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Littérature

pas le

Connaître

. Je le savais. Je l’ai cruellement éprouvé »... Il lui racontera ce qui s’est passé : « Chose étrange, la crise aigüe à laquelle

vous avez assisté à Nice, était due précisément à votre présence auprès de moi !! – Il ne faut pas en vouloir à cette âme si douloureuse au

fond, et dont je sais maintenant que son martyre était égal au mien »... Il n’a pas dit à Catherine tout ce que Renée a vu : « Je la trouve

bien maigre et fragile. Une pitié immense me prend à la regarder, et je ne puis la regarder sans être sur le point de pleurer. Tant de

douleur et d’amertume, et tant de faiblesse, et cet attachement extraordinaire que nous nous trouvons l’un pour l’autre, – mon cœur

n’y résiste pas »...

Menton mercredi [19 avril]

. « Je suis attristé profondément d’avoir observé de tout près la fragilité effrayante de cet

être. J’excuse bien des blessures qui m’ont été faites, […] quand je songe à cet état si affreusement précaire. La faiblesse extrême survient

tout à coup. Le souffle lui manque, et ce sont des heures de sombre et pénible concentration. Elle n’a plus que l’esprit et les os »... Il

poursuit, le lendemain, dans « ce cimetière marin “où tant de marbre est tremblant de tant d’ombres” », où il cherche et trouve la tombe

de la mère de la baronne, « comme une page de marbre devant moi. […] La mer scintille au-dessus de cette page. Je m’arrête longtemps

ici, en roulant bien des choses dans ma tête fatiguée. J’ai pensé à cette bonté qui a prié pour un insensé ». Il colle à la lettre « une très

petite plante que j’ai arrachée d’une fente du marbre même du tombeau »...

Tarascon 9 mai

. Il a été voir son frère, gravement malade,

à Montpellier...

Paris 1

er

août

. « Ma vie est en somme bien tourmentée. Et je dois la vivre selon ma nature, qui est celle d’un écorché.

Et tant d’ennuis, soucis, difficultés de tous genres, sont disposés autour du Chagrin Central et de l’âme dévastée. – Mon fils ne m’a

donné que les résultats attendus de son étrange insouciance. Je n’ai plus rien vu ni connu, qui intéressât ma propre situation. Et après

tout, cela vaut mieux que d’espérer à faux. Je désespère sans dissonances »...

Bergerac dimanche [1

er

octobre]

. À La Graulet depuis quinze

jours, il traîne une congestion au poumon et pense à bien des choses « avec un recul-en-moi-même extraordinaire. [...] Le bonheur est

chose terrible à entrevoir – terrible à perdre. Sans lui, la vie est moins que rien. Avec lui, elle est toujours dans les angoisses »...

Lundi

[9 octobre]

. Il n’a ni projets, ni presque de pensées. « C’est une étrange phase de ma vie. Je suis gelé d’un côté. Mon recueil [

Charmes

] a

eu véritablement une “presse” merveilleuse. Et je demeure froid – étranger à ce bruit inattendu. Je suis absent. D’autre part, je me sens

voguer dans l’inconnu. Santé, situation, état-du-cœur – tout est énigmes. L’esprit aussi. Je travaille vaguement et comme à la surface

de ma pensée »...

1923

.

Vendredi [Paris 16 mars]

. Il vient de quitter C. : « Quelles fluctuations ! – Le pire, le mieux, sont inextricables dans cette tragédie

singulière. […] Quelle étrange créature, je crois même que sa bizarrerie, ces extrêmes, sa terrible mobilité m’ont possédé comme un de

ces problèmes dont l’esprit ne peut s’arracher »...

Montpellier mercredi [2 mai]

. « J’ai eu un mois de bonheur. Ce mot est bête. Il est pour

les femmes de chambre. Mais après tout elles ont peut-être raison de croire à la chose et de la nommer. J’ai eu grand-peine à quitter ce

mois ou ce moi »...

Samedi [Paris 2 juin]

. Il est dans un tourbillon : « Les choses académiques sont aussi des choses infernales. On m’a

jeté dans des difficultés inutiles, et dans des fatigues supplémentaires. Je suis à bout. Il a fallu cette semaine courir, trouver, interroger.

J’ai vu Boylesve, Régnier, Barthou, de Flers... Demain, je reviens à Hanotaux qui attend une réponse. [...] Barthou et Flers me font sentir

que je ne suis pas tout à fait mûr encore. Ils ont raison, les autres sont plus affirmatifs. J’ai envie d’envoyer tout au diable. [...] Mais on

dit que le fauteuil nourrit son homme »...

Lundi [18 juin]

. Il a vu

G

ide

. « Il ne s’engage pas beaucoup. Mais je compte bien qu’il ne sera

pas

contre

, et c’est énorme ! »...

Montpellier 11 [mai 1924]

. « Me voici en route pour Madrid. J’ai été magnifiquement reçu en Italie, Mussolini, D’Annunzio etc. et

même une princesse sœur de la reine, m’ont comblé de prévenances »...

Jeudi

. Sur

Belle Rose

de Mme de Brimont (1933)

: « ce qui demeure et s’impose aussitôt est l’étrange atmosphère créée. L’analyse y

trouve un complexe bien rare d’élégance, de sensualité fine et d’ésotérisme. Vous avez certainement un sens singulier de cet accord –

c.à.d. de telle et de telle époque qui l’a réalisé. Je ne vous savais si instruit des choses girondins »...

Jeudi

. « Cet hiver mal vécu me rappelle