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32

L

ETTRES DU

C

ABINET DU

ROI

9. LOUIS XIV.

Manuscrit, XVIII

e

siècle. 3 volumes in-folio, près de 2200 pp., veau brun granité,

dos à nerfs cloisonnés avec meubles d’armes et couronnes dans les caissons, armoiries dorées au

centre des plats, coupes ornées, tranches mouchetées, reliures frottées, quelques trous de vers aux

dos, coiffes et coupes un peu usagées, premier feuillet du volume III manquant (

reliure de l’époque

).

5 000 / 6 000

L

A

CORRESPONDANCE

PRIVÉE DE

L

OUIS

XIV

SUR

LA

PÉRIODE D

AOÛT

1657

À

FÉVRIER

1679

, adressée aux souverains

et princes étrangers, aux intimes, princes et grands de France, avec des ajouts marginaux d’autres mains,

parfois rognées à la reliure, donnant l’identité complète des destinataires et explicitant les événements

concernés.

S

ONT

ÉVOQUÉS DES

ÉVÉNEMENTS MAJEURS COMME

LA MORT DE

M

AZARIN OU

L

ARRESTATION DE

F

OUQUET

.

L

ES

SECRÉTAIRES

DU

CABINET

.

«Pour sa correspondance privée (qu’elle fût destinée à des intimes ou à des

souverains étrangers), le roi était assisté par des secrétaires du cabinet, au nombre de quatre au temps

de Louis XIV. L’un d’eux, le

secrétaire de la main

, “avait la plume” (Saint-Simon), c’est-à-dire qu’il était

habilité à imiter l’autographie royale. Sa tâche consistait à écrire ainsi des lettres entièrement contrefaites.

Le plus célèbre fut, sous Louis XIV, Toussaint Rose. Ces lettres, en dépit de leur caractère personnel, étaient

présentées et rédigées suivant des règles rigoureuses » (Bernard Barbiche,

Les Institutions de la monarchie

française à l’époque moderne

, Paris, Puf, 1999, p. 134).

«A

VOIR

LA

PLUME

,

C

EST

ÊTRE

FAUSSAIRE

PUBLIC

»

(Saint-Simon). Sur la période concernée par le présent

manuscrit, le secrétaire de la main fut Toussaint Rose. Un fameux passage des

Mémoires

du duc de

Saint-Simon évoque la correspondance privée du roi, le rôle du secrétaire de la main, et le personnage

de Rose (pour sa mort en 1701) : «Avoir la plume, c’est être faussaire public et faire par charge ce qui

coûteroit la vie à tout autre. Cet exercice consiste à imiter si exactement l’écriture du roi qu’elle ne se puisse

distinguer de celle que la plume contrefoit, et d’écrire en cette sorte toutes les lettres que le roi doit ou veut

écrire de sa main et toutefois n’en veut pas prendre la peine. Il y en a quantité aux souverains et à d’autres

étrangers de haut parage ; il y en a aux sujets, comme généraux d’armée ou autres gens principaux par

secret d’affaires ou par marque de bonté ou de distinction. Il n’est pas possible de faire parler un grand

roi avec plus de dignité que faisoit Rose, ni plus convenablement à chacun, ni sur chaque matière, que les

lettres qu’il écrivoit ainsi, et que le roi signoit toutes de sa main, et pour le caractère il étoit si semblable à

celui du roi qu’il ne s’y trouvoit pas la moindre différence. Une in nité de choses importantes avoit passé

par les mains de Rose, et il y en passoit encore quelquefois. Il étoit extrêmement dèle et secret, et le roi

s’y ait entièrement. Ainsi celui des quatre secrétaires du cabinet qui a la plume en a toutes les fonctions,

et les trois autres n’en ont aucune, sinon leurs entrées. »

«Dieu m’a visité par l’une des plus grandes afflictions que je pusse ressentir,

ayant apellé à soy mon cousin le cardinal Mazarini... »

«

Au roy d’Espagne... Monsieur mon frère, oncle et beau-père, le mesme jour que Dieu m’a visité par l’une des plus

grandes af ictions que je pusse ressentir, ayant apellé à soy mon cousin le cardinal Mazarini,

JE

PRENS

LA

PLUME

POUR

DONNER

PART À

V

OSTRE

M

AJESTÉ DE

LA

PERTE QUE

JE

VIENS DE

FAIRE D

UN

SI DIGNE

ET

SI

FIDELLE MINISTRE

... Je sçay que

Vostre Majesté qui l’aymoit aura quelque satisfaction, dans ce malheur, d’estre informée de cette circonstance qui le peut

adoucir et je ne dois pas obmettre à la louange de mondit cousin qu’un des derniers conseils qu’il s’est le plus apliqué à

me donner pendant mesme la plus grande violance de son mal a esté non seulement d’entretenir religieusement la paix,

à quoy il sçavoit que je n’avois pas besoin à estre incité, mais aussy d’estreindre de plus en plus les neuds de nostre

amitié et de nostre union, encore que le public soit très persuadé qu’elle est sincèrement indissoluble...

» (Paris, 9 mars

1661, premier vol., pp. 79-80).

Une note donne des précisions sur des questions de formules épistolaires diplomatiques : «

Dans cette lettre il

a esté mis encore une fois

au roy d’Espagne Monsieur mon frère

&a sur l’asseurance que M. de Lyonne

[secrétaire

d’état aux Affaires étrangères]

a donnée de la part de M. de Fuensaldagne, ambassadeur extraordinaire du roy

catholique, que sur la response ledit roy mettroit

al rey de Francia señor hermano, sobrino y yerno

et n’oublieroit

plus le señor comm’il fait depuis quelque temps

» (

ibid.

, p. 81).