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Il adopte une présentation thématique : le premier tome a une portée générale, abordant les cas des
différents pays, avec historiques de leurs relations diplomatiques, et distinguant chaque type d’ambassade
– nonces, légats, cardinaux, ambassadeurs ordinaires et extraordinaires (souverains et princes), sans
oublier les épouses d’ambassadeurs... Des cas particuliers sont évoqués, comme les entrées à Paris en
l’absence du roi, les départs à la suite de ruptures diplomatiques ou les étapes d’ambassadeurs de passage.
Le second volume concerne les pays lointains, dont la Russie, la Guinée, le Maroc, Alger, le Siam, ou l’Empire
ottoman :
S
AINCTOT
LIVRE
AINSI
DES
DESCRIPTIONS
DÉTAILLÉES
DES
AUDIENCES
ACCORDÉES
À
S
OLIMAN
A
GA
EN
1669,
QUI
INSPIRÈRENT
À
M
OLIÈRE
LA
TURQUERIE
DE
SON
B
OURGEOIS
GENTILHOMME
(tome II, ff. 85-107 et 110-119).
Le troisième volume étudie le cas des réceptions de souverains, notamment avec les exemples de la reine
Christine de Suède ou du roi et de la reine d’Angleterre en exil, mais également le cas des princes du sang
ou des Grands, de France et d’Espagne, qu’ils soient en faveur ou en défaveur... En n, dans le quatrième
volume, Sainctot traite des cérémonies liées au mariage (dont la demande, ou la signature du contrat par les
membres de la famille royale), et décrit les cérémonies de la majorité et du sacre de Louis XIV.
À
CELA
SONT
AJOUTÉES
DE
NOMBREUSES
PIÈCES
ANNEXES
: copies de mémoires, de lettres ou de règlements, des
extraits de la célèbre
Gazette
, dont la relation de l’audience donnée à Soliman Aga par Hugues de Lionne, ou
des citations de Wicquefort.
Il existe plusieurs autres exemplaires des
Mémoires
de Sainctot, dans différentes versions, ainsi que divers
brouillons et papiers préparatoires, conservés au château de Chantilly, à la bibliothèque de l’Institut, à la Bnf,
et aux archives du Ministère des Affaires étrangères.
«Du festin royal.
L
E ROY
FAIT DÎNER À
SA
TABLE UN
PRINCE
SOUVERAIN UNE
FOIS
SEULEMENT
EN
CÉRÉMONIE
.
La place du roy est au milieu
de la table sous un dais ; Sa Majesté est servie par ses principaux of ciers, par le grand échanson, par le grand écuyer
tranchant, et par le grand pannetier.
L
ES
PLATS DU ROY
SONT
COUVERTS
,
LES GENTILSHOMMES
SERVANS
EN
FONT
L
’
ESSAY
EN
SA
PRÉSENCE
,
le prince présente au
roy la serviette mouillée à laver. La place du prince est sur la même ligne que celle du roy, au-dessous du dernier plat
du service du roy. Il a un siège pliant, et n’a point de dais. Les plats se servent découverts, on en fait l’essay au buffet.
L’essay du vin et de l’eau se fait seulement pour le roy en sa présence. Le contrôleur général de la Maison est derrière
le prince pour le servir, c’est luy qui luy sert les assiettes, et luy donne à boire le verre couvert, dont le couvercle sert
de soucoupe. L’introducteur est proche de luy à sa droite ; cependant au dîner du roy où le cardinal Cavalirini mangea,
on luy servit une soucoupe sans pied différente de celle du roy qui en a un...
» (vol. III, ff. 46 r°-47 v°).
«Arrivée de trois mandarins de Siam. En 1684...
On marcha en cet ordre. Le sieur Giraut à la tête des deux secrétaires de l’ambassade nues têtes.
S
IX MANDARINS
VÊTUS
DE
VESTES
AVEC
DES
ÉCHARPES
,
LE
POIGNARD
AU
CÔTÉ
, leurs bonnets de toile ne en tête faits en
pointes piramidales.
D
OUSE
TAMBOURS
DE
LA
CHAMBRE
DU
ROY
BATTANS
LA MARCHE
. H
UIT
TROMPETTES
DE
LA
CHAMBRE
PRÉCÉDOIENT
UNE
MACHINE
DE
BOIS
DORÉ
FAITE
EN
PIRAMIDE
, apellée «lieu royal», ou la lettre du roy de Siam étoit posée. Cette machine
étoit portée par des Suisses du régiment des Gardes, quatre Siamois marchoient autour avec de grands bâtons de
deux toises de haut, portant quatre sapeuthons [sic] faits en parasols. Les trois ambassadeurs de front sur une même
ligne avec le duc de La Feuillade à droite et le sieur de Bonneuil à gauche. Deux of ciers portoient de grandes boëttes
rondes cizelées avec des couvercles relevés, ce sont des marques de leurs titres et dignités que le roy de Siam leur donne
luy-même, en présence duquel ils ne paroissent jamais sans ces marques de distinction.
On passa en cet ordre par la cour du château, où les gardes de la prévôté étoient en haye ; une partie des Cent-Suisses
de la Garde du roy hors la porte de l’escalier du grand apartement, et l’autre sur les degrés. Le sieur de Blainville,
grand-maître des cérémonies, à la tête des Cent-Suisses, receurent les ambassadeurs, l’un se mettant à droite, et l’autre
à gauche dans la marche. La machine, dit lieu-royal, arrêta en dehors à la porte de la sale des Gardes du corps où elle
resta, le premier ambassadeur en tira une boëte d’or dans laquelle la lettre du roy de Siam étoit enfermée ; il la donna à
un mandarin pour la porter sur une soucoupe d’or, le faisant marcher devant luy. Les tambours restèrent en cet endroit.
Le maréchal duc de Luxembourg, capitaine des Gardes du corps, receut les ambassadeurs à la porte de la Sale des
gardes, tous en haye et sous les armes. Il prit sa place ordinaire à droite en avant partageant avec le duc de La Feuillade
l’honneur de la main de l’ambassadeur. On traversa le grand apartement à l’entrée de la gallerie, ceux de la suite et du
cortège des ambassadeurs se prosternèrent aussitôt que le secrétaire ordinaire du roy à la conduite des ambassadeurs les
eut rangés à droite et à gauche.