il prépare une plaquette de poèmes et proses intitulée
Coquecigrues
, et demande des nouvelles du projet de mélodies sur ses poèmes… – Manuscrit d’un
poème
tiré de
La Bohême et mon cœur
(1912) : « Les tilleuls, les lilas d’Espagne et les sureaux »… : « Voulez-vous tenter qq. chose là-dessus ? »
Dimanche
. Sur les vieilles folles
de Nice, entichées de
jeune
poésie. « Vive le bon travail, le patient amour d’une œuvre qu’on veut dégager des redites et des banalités !
J’y arrive en partie et mon bouquin de contes
Au Coin des Rues
fera quelque bruit. Tout y est, jusqu’à présent, d’un naturel fervent et
bridé. J’imprime à l’ensemble une impulsion féconde que l’amour et l’amertume se disputent à la fois »… Il nomme d’autres œuvres en
cours, dont
Jésus la Caille
, et accueille avec gratitude sa proposition de publier trois de ses poèmes avec un hommage. « Oui, vous avez
raison pour le Futurisme, mais je répugne à marcher avec leurs extravagances. Ce que j’aime dans cette école c’est l’enthousiasme… mais
ils devront se discipliner un jour ou leur effort se dispersera »…
Nice
5 février
1913
. Qu’il tâche de « séduire » l’éditeur Eschig : « Croyez-vous utile de donner à nos six poèmes et un hommage un
titre de plus ? »… Sa plaquette [
Chansons aigres-douces
] va bientôt paraître, illustrée par Dunoyer de Segonzac, Luc Albert Moreau, Jean
Hess, J.D. Fergusson, Anne Estelle Rice…
Mercredi
: Si « la préface Reynaldo Hahn » déplaît à Montfort, qu’il la supprime, et s’occupe
de l’impression, car Carco n’entend rien à la musique techniquement…
Mercredi soir
. Il travaille à son roman[
Jésus la Caille
] « qui avance
et qui aura de la gueule »… Dès son roman terminé, il viendra à Paris et proposera à Montfort « quelque chose d’épatant : un long poème
sur la prison, dialogué et quelque peu dramatique, avec des rondes, des chansons. Témoin ce fragment » (suivent 5 strophes). « Je médite
un très long et très saisissant poème et nous verrons si ça vous va, ce que musicalement on en peut tirer »…
Jeudi
. « N’auriez-vous pas
envie de vous mettre avec moi à une composition assez vaste : un long acte suffirait ? Voyez. Je me sens disposé à tenter un effort dans
cette direction et si ça vous va, je me féliciterais de le tenter avec vous »…
19 avril
. Il révise son roman, va diriger une collection chez un
éditeur et fonder une revue (
Le Cahier des poètes
)… « Et notre acte ? Donnez-m’en vite le sujet. Je verrai ce que j’en puis tirer et vous
l’écrirai aussitôt. Je ne doute pas que ce soit très attachant »…
Jeudi soir [8 janvier 1914].
Il se demande si Roudanez est encore en retard : « Je pense que vous aurez vivement conduit l’affaire et que
nous pourrons bientôt faire nos services »…
Dimanche [février-mars 1921]
. Il fait répéter à la Renaissance une pièce en trois actes [
Mon
homme
]. « Ne me parlez plus de ma plaquette de vers. Camille Bloch qui devait la publier en a perdu le manuscrit »…
12 octobre 1926
.
« Hélas ! tous ces projets ont été abandonnés depuis des temps et j’en suis désolé car ils m’auraient permis de reprendre une collaboration
dont j’ai gardé le meilleur souvenir »… Etc.
225.
Charles Lutwidge Dodgson dit Lewis CARROLL
(1832-1898). L.A.S. « C. L. Dodgson », Christ Church, Oxford
14 mars 1892, à l’éditeur de l’hebdomadaire
The Lady
; 3 pages in-12 ; en anglais.
2 000/3 000
A
u
sujet
de
sa
série
de
«
puzzles
»
de mots
,
publiées
dans
T
he
L
ady
en
1891
et
1892
. Mr
B
owles
l’encourage à espérer que l’éditeur
voudra bien lui permettre, en tant que rédacteur non rémunéré de
The Lady
, d’employer une partie de l’espace alloué à
Syzygies
[sorte de
mots croisés] pour une sorte de réclame concernant deux de ses publications, qui sont actuellement très peu connues. Sur le manuscrit,
on pourra voir que seuls les deux premiers paragraphes font sa propre réclame ; le troisième contient de l’information nécessaire aux
concours de
Syzygies
. Il serait heureux qu’on garde ces trois paragraphes composés, pour insertion en tête de chaque article
Syzygie
…