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29

«

J’

AY

TROUVÉ QUE CETTE CONTRARIETÉ QU

ON MET

EN

LEURS HUMEURS

ET

EN

LEUR CONDUITE PUBLIQUE

ET PARTICULIERE

EST PLUSTOST UNE DIVERSITÉ DE GENIE

&

DE

TEMPERAMENT QU

UNE VRAYE CONTRARIETÉ

.

Chaque nation a son caractère

particulier et son sceau speci que tant au corps qu’en l’esprit, quy est pour le dire ainsy son principe d’individuation

et quy la distingue l’une de l’autre. Si outre cette diversité commune et generalle quy vient du pays où l’on naist,

il y en a quelqu’une de plus expresse et de plus formelle d’un peuple à autre, elle vient de quelques accidents, d’une

certaine conjoncture ou de quelques autres circonstances quy font le mesme effect pour la haine ou le mespris sur des

particuliers que sur des communautez entieres... Cela posé, je dis que hors de cette competence de puissances et cet

estat de rivalles auquel les deux nations se trouvent depuis si longtemps par leurs disputes et qui ne sont pas encore

nies, on ne remarqueroit pas plus d’opposition entre elles que chacune d’elles en a avec les autres...

»

C

ALLIGRAPHIE D

UNE GRANDE

ÉLÉGANCE

.

L

E

PHILOSOPHE

H

ELVÉTIUS

,

LE

VOLUPTUEUX

L

A

P

OUPELINIÈRE

,

LE MARI DE

LA

P

OMPADOUR

,

L

AÏEUL DE

G

EORGE

S

AND

...

6. FERMIERS GÉNÉRAUX.

– «

MÉMOIRES POUR SERVIR À L’HISTOIRE DU PUBLICANISME

MODERNE ; contenant l’origine, les noms, les qualités, les portraits et l’histoire abrégée de messieurs les

fermiers généraux du roy qui se sont succédés depuis 1720 jusqu’en 1750

». Manuscrit, seconde moitié

du XVIII

e

siècle. In-4, (2 dont la seconde blanche)-211-(1 blanche) pp., parchemin vert, dos à nerfs

avec pièce de titre grenat, tranches rouges, reliure un peu usagée avec plats un peu voilés, accrocs

à la pièce de titre, un mors fendu, deux vignettes manuscrites collées au dos (

reliure de l’époque

).

1 500 / 2 000

B

IOGRAPHIES DES

FASTUEUX

ET HAÏS

FERMIERS GÉNÉRAUX

.

Les impôts indirects étaient affermés, au contraire des

impôts directs relevant des receveurs généraux : un adjudicataire général recevait les baux des gabelles,

traites, aides, domaines, octrois, droits sur le tabac, tandis qu’une compagnie de nanciers, improprement

appelés « fermiers généraux», versaient un cautionnement considérable – garantie de la perpétuité de leurs

fonctions, l’état étant toujours dans l’impossibilité de le rembourser. Au nombre de quarante à soixante, ils

souffrirent d’une impopularité qui, si elle fut d’abord justi ée, fut nettement moins méritée dans la seconde

moitié du XVIII

e

siècle.

C

ETTE GALERIE DE

PORTRAITS

CONCERNE DES

PERSONNAGES

ÉMINENTS

COMME

H

ELVETIUS

Il est encore actuellement

garçon et un des principaux membres de la maçonnerie : en cette qualité on assure qu’il exerce noblement la charité

envers les frères de cet ordre si fort recommandée dans les statuts

»),

D

UPIN

DE

F

RANCUEIL

(grand-père de George

Sand, avec longue anecdote sur le mariage qui a fait sa fortune),

L

E

N

ORMANT

D

’É

TIOLES

, époux de la

marquise de Pompadour, ou encore

L

E

R

ICHE

DE

L

A

P

OUPELINIÈRE

(mécène raf né et auteur des érotiques

Tableaux des mœurs du temps

et l’un des commanditaires de l’édition des contes de La Fontaine dite «des

fermiers généraux»), qui béné cie de la plus longue notice (pp. 142-159) :

«

Le Riche de La Poupelinière. Il est natif de Paris et ls d’un receveur général des nances dont la femme étoit une

joueuse impitoyable qui auroit ruiné son mari s’il n’y avoit mis bon ordre...

I

L

A DE

L

ESPRIT

ET

BEAUCOUP DE MONDE

,

TIENT

BONNE

TABLE

,

AIME

LA MUSIQUE

ET GÉNÉRALEMENT

TOUS

LES

PLAISIRS

.

Ce qui n’en fait pas un des plus grands travailleurs quoiqu’il entende bien la matière des fermes. Si sa beauté ni sa

bonne mine ne le font pas soupçonner d’être homme à bonne fortune, il est certainement homme à avantures...

U

NE

NUIT

ÉTANT

COUCHÉ

AVEC

LA

DEMOISELLE

A

NTIER

,

ACTRICE

DE

L

’O

PÉRA

,

QUI

ALORS

ÉTOIT MAÎTRESSE

DU

PRINCE

DE

C

ARIGNAN

, ce prince vint chez elle environ sur le minuit, et comme il avoit une clef de son appartement, il trouva

la place occupée par le s

r

Le Riche. Il y eut un grand bruit entre ces rivaux si peu faicts pour se rencontrer. Le sieur

Le Riche t si bonne contenance que le prince fut contraint de le laisser habiller et sortir paisiblement, sans lui faire

d’autre mal que des menaces : il voulut les effectuer dès le lendemain, et fut à Versailles pour demander au cardinal de

Fleury de faire chasser le sieur de La Poupelinière des fermes pour avoir eu l’insolence de se trouver en concurrence

avec lui. Le ministre répondit à ce prince que le roi ne chasseroit point un bon sujet de ses fermes, pour une pareille

bagatelle, mais pour lui donner quelque espèce de satisfaction, et lui laisser la possession libre et tranquille de sa

maîtresse, s’il étoit possible qu’elle voulût bien se contenter de lui seul, on donna une espèce d’exil au s

r

Le Riche, qui

eut ordre de se rendre à Marseille où il resta 3 ans... : il y t une très grosse gure, s’y divertit beaucoup, et donna

quantité de belles fêtes aux dames qui furent très contentes de lui, et le regrettèrent beaucoup à son départ. Le pendant

de cette avanture n’est pas tout à fait de la même espèce...