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21

À

CES

RÉCITS

ET

REMARQUES

SONT

AJOUTÉES

LES

COPIES

DE

NOMBREUX

DOCUMENTS

AFFÉRENTS

:

règlements du roi

(sur des questions d’étiquette), billets d’invitations à des entretiens avec le ministre des Affaires étrangères

ou à des bals, listes de ministres étrangers, de membres des suites princières ou diplomatiques, harengues

des compagnies et corps prononcées à l’occasion de l’avènement du duc d’Anjou comme roi d’Espagne,

itinéraire suivi par le duc d’Anjou pour se rendre en Espagne, copies de passeports, de lettres de créances,

de lettres royales et ministérielles, d’ambassadeurs, du pape, de Villeras lui-même, extraits de la

Gazette

,

etc. Avec un long passage des

Mémoires

de Nicolas Sainctot (principalement pour les années 1699 à 1704,

soit près du tiers du volume de 1703).

Il existe au moins un autre exemplaire des mémoires de Villeras, conservé à la BnF.

L’avènement du duc d’Anjou comme roi d’Espagne

«

... M. l’ambassadeur d’Espagne à l’audience du roy. Nous avons introduit M

r

l’ambassadeur à la manière accoutumée

dans le cabinet, où il n’est resté que le roy, M. l’ambassadeur et M. le marquis de Torcy

[secrétaire d’état aux

Affaires étrangères]

dans cette audience. M. l’ambassadeur a présenté au roy le paquet de la Régence qu’il a reçu la

nuit d’avant-hier à hier... M. le marquis de Torcy en ayant fait lecture, M. l’ambassadeur a parlé au roy en conformité,

le supliant de ne pas refuser à l’Espagne la consolation qu’elle espère de la bonté de Sa Majesté &a. Le roy ayant

répondu à M. l’ambassadeur qu’il alloit être consolé, a fait entrer monseigneur le duc d’Anjou qui étoit dans le grand

cabinet de glaces et, tenant de sa main droite le bras gauche de ce jeune qui aura l’âge de 17 ans le 19 décembre

prochain, luy a dit :

“D

IEU

VOUS

A

ÉTABLI

ROY

D

’E

SPAGNE

,

LE

SANG

VOUS

LE

DONNOIT

,

LES

E

SPAGNOLS

VOUS

DEMANDENT

.

Je vous accorde

de bon cœur à leurs &a puis a dit a M. l’ambassadeur : “voilà le roy d’Espagne ; vous pouvez faire la révérence

à votre roy”. M. l’ambassadeur a mis un genouil à terre, a baisé la main du roy d’Espagne et luy a fait un petit

discours pour exprimer le bonheur de l’Espagne et la joye qu’auront ses sujets en l’aprenant ; le roy ayant fait relever

M. l’ambassadeur, luy a dit qu’il se trouve obligé de répondre pour le roy d’Espagne qui n’entend pas encore l’espagnol,

mais qui l’aprendra bientôt.

Après avoir parlé magni quement de la nation espagnole, il a parlé avantageusement de la personne de M. l’ambassadeur

qu’il a recommandé particulièrement au roy d’Espagne dans le remerciement que M. l’ambassadeur a continué de faire

au roy, il a dit entr’autres choses que dès ce jour les françois et les Espagnols ne doivent être plus comptés que pour

une même nation ; qu’il n’y a plus de Pirénées qui divisent les deux royaumes, et que ces montagnes sont aplanies pour

toujours... Le roy ayant consenti à faire ouvrir la porte du cabinet, et les courtisans étant entrés en foule, il a déclaré que

le duc d’Anjou qui étoit à sa droite étoit roy d’Espagne. Les Grands se sont empressés à luy faire la révérence...

L

A

JOYE

DES

F

RANÇOIS

N

A

PARU

GUÈRES

MOINS

ÉCLATANTE

QUE

CELLE

DES

E

SPAGNOLS

;

ELLE

NE

S

EXPRIMOIT

DANS

LA

PLUPART

QUE

PAR

DES

PAROLES

COUPÉES

ENTREMÊLÉES

DE

LARMES

,

QUI

SUPLÉOIENT

AU

DÉFAUT

DU

DISCOURS

,

ET ACCOMPAGNÉES D

EMBRASSADES

ET DE

SERREMENS DE MAINS

,

PRÉSAGES DE

L

ÉTROITE UNION DES DEUX NATIONS

.

C’est dans ce tems que le roy dit au roy d’Espagne qu’il doit être bon Espagnol pour faire tout le bien qu’il poura aux

peuples que Dieu luy a con és, et ne pas oublier qu’il est né françois pour entretenir l’union et la bonne intelligence

entre les deux nations...

» (t. I, pp. 393-397).

« Il y eut hier au soir bal chés le roy... »

«

Vendredy, 6 janvier 1708... Il y eut hier au soir bal chés le roy dans la sale ordinaire...

L

E

FAUTEUIL

DE

S

A

M

AJESTÉ

ESTOIT

VERS

LE

BOUT

LE

PLUS

VOISIN

DE

LA

G

ALERIE

, de sorte que le costé de la sale où

est la cheminée, et les deux tribunes pour la symphonie... se trouva... à la droite du fauteuil du roy, il y en avoit un

pareil pour le roy d’Angleterre

[le prétendant Jacques Stuart]

. J’avois donné dès lundi dernier un mémoire au duc

de La Trémoille, premier gentilhomme de la chambre, pour des places pour les étrangers. Aujoud’huy, après le débotter

du roy, le baron de Breteuil et moi avons suivi le duc de La Trémoille, qui est allé à la sale du bal. Il a donné pour les

ambassadeurs un des deux bancs sous la tribune la plus voisine du roy, sur la droite de Sa Majesté, c’est le banc voisin

de la cheminée, l’autre banc estant destiné pour les dames du service... Ce n’est que longtems après cette disposition

faite que le maistre de la chambre du nonce est venu dans la chambre du baron de Breteuil à qui il a demandé cinq places

de la part du nonce, ce qui doit nous faire à l’avenir prendre de nouvelles précautions avec les ministres étrangers,

a n que quelques jours avant celui du bal ils nous spéci ent les places qu’ils voudront demander...

Les étrangers s’estoient rendus à la sale des ambassadeurs où j’avois ordonné aux Suisses d’avoir du feu et des bougies...

On n’a point passé par l’apartement ordinaire du roi où Sa Majesté a soupé, et où il n’est entré que les personnes

conviées au repas...