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Littérature
359.
Paul VALÉRY
(1871-1945). 85 L.A.S., 1920-vers 1933 et s.d., à son amie Renée, baronne de
B
rimont
; 133 pages formats
divers, la plupart avec adresse ou enveloppe (une quinzaine au dos de cartes postales illustrées).
7 000/8 000
I
mportante
correspondance
à
son
amie
la
poétesse
R
enée
de
B
rimont
(1880-1943),
confidente
de
sa
liaison
avec
C
atherine
P
ozzi
.
Ayant fait la connaissance de Valéry en 1919, Mme de Brimont lui présenta Catherine Pozzi (C.) ; elle le consultait pour ses propres
écrits (dont une traduction de
La Fugitive
de R. Tagore), l’assista dans sa recherche d’un gagne-pain après la mort du « Patron » Édouard
Lebey (dont Valéry était le secrétaire), et le comblait d’attentions amicales. Valéry, qui lui écrit : « vous qui m’avez vu la tête perdue, – et
à laquelle je voue une dévotion des puissances les plus hautes de mon âme » (2 avril 1922), apprécia en elle sa fidélité pérenne. Nous ne
pouvons donner ici qu’un rapide aperçu de cette abondante correspondance.
1920
.
Paris mardi [15 juin]
. Il écrit à Mme
B
ourdet
-P
ozzi
pour lui dire son contentement de leur petite réunion. « Je suis non moins
heureux de savoir que mon poème ne vous a pas déplu. Je n’en aurai pas juré, car il a paru un peu prématurément, et il garde certaines
ténèbres qui ne sont pas toutes de celles que le sujet comporte »...
Lundi [octobre]
. Il évoque « le calme infini, les prévenances, la douceur
de se laisser vivre » à La Graulet, où C.P. fut « d’une bonté, et d’une intelligence » de son état qu’il ne sait comment reconnaître. « C’est
à vous que je dois une relation si précieuse, et je me permets de vous en remercier très profondément »...
31 décembre
. Même sans ses
vœux, il se trouve déjà « très favorisé, et presque comblé par les dieux » et l’amitié de Mme de Brimont. « Il me semble que vos poèmes
se portent à ravir, et que vous travaillez merveilleusement à cette petite table qui n’est pas loin de votre divan. C’est pour moi qu’il faut
implorer les Puissances, et ces Filles divines qui n’habitent pas souvent mon cerveau. Voici bientôt six mois et un peu plus, que je ne
sais plus ce que c’est que le vers »...
1921
.
Mardi [1
er
février]
. « L’engrenage est terriblement bien assemblé. J’ai eu la sotte idée de me lier presque autant par mes promesses
littéraires que je l’étais par mes occupations fondamentales. Et voici que ces architectures qui m’empoisonnent depuis 6 mois, me
pressent et me retardent à la fois, me harcèlent et me garrottent [...]. Je ne puis ni avancer mon travail, ni le différer, pour des raisons si
compliquées d’impuissance, de
langage
, de souscription etc. que je n’y comprends plus rien »...
7 mars
. Il se retrouve sans enthousiasme
devant une table nette : « Si j’écoutais mon instinct, je me mettrais voluptueusement à perdre du temps, c-à-d à gagner ou à regagner
quelque goût de mon esprit. [...] Mais la raison, peut-être mauvaise conseillère, m’engage à achever quelques pièces, et à précipiter loin
de moi, le petit volume de mes vers. Alors je prends, je délaisse, je reprends mes lambeaux de poèmes inachevés et je les triture dans
l’ennui, car j’ai dû interrompre trop longtemps leur formation »...
Pâques [27 mars]
. « Ce volume me pèse. Mais la veine est bien mince, et