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je vois tous les cailloux du fond. [...] Catherine

P

ozzi

est ici. Je la vois de temps en temps. Nous parlons de mille choses philosophiques

[...]. Vous savez que son divorce est prononcé

à son profit

, depuis 8 jours ? »...

Perros-Guirec lundi [été]

. Il s’ennuie de lui-même, de

l’avenir et de l’univers. « Catherine Pozzi est à La Graulet, et n’est pas très bien, je crois. J’aurais été la voir, si sa santé avait été meilleure

et si d’autre part, les déplacements n’étaient si coûteux maintenant »...

Dimanche [août]

. Il est heureux d’apprendre que la santé de son

amie s’améliore : « Les poèmes suivront ce beau mouvement, car après tout, ils ne sont faits que de notre surabondance. C’est le trop

qui fait chanter, et la Muse n’est que richesse ! »...

25 septembre

. Il a mal fini ses vacances, « très souffrant en Bretagne », mais il s’est

remis au travail. Les nouvelles de La Graulet sont attristantes. « J’aurais aimé de voir notre amie avant ce départ, qui semble nécessaire,

pour la Suisse »...

1922

.

Samedi [11 février]

. Il projette d’aller retrouver Mme de Brimont à Grasse : « Jacques

B

lanche

qui m’a requis de poser pour un

portrait, me dit qu’à Grasse je pourrais voir Madame de Croisset – que je ne connais pas, – mais qui reçoit volontiers les gens de plume.

Il paraît qu’elle a une magnifique villa »...

Mardi [14 février]

. Édouard

L

ebey

est mort : « C’est ma vie à refaire... Ceci tombe affreusement

mal. Je suis tellement fatigué, tellement accablé par cet hiver ! [...] Devant l’inconnu, je me trouve à vendre ou à louer. Avec cette

préoccupation de réserver du temps pour mon art et pour ma pensée. Mais vivre et faire vivre d’abord »...

Samedi [18 février]

. « Me voici

à vendre ou à louer, c-à-d. cherchant. [...] Je me suis beaucoup remué depuis 2 jours surtout. Je ne sais vraiment pas comment je tiens

debout. Mes insomnies continuent »... L’Havas est une possibilité, ainsi que la littérature, « et choses annexes »...

Mercredi-Cendres [1

er

mars]

. « Quant à moi-même, ce monsieur en liberté se cherche des chaînes […] avec horreur, avec zèle… pourtant ! […] Divers modes

de s’emprisonner sont devant lui. Quel est le bon ? » Il y aurait la direction du nouveau

Figaro

en remplacement de Laffitte, mais il y

a déjà trois académiciens. « Je prépare assez vaguement mon petit livre de vers. Cinq ans de donnés à la poésie. Et maintenant, je ne

me vois pas poursuivre cette digne et peu alimentaire industrie. Je me vois encore moins reprendre mes plus étranges travaux. Il m’y

faudrait divers secours de divers ordres, que je ne puis plus guère espérer »...

Mardi [7 mars]

. Long compte rendu de ses efforts, et

échecs, pour une affaire d’édition, et « l’affaire Société des Nations », où il fut admirablement aidé par le comte

C

lauzel

, mais

roulé

par

un haut fonctionnaire [Arthur

F

ontaine

]...

Nice jeudi [30 mars]

.

L

ongue

lettre

sur

la

crise

avec

C

atherine

P

ozzi

 : « le hasard vous a

fait en quelques heures connaître toute ma misère, ma plaie et mon injuste malheur. Vous m’avez vu, sur les ruines de ma vie, recevoir

la dernière insulte. Vous avez vu mes larmes, mon abandon, et toute la sottise de l’être désespéré. Vous avez eu pitié de moi. [...] Cette

journée terrible, je crois que sans vous, elle eût terriblement fini. Le grand blessé, l’homme outragé, brisé, trahi, l’âme envahie de

dégoût et de haine, et de cette terreur qui lui vient de regarder tout ce qu’elle a à détruire en soi, tout l’ouvrage diabolique à défaire fil par

fil, les souvenirs à arracher, les espérances à épuiser et à tuer... Vous l’avez vu »... Mais elle l’a écouté, et la tête coupée pense encore. « Je

souffre cependant affreusement de l’injustice insensée de cette femme. Le grand mal, et presque toutes les choses humaines, vient de la

stupidité. La mienne m’a livré. La sienne m’a frappé »... Il est accablé, et pourtant il lui faut toutes ses forces : « Quel métier que celui

où il faut pour vivre, être toujours armé de bonheur ! Il faut chanter, et l’âme est rompue ! »... Il confie à Renée « un papier à remettre

à ma femme, le cas échéant »...

Samedi [2 avril]

. Il a résolu d’aller à Vence pour s’entretenir avec Catherine. « C’est une résolution

désespérée. Je vous dirai l’issue de ce combat – car je prévois une violente confrontation. Mon cœur brisé doit combattre ; et mon âme,

savoir. [...] Je vous quitte avec une émotion infinie. Je ne vous la cacherai pas, à vous qui m’avez vu la tête perdue, – et à laquelle je voue

une dévotion des puissances les plus hautes de mon âme »...

Vence jeudi [6 avril]

. « J’ai éclairci toutes choses. Le mal qui me fut fait était

fiction, mais terrible réalité pour moi. Poison mortel. Tout ceci procédait d’une jalousie exaspérée et dont

j’ai vu le journal

. J’ai vu jour

par jour l’envers de mon supplice, et un autre supplice organiser le mien. Je suis plus calme, enfin ! Non pas heureux, ayant connu de

trop près les abîmes »...

Mercredi [Nice 12 avril]

. « Jamais je n’ai perdu la notion claire de ma terrible situation cachée... Hélas, l’

Être

n’est