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«Artagnan... l’a ratrapé dans la place de la grande église

et l’a arresté de ma part »

«

... À la reyne Madame ma mère... Je vous ay déjà écrit ce matin l’exécution des ordres que j’avois donnez pour faire

arrester le surintendant

[des Finances,

N

ICOLAS

F

OUQUET

].

Mais je suis bien aise de vous mander le détail de cette

affaire. Vous sçavez qu’il y a longtemps que je l’avois sur le cœur : mais il a esté impossible de la faire plutost parce

que je voulois qu’il st payer auparavant 30000 écus pour la Marine, et que d’ailleurs il faloit adjuster diverses choses

qui ne se pouvoyent faire en un jour, et vous ne sçauriez vous imaginer la peine que j’ay eue seulement de trouver

moyen de parler en particulier à

A

RTAGNAN

, car je suis accablé tout le jour par une in nité de gens fort alerte et qui à

la moindre apparence auroyent pu pénétrer bien avant. Néantmoins il y avoit deux jours que je luy avois commandé de

se tenir prest... En n le surintendant estant venu travailler avec moy à l’accoustumée, je l’ay entretenu tantost d’une

matière, tantôt d’une autre, et fait semblant de chercher des papiers, jusqu’à ce que j’ay aperceu par la fenestre de mon

cabinet Artagnan dans la cour du chasteau, et alors j’ay laissé aller le surintendant qui, après avoir causé un peu au

bas du degré avec La Feuillade, a disparu dans le temps qu’Artagnan saluoit le sr Le Tellier ; de sorte que le pauvre

Artagnan croyoit l’avoir manqué et m’a envoyé dire... qu’il soupçonnoit que quelqu’un luy avoit dit de se sauver :

MAIS

IL L

A

RATRAPÉ

DANS

LA

PLACE

DE

LA

GRANDE

ÉGLISE

ET

L

A

ARRESTÉ

DE MA

PART

ENVIRON

SUR

LE MIDY

,

IL

LUY

A

DEMANDÉ

LES

PAPIERS QU

IL

AVOIT

SUR

LUY

DANS

LESQUELS ON M

A

DIT QUE

JE

TROUVEROIS

L

ESTAT

AU

VRAY

DE

B

ELLE

-

I

SLE

...

J’avois témoigné que je voulois aller ce matin à la chasse et sous ce prétexte fait préparer mes carosses et monter

à cheval mes mousquetaires ; j’avois aussy commandé les compagnies des gardes qui sont icy pour faire l’exercice dans

la prairie af n de les avoir toutes prestes à marcher à Belle-Isle...

J’

AY DISCOURU

ENSUITE

SUR

CET

ACCIDENT

AVEC

CES

MESSIEURS

QUI

SONT

ICY

AVEC MOY

, je leur ay dit franchement qu’il y avoit quatre mois que j’avois formé mon projet,

qu’il n’y avoit que vous seulement qui en eussiez connoissance, et que je ne l’avois communiqué au sr Le Tellier que

depuis deux jours pour faire expédier les ordres.

J

E

LEUR

AY

DÉCLARÉ

AUSSY

QUE

JE

NE

VOULOIS

PLUS

DE

SURINTENDANT

,

MAIS

TRAVAILLER

MOY

-

MESME

AUX

FINANCES

avec des personnes delles qui agiront sous moy, connoissant que c’estoit le vray moyen de mettre dans l’abondance

et de soulager mon peuple, vous n’aurez pas de peine à croire qu’il y en a eu de bien penauts, mais

JE SUIS

BIEN

AISE

QU

ILS

VOYENT QUE

JE

NE

SUIS

PAS

SI

DUPE QU

IL

S

ESTOYENT

IMAGINEZ

et que le meilleur party est de s’attacher à moy.

J’oubliois à vous dire que j’ay dépêché de mes mousquetaires partout sur les chemins jusqu’à Saumur af n d’arrester

tous les courriers qu’ils rencontreront allans à Paris... Ils me servent avec tant de zèle et de ponctualité que j’ay tous les

jours plus de sujet de m’en louer...

» (Nantes, 5 septembre 1661, jour de l’arrestation de Fouquet à Nantes).

P

LUSIEURS

PIÈCES

LIMINAIRES

ONT

ÉTÉ

COPIÉES

DANS

LE

PREMIER

VOLUME

:

«

Liste de messieurs les conseillers du roy

ordinaires en ses Conseils, secrétaires de la chambre et du cabinet de Sa Majesté

», règlements royaux concernant

les fonctions de secrétaire du cabinet, un «F

ormulaire pour le cabinet du roy fait en l’année 1663

» (typologie des

suscriptions, adresses et souscriptions à employer dans la correspondance royale), et l’extrait d’un ouvrage

de Denis Godefroy.

P

ROVENANCE

:

MARQUIS

DE

V

ERNEUIL

(armoiries dorées sur les plats et meubles d’armes aux dos, OHR,

pl. n° 2200, fer de grand format ; meubles d’armes dorés au dos, non répertoriés par OHR).