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110

écrit dans son infâme journal (

Le Réveil

je crois) des abominations contre ce Prince Pierre à propos d’une histoire de dettes : le Prince

envoie à Rochefort un cartel. Celui-ci, lâche comme tous les coquins ignobles, refuse et lui envoye un ami pour se battre à sa place. Le

Prince Pierre se fâche, dit des sottises à l’ami, qui riposte ; ils se querellent, ils se prennent à la gorge, ils se battent ; le Prince reçoit deux

soufflets ; il saute sur ses pistolets, en décharge un à bout portant sur le coquin et le tue raide. Grande rumeur, terreur, cris ; les Bancel,

Raspail, Rochefort et C

ie

crient vengeance, demandent du sang. L’affaire est communiquée à l’Empereur qui permet l’arrestation de son

parent, (ignoble et coupable sans contredit). Tout ce qui est opposition et révolutionnaire va s’emparer de cette histoire bien fâcheuse

pour le pauvre Empereur qui venait de faire noblement abnégation de son pouvoir suprême pour calmer les esprits, pour faire taire les

ennemis de sa dynastie et de la France et pour nous sauver tous de la révolution socialiste qui nous menaçait. Et tous ces coquins vont

comme de coutume, tout faire retomber sur lui »…

Elle est anxieuse pour le compte de sa petite-fille et de son enfant [Camille avait épousé le 14 mai 1868 Léon

L

adureau

de

B

elot

,

sinistre aventurier, dont elle eut un fils Paul, né le 3 mars 1869, mais dont elle se sépara bien vite] : « Nous espérons que l’enquête sera

repoussée, mais si elle ne l’était pas, elle aurait du moins l’avantage de mettre au grand jour les turpitudes de ton abominable mari et

les indignités conjugales dont il s’est rendu coupable. La séparation n’en sera que plus nettement formulée, et ton enfant te sera plus

entièrement livré jusqu’à sa majorité. M

r

Chéramy m’a assuré que cela ne ferait pas l’ombre d’un doute. […] M

me

de

L

abédoyère

s’est

brouillée à ton sujet avec ta belle-mère […]. Cette femme s’exprime en termes abominables à ce qu’il paraît sur nous tous et sur

ton

abandon

de ton mari ; personne ne veut plus la voir »…

350.

Sophie, comtesse de SÉGUR

. L.A., Kermadio 7 août 1870, à sa « chère petite » [sa petite-fille Madeleine de

M

alaret

] ;

5 pages in-8 sur un bifeuillet à son chiffre couronné (écritures croisées sur la dernière page ; petit deuil).

1 000/1 200

L

ettre

sur

la

guerre

de

1870

à

une

des

petites

filles modèles

.

Elle est toujours sujette à des étourdissements : « il y a probablement dans ma tête depuis mon attaque, un désordre quelconque dont

la mort seule peut me délivrer » ; mais elle ne souhaite partir que quand elle sera inutile aux siens et à Madeleine à qui elle veut assurer

un revenu d’au moins 20.000 F.

« La dernière bataille de Wissenbourg me laisse des inquiétudes sur Emmanuel d’Esparbès qui doit être par là. On s’est probablement

encore battu pour reprendre Wissenbourg ; notre défaite a été un des plus beaux faits d’armes de nos braves soldats ; 10 m. hommes

à peine contre 150 m. pendant une journée entière, et se retirant emmenant 7 m. prisonniers. Les Prussiens ont raison d’appeler cette

victoire :

sanglante

et

déplorable 

; elle est honteuse pour eux ; on a probablement repris la bataille et Wissenbourg. Ces pauvres soldats

auxquels personne n’a porté secours parce que M

r

le Commandant

M

ac

-M

ahon

était allé se promener tranquillement et dîner à Metz.

On devrait mettre cet homme en jugement. Au reste nous ne savons rien de précis que ce que dit

Le Gaulois

d’après les journaux Anglais

et ce que Pierre et Henri de

S

égur

, arrivés hier soir, ont pu récolter en route et dans les journaux de toutes nuances. La défense de cet

O

llivier

, à tous les journaux de rien raconter que ce qu’ils auront su au Ministère, arrête naturellement toutes les nouvelles, même

les faits accomplis. Voilà un homme qui tourne terriblement au sot ; il n’en a pas pour longtemps à régner ; l’Empereur sera obligé de

le mettre de côté ou de dissoudre toutes les Chambres. Il jure à la Chambre à propos de Rome, qu’on ne sera rien sans l’avis de cette

même Chambre (absurde et ignoble il est vrai) et il enlève nos troupes de Rome sans aucune nécessité, car ce ne sont pas 5 hommes qui

changeront notre position vis-à-vis des

800

Prussiens de cet animal de Guillaume

B

ismarke

 »…

Elle donne ensuite des nouvelles de la famille, et du séjour à Kermadio…

Reproduction page 109

351.

Sophie, comtesse de SÉGUR

. L.A., Kermadio 24 septembre [1870], à sa « chère petite » [sa petite-fille Madeleine de

M

alaret

] ; 3 pages in-8 à son chiffre couronné.

500/600

L

ettre

à

une

des

petites

filles modèles

.

Elle lui a envoyé de l’argent. « J’espère que Papa est arrivé exactement jeudi comme l’écrivait Maman et qu’il ne se sera pas soumis sans

représentations énergiques au payement prématuré de l’impôt de 1871. Comment payer sans argent : et comment ce Comité improvisé et

illégal pourra-t-il obliger les gens à payer ce qui n’est décrété par aucune loi ? »… Elle donne des nouvelles des membres dispersés de la

famille ; celles de la guerre sont bonnes, « soit Paris, soit

B

azaine

, soit Strasbourg ; mais ce sont des récits de voyageurs et nous n’osons

y croire. Nous avons un Préfet qui est dit-on, brave homme ; le pays est excellent et recommencera la Chouanerie contre les Prussiens ;

les haies, les talus, les petits bois, les ravins, seront farcis de chouans ; malheur aux ennemis qui s’y aventureront »…

352.

Sophie, comtesse de SÉGUR

. L.A., Kermadio 20 juillet 1872, à sa « chère petite » [sa petite-fille Madeleine de

M

alaret

] ;

4 pages in-8 à son chiffre couronné.

600/800

B

elle

lettre

à

une

des

petites

filles modèles

.

On a joué la veille la comédie, « parfaitement ; c’était vraiment digne des bons acteurs du vaudeville ; la pièce est très gaie, très animée,

très farce ; Jean et Pierre les principaux personnages, toujours en scène, ont joué avec un train, une gaieté remarquables. Henri, très

bien ; il a fait rire aux éclats. Marie-Thérèse très bien, avec un à plomb, une aisance très extraordinaire pour son sexe et son âge. Henriette

très bien, quoique un peu gênée dans ses mouvemens. Je crois qu’Anatole ne compte pas donner beaucoup de liberté à Marie-Thérèse

pour jouer, à l’avenir de peur qu’elle ne se

délure

trop »… Elle parle des spectateurs – Mlle Savoye, Mlle Gontier, les Chantemelle,

M. Campère le maître d’école, etc. Puis elle évoque l’appartement toulousain de Madeleine et Camille, et donne des nouvelles des

autres enfants et petits-enfants : Guillaume est « sauvé pour le moment, mais il faut prendre garde au

8

ème

jour, au

40

ème

, et à

l’époque

anniversaire

l’année prochaine. Il faut le mettre dans une chambre fraîche, celle des saucisses si on peut ; pour la nuit c’est important,

pendant les chaleurs »…