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Dans ses
Mémoires
(année 1698), Saint-Simon insiste également sur plusieurs des mêmes points : «C’était un
homme qui ne manquait pas d’esprit mais qui avait la rage de la cour, des ministres, des gens en place ou
à la mode, et surtout de gagner de l’argent dans les partis en promettant sa protection. On le souffrait et on
s’en moquait. »
M
ÉMOIRES CONÇUS COMME UNE
SUCCESSION DE RÉCITS COMMENTÉS
, suivant un ordre chronologique : le baron de
Breteuil précise, pour les ambassades mentionnées, les entrées à Paris, les ordres de marches, le déroulement
des audiences publiques et secrètes accordées par le roi, les visites rendues aux princes et princesses du
sang, en accompagnant ses relations de remarques historiques et synthétiques sur des points d’étiquette.
Certaines remarques se développent en véritables petits traités autonomes : «
Des petites lles de France
»,
«
De la manière dont Monsieur reçoit un prince souverain
», «
Réception des généraux d’ordre
[religieux] »,
«
Cérémonial qui s’observe lorsque le roy donne le bonnet à un cardinal françois
», etc.
L
E
BARON
DE
B
RETEUIL
ÉVOQUE
LES
AMBASSADEURS
DE
TOUTE
L
’E
UROPE
,
MAIS
AUSSI
DES
PAYS
LOINTAINS
, Maroc
(1699), «Moscovie, Turquie, Siam & Maroc » (annexe de l’année 1714) ou Perse (1715), et livre en regard
le récit de quelques entrées d’ambassadeurs français dans les Cours étrangères, notamment à Londres
et à Vienne.
I
L
RELATE DES MOMENTS
IMPORTANTS DE
LA
VIE DE
C
OUR
SOUS
L
OUIS
XIV
, notamment l’annonce de l’avènement
du duc d’Anjou comme roi d’Espagne («
M
r
, voilà le roy d’Espagne
», 1700, p. 441), la cérémonie d’hommage
du duché de Bar entre les mains du roi par le duc de Lorraine (1699), les négociations et réjouissances
pour les mariages du duc de Mantoue (1704) ou du duc de Berry (1710), les deuils pour les morts de
Philippe d’Orléans (1701), du duc de Bretagne (1705), du grand dauphin (1711), du duc et de la duchesse de
Bourgogne (1712), du duc de Berry (1714), etc.
L
E
BARON DE
B
RETEUIL DONNE
À
TITRE DOCUMENTAIRE DES
COPIES DE
TEXTES
AFFÉRENTS
: une ordonnance royale,
des mémoires au roi, des correspondances échangées avec le secrétaire d’État aux Affaires étrangères,
un bref ponti cal, des lettres d’ambassadeurs. Il livre également des extraits des mémoires de Nicolas
Sainctot, introducteur des ambassadeurs durant l’autre semestre de chaque année, des passages des
Mémoires
de Claude Labbé de Villeras, secrétaire à la conduite des ambassadeurs sur la même période, un
extrait du célèbre
Journal
du marquis de Dangeau, ou encore une relation écrite par Hardouin Le Fèvre de
Fontenay, qui parut dans le
Mercure de France
en 1715 sous le titre
Journal historique du voyage de l’ambassadeur
de Perse en France
. Il complète le tout avec quelques extraits de périodiques (
Gazette, The London Gazette
).
A
VEC
LE DESSIN D
’
UN
PLAN DE
TABLE
.
Il existe plusieurs autres exemplaires de ces
Mémoires
, conservés à la bibliothèque de l’Arsenal, à la
bibliothèque de Rouen, et au château de Breteuil. Plusieurs extraits en furent d’abord publiés, avant
qu’Évelyne Lever en donne l’édition intégrale en 1992 (réédition en 2009).
« Je m’en vais mais l’État demeurera toujours... »
R
ÉCIT
DE
LA
MORT
DE
L
OUIS
XIV,
EXTRAIT
DU
J
OURNAL
DU
MARQUIS
DE
D
ANGEAU
,
EN
COPIE
ANTÉRIEURE
À
SA
PUBLICATION
.
Cet important journal ne serait édité pour la première fois que partiellement par Voltaire en
1770 et intégralement par Soulié et Dussieux en 1854-1860. Le présent extrait (ici pp. 321-344 de l’annexe de
l’année 1715) gure dans le tome XVI de l’édition Soulié (1859, pp. 127-128).
«
... “Pour vous, Madame
[la duchesse de Ventadour, gouvernante du futur Louis XV]
, j’ay bien des
remerciements à vous faire du soin avec lequel vous élevés cet enfant, et de la tendre amitié que vous avez pour luy,
je vous prie de luy continuer, et je l’exhorte à vous en donner toutes les marques possibles de reconnoissance”. Après
quoy il a encore embrassé le dauphin par deux fois, et en fondant en larmes, il luy a donné sa bénédiction, le petit
prince mené par la duchesse de Vantadour sa gouvernante en est sorty en pleurant, et ce tendre spectacle nous a tiré
des larmes à tous.
Un moment après le roy a envoyé quérir le duc du Mayne, et le comte de Toulouze, et leur a parlé la porte fermée, il a
fait la même chose avec le duc d’Orléans qu’on a été quérir dans son apartement où il étoit retourné. Dans le moment
que ce prince sortoit de de sa chambre, Sa Majesté l’a rapellé jusqu’à deux fois.