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C’est qu’en arivant ici l’ennui m’a paralysé.

[…]

M. de Gasparin, ancien ministre de l’Intérieur

que j’ai promené hier dans l’intérieur de toute ma ville, est convenu qu’il faut avoir tué père et mère

pour habiter un tel trou. Les cafés font la moitié de leurs affaires la matinée à la lueur de lampes

exécrables et tout le monde va se coucher à 8 heures. Tout cela ne serait rien si j’avais des collègues,

mais je suis le seul animal de mon espèce.

Il s’est rendu à Rome, après avoir passé 21 jours d’affilée à Civitavecchia – “

Qu’on ose ensuite

me calomnier !

Rien de nouveau à Rome. Les Romains et surtout les Romaines portent aux nues la Russie et

les Russes. Le prince héritier a fait leur conquête. C’est un bon Allemand sans méchanceté.

[…]

Les mœurs font des progrès ; une jolie religieuse de la Via Pia, près le palais Monte-Cavallo,

s’est pendue. Elle faisait un peu l’amour avec un jeune jésuite du noviciat.

[…]

Je ne crois pas

un mot de cette histoire. Les méchants ajoutent qu’il y a eu une exécution sévère parmi les jésuites.

Avant-hier, un riche bourgeois de Rome est allé entendre la messe dévotement et au retour s’est brûlé

la cervelle avec un pistolet si bien chargé qu’il a éclaté.

[…]

Rome au total a fait des progrès depuis vous, on est moins sale, les ouvriers sont moins malhonnêtes,

ce qui ne veut pas dire moins fripons.

[…]

On a fait un beau palais pour la poste sur la place Colonna.

Ma foi, me voici au bout de mon chapelet. Ecrivez-moi donc un peu, et rappelez-moi au souvenir

de ce monsieur qui a de beaux cheveux blonds que je lui envie et qui sont à lui à Pétersboug.

Mille compliments. Où comptez-vous aller régner ?

(Stendhal,

Correspondance

I, Bibliothèque de la Pléiade, nº 1648.)

Bel exemplaire à grandes marges en reliure décorée d’époque.

Rousseurs, comme toujours. Reliure légèrement frottée.

4 000 / 6 000

285

[STENDHAL].

De l’amour ;

par l’auteur de l’Histoire de la peinture en Italie, et des Vies de

Haydn, Mozart et Métastase.

Paris, P. Mongie l’aîné, 1822.

2 tomes en 1 volume in-12 [167 x 96 mm] de (2) ff., III pp., 232 pp. ; (2) ff., 330 pp. : demi-

veau bronze, dos à quatre nerfs orné or et à froid, pièce de titre noire, tranches marbrées,

chemise-étui.

Édition originale, très rare :

exemplaire de première émission, avant la remise en vente

à l’adresse de Bohaire, en 1833

.

La diffusion fut un échec cuisant. Deux ans après la mise en vente, l’éditeur Mongie rendit

compte à l’auteur : “Je n’ai pas vendu quarante exemplaires de ce livre, et je puis dire comme

des

Poésies sacrées

de Pompignan :

sacrées elles sont car personne n’y touche

.”

Malgré cet échec, Stendhal eut jusqu’à la fin de sa vie une prédilection pour le livre. Huit jours

avant sa mort, il en composait pour la troisième fois la préface. Il y expose ses croyances les plus

intimes et toute une science du bonheur à laquelle il attachait tant d’importance.

Des livres de son aîné, Baudelaire avait une préférence marquée pour

De l’amour :

il le cite à

plusieurs reprises dans son

Choix de maximes consolantes sur l’amour.

Exemplaire agréable. Quelques annotations marginales anciennes.

Provenance :

Ph.-L. de Bordes de Fortage.- Édouard Moura.- H. Bradley Martin,

avec ex-libris

(1989, nº 1240).

Pâles rousseurs éparses. Traces de colle aux feuillets préliminaires.

(Carteret II, p. 346 : “On sait que […] les lecteurs furent rares et que les exemplaires passèrent

presque tous dans les mains de Bohaire, le successeur de Mongie, qui remit le livre en vente.”-

Clouzot, p. 256 : “Rare et très recherché.”- Bibliothèque nationale,

Stendhal et l’Europe,

1983,

n° 182.)

5 000 / 6 000