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BIBLIOTHÈQUE DU CHÂTEAU DE BOUSSAY
OUVRAGES MANUSCRITS
comprenant un exceptionnel ensemble de mémoires
sur les ambassades à la Cour de Louis XIV et Louis XV
reliés aux armes des marquis de Verneuil
(n
os
1 à 13)
Les marquis de Verneuil occupèrent l’importante fonction d’introducteur des ambassadeurs.
L’ «
INTRODUCTEUR
DES
AMBASSADEURS
ET
PRINCES
ÉTRANGERS
»
:
ORDONNATEUR
DES
AUDIENCES
,
SURVEILLANT
DES
AMBASSADES
,
REPRÉSENTANT
ET
CONFIDENT
DU
SOUVERAIN
.
En France depuis 1585, l’accueil des étrangers de
marques – princes ou diplomates – relevait de la Maison du roi et plus particulièrement du grand-maître des
cérémonies : il était assisté de maîtres des cérémonies et d’ « introducteurs des ambassadeurs », ces derniers
étant également appelés « conducteurs des ambassadeurs » jusqu’au milieu des années 1680. À partir de 1620,
les introducteurs furent au nombre de deux, exerçant par semestre en alternance (sauf de 1671 à 1691 où un
seul cumula les deux semestres), et les réceptions diplomatiques relevèrent exclusivement d’eux à partir de
1643, le maître des cérémonies n’étant plus admis qu’aux première et dernière réceptions des ambassadeurs
extraordinaires.
Dès lors, les fonctions des introducteurs consistèrent à régler les audiences royales, faire respecter les
cérémonials et codes de conduites dans les Cours, mais également à contrôler l’action des diplomates ou
princes étrangers, dont ils étaient tenus pour responsables, et même à représenter le souverain auprès d’eux.
Demeurant en permanence auprès du roi, ils jouissaient d’un monopole exclusif sur le contrôle de l’accès
des étrangers à la Cour et au souverain dont ils devenaient le porte-parole et parfois le con dent. Le rôle
diplomatique des introducteurs prit ainsi à la n du règne de Louis XIV une importance proportionnellement
supérieure à la part protocolaire de leurs fonctions.
Cette évolution justi a, en 1699, la création à leurs côtés d’un « secrétaire ordinaire du roi en la conduite des
ambassadeurs », à qui était justement réservé de veiller au respect de l’étiquette des réceptions diplomatiques.
à la Cour de France, l’étiquette revêtait en effet une importance fondamentale :
«C
EUX
-
LÀ
S
’
ABUSENT
LOURDEMENT
QUI
S
’
IMAGINENT
QUE
CE
NE
SONT
LÀ
QUE
DES
AFFAIRES
DE
CÉRÉMONIE
»
(M
ÉMOIRES
DE
L
OUIS
XIV).
«Les peuples sur qui nous régnons, ne pouvant pénétrer le fond des choses,
règlent d’ordinaire leurs jugements sur ce qu’ils voient du dehors, et c’est le plus souvent sur les préséances
et les rangs qu’ils mesurent leur respect et leur obéissance. Comme il est important au public de n’être
gouverné que par un seul, il lui est important aussi que celui qui fait cette fonction soit élevé de telle sorte
au-dessus des autres qu’il n’y ait personne qu’il puisse ni confondre ni comparer avec lui, et l’on ne peut,
sans faire tort à tout le corps de l’état, ôter à son chef les moindres marques de la supériorité qui le distingue
des membres » (cité par Marcel Marion dans l’article «Étiquette » de son
Dictionnaire des institutions de la
France aux XVII
e
et XVIII
e
siècles
).
Les premiers introducteurs à tenir des mémoires sur leurs activités furent le comte de Brûlon (en poste de
1634 à 1659) et le sieur de Berlise (en poste de 1635 à 1671), habitude conservée par leurs successeurs, tandis
que le premier à les remettre annuellement au roi fut le baron de Breteuil (1698-1716). Cf. Albert J. Loomie,
«The Conducteur des ambassadeurs of seventeenth century France and Spain», dans
Revue belge de philologie
et d’histoire
, 1975, n° 53-2, pp. 333-356.
Les quatre manuscrits relatifs aux fonctions d’introducteur des ambassadeurs et de secrétaire en la conduite
des ambassadeurs (n° 1 à 4) constituent une source incontournable pour la connaissance de l’histoire
diplomatique en France, du milieu du Grand Siècle au milieu du Siècle des Lumières.