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«Lettre du roy Charles neufième à ceux de Genève...
Nous avons trouvé à notre advennement à la Couronne que le feu roy nostre très cher seigneur & père avoit par
grande & meure délibération convoqué les Estats généraux de son royaume sous espérance principalement de pouvoir
communiquer avec ses bons & loyaux sujets des troubles & émotions qui luy avoient esté suscités en diverses provinces
de son Estat, a n d’aviser aux moyens d’un prompt remède, & parce qu’il a esté advisé après son trespas que nous
ne devons laisser de poursuivre et mettre à effet une si saincte, louable et recommandable entreprise, nous avons
assemblé en ceste ville tous les Estats généraux avec lesquels nous nous sommes jà résolus choses grandement requises
& nécessaires à la conservation & seureté de nostre Estat, & s’estant reconnu que l’un des plus importans remèdes qui
restent encores à donner est celuy qui concerne l’obéissance que nos sujets nous doivent, en laquelle il est malaisé de
les contenir si nous ne faisons cesser entre eux toutes les causes de troubles, séditions & divisions desquelles il ne peut
advenir à quelque royaume & République que ce soit qu’une lamentable & calamiteuse ruyne & perdition, & si nous ne
donnons ordre que nosdits sujets vivent en union & concorde & en la mutuelle amitié & bienveillance qu’ils se doivent
les uns aux autres naturellement.
N
OUS
AVONS
FORT
SOIGNEUSEMENT
&
CURIEUSEMENT
FAIT
RECHERCHER
LA
SOURCE
&
ORIGINE
DE
TELLES
DIVISIONS
a n que la cause du mal cognue nous y puissions faire appliquer les remèdes propres & convenables à sa guérison
& après s’estre vérif é que
SA
PRINCIPALLE
NAISSANCE
VIENT
DE
LA MALICE
D
’
AUCUNS
PRÉDICANS
&
DOGMATIQUES
LA
PLUPART
ENVOYEZ
DE
VOUS
ou des principaux ministres de vostre ville, lesquels abusans du nom, tiltre & pureté de la
religion dont ils se disent faire profession ne se sont
PAS
CONTENTEZ D
’
ALLER DE MAISONS
EN MAISONS
SEMER DIVERSITÉ
D
’
OPINIONS
&
DOCTRINE
EN
LADITE
RELIGION
, &
D
’
IMPRIMER
TACITEMENT
&
OCCULTEMENT
ÈS
ESPRITS
DE
LA
PLUPART
DE
NOS
SUJETS
UNE
PERNITIEUSE
&
DAMNABLE
DÉSOBÉISSANCE
MAIS
PAR
INFINIS
LIBELLES
DIFFAMATOIRES
QU
’
ILS
ONT
COMPOSEZ
SEMEZ
PARTOUT
&
PRESCHES
QU
’
ILS
ONT
FAITZ
PAR
CONVOCATION
&
ASSEMBLÉE
DE
GRAND
NOMBRE
DE
PEUPLE
ONT
BIEN
OSÉ
PUBLIQUEMENT
ANIMER
&
EXCITER
NOSTRE
PEUPLE
À
UNE
COUVERTE
SÉDITION
COMME
IL
S
’
EST
VEU
EN
PLUSIEURS
ENDROITS
&
PROVINCES
,
AU
GRAND
REMEUEMENT
,
PÉRIL
&
DANGER
DE
NOSTRE
E
STAT
, nous avons...
conclud & résolu de vous escrire la présente pour vous prier que vous évocquiez & rappelliez en premier lieu tous les
prédicans & dogmatisans qui ont esté par vous ou vosdits ministres envoyez en cedit royaume, & pour le second vous
donniez si bon ordre pour garder & empescher qu’il n’en vienne plus que nous n’ayons occasion de nous en doulloir à
l’advenir... Escripte à Orléans le vingt trois janvier 1560
» (pp. 151-156).
«Lettre de monsieur d’Espernon au roy Henry III.
Sire, j’eus un grand combat en mon âme & beaucoup de peine à me résoudre, ayant eu commandement de Votre
Majesté de ne la venir point trouver ; les choses de conséquence comme m’estoient celles-là sont très tardives à croire,
& de dif cile résolution, je voulois obéir à votre lettre & le devois faire pour m’esclaircir d’un si subit changement.
J
E DÉSIROIS OSTER DE MON CŒUR
LE DOUTE QUE
J
’
EUSSE
EU D
’
AVOIR DESPLEU À
V
OTRE
M
AJESTÉ
en quelques-unes de mes
actions. Je voulois respondre de ma vie & vous dire adieu par la vive voix. je supplie très humblement Votre Majesté me
vouloir pardonner cette désobéissance en contemplation que je ne l’ay commise que de la crainte de vous avoir désobéy
poussé de beaucoup d’affection que je doibs à votre service plus que tous les hommes du monde.
J
E
VOY
BIEN
, S
IRE
,
QUE
JE
SUIS
LA
BUTTE OÙ
L
’
ENVIE
ET
CALOMNIE DE
F
RANCE
VONT
TIRER DES
PLUS
POIGNANS
TRAITS DE
LA
RIGUEUR
.
Il faut que je me prépare à faire teste à non moins d’envieux de ma bonne fortune que j’ay eu cy-devant
d’admirateurs.
J’
ESPÈRE QUE
D
IEU ME
FERA
LA GRÂCE NON
SEULEMENT DE
LES
REPOUSSER MAIS
RABATRE
AU
SEUL
RAYON
DE
VOSTRE
FAVEUR
,
laquelle me suf ra sans qu’il soit besoin d’autres armes. J’en feray comme de l’escueil d’un rocher
que les accidens ne me raviront jamais, car je ne mets point au rang des choses transitoires l’amitié dont avec tant
d’affection Vostre Majesté m’a dès si longtemps honoré, continué sans intervalle avec tant de volonté, soustient tant
d’assaults que je ne croy point qu’un moment la face périr : le hasard ne l’a pas édi ée, la fortune ne la renversera
point & les œuvres de vostre bonté ne cèderont jamais à la malice des envieux de mon bien, ne voulant aultre preuve
de l’éternité de votre bonne grâce envers moy que la responce que vous stes à quelques-uns de vos plus proches qui
vous disoit que me feriez trop grand (je ne le veux faire si grand respondit Votre Majesté qu’il ne soit plus en ma