26
L
E
TRAITEMENT
FUT
DE
LA
PLUS
GRANDE
MAGNIFICIENCE
, par les soins que se donna monsieur Ménard, contrôleur
général de la Maison du roy, guidé par monsieur Ménard son père, un des hommes de Versailles en qui j’ay trouvé le
plus de ce qui y est si rare, je veux dire des qualités du cœur. Les carosses du roy et de la reyne s’étant trouvés à cinq
heures à la porte de la Salle des ambassadeurs, nous y montâmes peu après pour nous rendre à Paris. Le prince de Pons
prit congé de l’ambassadeur en sortant de table parce que le prince ne reconduit jamais l’ambassadeur. L’introducteur
est seul chargé de le ramener en son hostel...
» (juin 1751, pp. 267-271).
«Tout le monde se leva,
le roy entra presqu’en même tems que moy... »
« J
E ME
RENDIS
CHEZ
LA
REYNE
qui me dit de l’avertir dès que le roy seroit au Conseil ; j’allay attendre ce moment dans
le cabinet de Sa Majesté qui me donna ordre de la venir avertir lorsque l’ambassadrice
[l’épouse de l’ambassadeur
des Provinces-Unies]
seroit chés la reyne... Le conseil étant commencé je passay chés la reyne qui me dis d’aller
prendre l’ambassadrice. Je vins la chercher à la salle des ambassadeurs pour conduire Son Excellence à l’apartement
de la reyne, nous nous y rendîmes dans l’ordre suivant : les gens de monsieur de La Tournelle, ma livrée, et celle
de l’ambassadrice sur deux les, ses of ciers, ses pages. L’ambassadrice ensuite à qui je donnois le bras, madame de
Verneuil à qui monsieur de La Tournelle eut la politesse de donner le bras, les Hollandois du cortège de l’ambassadrice
que j’ai nommés plus haut. Deux pages qui portoient la queue de l’ambassadrice la quittèrent dans l’antichambre
de la reyne, les gardes ne prirent point les armes et les huissiers n’ouvrirent qu’un battant des portes à son passage.
L’ambassadrice s’arresta dans la pièce qui précède le cabinet de la reyne, j’y entrai et, Sa Majesté m’ayant dit d’amener
l’ambassadrice, la duchesse de Luynes, dame d’honneur de la reyne, me suivit et vint au-devant de l’ambassadrice
dans l’antichambre en dehors de la porte du cabinet, et la baisa. Monsieur de La Tournelle entra dans le cabinet,
moy ensuite, la duchesse de Luynes, l’ambassadrice et madame de Verneuil qui se mit à la gauche de Son Excellence,
la duchesse de Luynes à la droite.
L’
AMBASSADRICE
S
’
APROCHA
DE
LA
REYNE
EN
FAISANT
TROIS
PROFONDES
RÉVÉRENCES
. L
A
DUCHESSE
DE
L
UYNES
ET
MADAME
DE
V
ERNEUIL
EN
FIRENT
AUTANT
QUE
L
’
AMBASSADRICE
QUI
,
À
LA
DERNIÈRE
,
TIRA
SON
GAND
POUR
PRENDRE
LE BAS DE
LA ROBBE DE
LA REYNE QU
’
ELLE BAISA
.
Elle t son compliment à Sa Majesté qui dit de faire aporter un tabouret
à l’ambassadrice. Alors, madame de Verneuil passa derrière les tabourets des dames titrées qui formoient le cercle et
s’alla mettre avec les dames de la Cour qui assistoient à l’audience. L’ambassadrice s’assit vis-à-vis de la reine et la
duchesse de Luynes sur un tabouret égal au sien à sa gauche. Sa Majesté m’ayant dit d’aller avertir le roy, je passay
par la gallerie et je me rendis à l’œil-de-bœuf où se trouvay le duc de Gesvres, premier gentilhomme de la chambre, qui
entra le premier dans le cabinet où je le suivois immédiatement. J’avertis le roy que l’ambassadrice étoit chés la reyne ;
le roy y passa aussitost, je devançai Sa Majesté que j’annonçai dans le cabinet de la reyne ;
TOUT LE MONDE
SE LEVA
,
LE ROY ENTRA PRESQU
’
EN MÊME TEMS QUE MOY ET
S
’
AVANÇA DANS LE CERCLE
,
L
’
AMBASSADRICE
FIT
DEUX OU
TROIS PAS AU
-
DEVANT DE
S
A
M
AJESTÉ QUI
LA
SALUA
; le roy et la reyne demeurèrent debout au milieu du cercle,
et après deux ou trois minuttes de conversation, le roy se retira, la reyne se remit dans son fauteuil, l’ambassadrice et
les duchesses se rassirent, peu après la reyne se leva, madame de Verneuil alors rentra dans le cercle. L’ambassadrice
ayant la duchesse de Luynes à sa droite, madame de Verneuil à sa gauche, t les trois mesmes révérences qu’en entrant
et se retira. Elle passa la porte la porte la première, la duchesse de Luynes ensuite qui la reconduisit jusqu’où elle avoit
été la recevoir, madame de Verneuil passa après et accompagna l’ambassadrice à la Salle
[des ambassadeurs]
où je
la conduisis luy donnant le bras. Les pages de l’ambassadrice reprirent son bas de robbe dans l’antichambre et nous
retournâmes à la salle, dans le mesme ordre qu’en venant chés la reyne...
» (juin 1751, pp. 277-284).
«
Monseigneur le dauphin, dans la violence des transports de joye,
embrassoit le roy de façon à luy faire perdre la respiration... »
N
AISSANCE
DU
DUC
DE
B
OURGOGNE
, le 13 septembre 1751 : «
La nuit du dimanche au lundy, madame la dauphine
sentit une douleur à une heure du matin qui fut suivie d’une autre 7 minutes après à laquelle la France dut la naissance
de monseigneur le duc de Bourgogne
[frère des futurs Louis XVI, Louis XVIII et Charles X, qui mourrait en 1761
après une mauvaise chute]
; à peine l’accoucheur eut-il le tems d’arriver pour le recevoir, cela fut si prompt qu’aucun
de ceux qui doivent assister à l’accouchement de la dauphine ne purent s’y trouver. à leur deffaut, monseigneur le
dauphin t entrer dans la chambre de cette princesse les gardes du roy qui estoient couchés dans la Salle des gardes,
et quelques porteurs de chaises qu’on trouva sur le degré. La nouvelle du travail et de l’accouchement fut répandue
dans l’instant, en sorte que la reyne arriva bientost, et l’appartement de la dauphine se trouva remply successivement
de toutes les personnes qui devoient y assister.