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Le roy qui étoit à Trianon en eut la première nouvelle par un Suisse des douse qui y estoit accouru. Sa Majesté monta
dans le carosse de monseigneur le prince de Conty qui se trouva tout près, et arriva à Versailles.
L
A
SURPRISE
DE
S
A
M
AJESTÉ
EN
RECEVANT
CETTE
NOUVELLE
EXCITA
EN
LUY
DES
MOUVEMENS
DONT
LA
VIVACITÉ
ET
LE
MESLANGE
LUY
CAUSÈRENT UNE
COMMOTION DONT
IL
FUT
PREST DE
SE
TROUVER MAL
.
I
L
COURUT
UN
DANGER
PLUS
GRAND
DANS
LES
BRAS
DE
MONSEIGNEUR
LE
DAUPHIN
QUI
,
DANS
LA
VIOLENCE
DES
TRANSPORTS DE
JOYE
,
EMBRASSOIT
LE ROY DE
FAÇON À
LUY
FAIRE
PERDRE
LA RESPIRATION
.
Je fus informé à Paris de cet événement par le gentilhomme que monsieur le duc de Gesvres avoit envoyé à la ville et
qui repassa chés moy ensuite. Je montai en voiture aussitôt et me rendis à Versailles. J’allay descendre chés monsieur de
Puysieulx
[Louis-Philogène Brûlart, marquis de Puysieulx, secrétaire d’État des Affaires étrangères]
, il étoit
couché. Monsieur de Saint-Contest, que je trouvay dans son cabinet, s’estoit chargé de l’expédition des couriers qui furent
dépeschés dans les différentes Cours de l’Europe. Je montay à l’apartement du roy qui revenoit du Te Deum qu’on avoit
chanté dans la chapelle. Je demanday au roy s’il avoit donné ses ordres par rapport aux ambassadeurs et, rappelant à Sa
Majesté celuy qu’elle avoit donné à mon père en 1746 lors de la première couche de feue madame la dauphine d’aller en
cas de naissance d’un prince en faire part à tous les ambassadeurs, je receus de Sa Majesté celuy de mander à monsieur
de Sainctot les ordres de Sa Majesté en conséquence. Je luy écrivis sur le champ pour qu’il allât de la part du roy chez les
ambassadeurs et qu’il mandât à monsieur de La Tournelle d’aller chez les envoyés et d’en informer les autres ministres par
billets suivant l’usage. Je marquois à monsieur de Sainctot l’heure du lever du roy a n que ces messieurs pussent estre à
Versailles assés tost pour s’y trouver. La plus grande partie y vint. Monsieur de Sainctot n’étant point encore arrivé, je les
conduisit au lever du roy. Le nonce t un compliment au nom des ministres étrangers...
» (volume V, pp. 316-321).
«
L
E MESME
JOUR QUE
LE ROY AVOIT
FIXÉ POUR
LA PREMIÈRE DES
FÊTES QUI
SE DONNOIENT À
L
’
OCCASION DE
LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE
DUC
DE
B
OURGOGNE
,
IL
Y
EUT
ILLUMINATIONS
EN
FACE
DE
LA
GRANDE
GALLERIE
ET
APPARTEMENT
.
Monsieur de La Tournelle y conduisit tous les étrangers qui avoient été présentés au roy. Il leur avoit donné rendés-vous
à la Salle des ambassadeurs a n qu’arrivant tous ensemble à l’apartement il pût leur en faciliter l’entrée et répondre
aux huissiers de ceux qui l’accompagnoient. Les ambassadeurs s’y rendirent peu après et se dispersèrent en sorte que
le roy, étant entré dans la gallerie et m’ayant demandé où estoient les ambassadeurs, je ne pus rassembler que celuy
de l’empereur et celuy de Malthe auxquels Sa Majesté t l’honneur de parler pendant quelques moments ainsy que la
reyne, madame la dauphine et Mesdames sur le passage desquelles j’avois fait rester ces deux ambassadeurs.
L
E
ROY
SE MIT
À
LA
TABLE
DU
LANSQUENET
AU MILLIEU
DE
LA
GALLERIE
,
LA
REYNE
À
CELLE
DU
CAVAGNOLLE
,
QUELQUES
MINISTRES
ÉTRANGERS
FIRENT
UNE
PARTIE
AVEC
LE MARQUIS
DE
P
UYSIEULX
, j’en avois commencé une avec la duchesse
d’Éguillon et la marquise Brignolé. Voyant passer l’ambassadeur de Venise qui n’étoit point occupé, je luy proposay
de le prendre avec moy, ce qu’il accepta volontiers. Cecy n’est point m’apesantir sur des détails de bagatelle, mais c’est
pour faire voir que dans ces sortes d’assemblées les ministres étrangers et les étrangers mesme doivent y prendre part
comme les François...
» (septembre 1751, pp. 344-346).
«Madame Adélayde évanouie dans les bras du roy et du dauphin... »
«
M
ADAME MOURUT
LE
10
À UNE HEURE
ET DEMIE APRÈS MIDY
...
La chambre du roy étoit remplie par les princes du sang,
les grands of ciers, les dames d’honneur et d’atours de la reyne, de madame la dauphine et de mesdames. Mes entrées
m’y rent admettre et me mirent à portée lorsqu’on entra dans le cabinet d’estre témoin du spectacle interressant
qu’offroit Madame Adélayde évanouie dans les bras du roy et du dauphin dont les secours joints à ceux de Mesdames
ses sœurs la rapellèrent à la vie. Le roy plongé dans la plus mortelle af iction au milieu d’une famille désolée dont la
douleur ajoutoit encore à la sienne, ne pouvoit en suspendre le cours pour donner les tristes ordres nécessaires après ce
funeste événement. Madame la dauphine se chargea de tout et sortit du cabinet pour donner au duc de Fleury, à M. de
Saint-Florentin, à M. le Premier, et au comte de Noailles, les ordres les plus pressés...
» (février 1752, pp. 50 et 52-53).
T
ITRES CALLIGRAPHIÉS
,
CERTAINS
TRÈS ORNEMENTÉS
.
J
OINT
:
– Un dossier de 3 pièces épinglées concernant l’affaire de l’ambassadeur des Pays-Bas agressé, dont
UNE
LETTRE
SIGNÉE DU
SECRÉTAIRE D
’É
TAT AUX
A
FFAIRES
ÉTRANGÈRES
LE MARQUIS DE
P
UISIEUX AU MARQUIS DE
V
ERNEUIL
et un brouillon de la réponse de Verneuil.
– Un itinéraire de carrosse emprunté par le marquis de Verneuil et un ambassadeur en 1755.
E
XEMPLAIRE
RELIÉ AUX ARMES DE
L
’
AUTEUR
(OHR, pl. n° 2200, fer de moyen format ; meubles d’armes dorés sur
les dos, fers non répertoriés par OHR).
Voir aussi la reproduction en page 10