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Le romancier fait état de la découverte à Pompéi d’une mosaïque :

réellement ce qu’on a trouvé de plus beau en peinture antique. C’est un objet d’art presque au niveau

de l’Apollon non pour la beauté mais pour la curiosité

.” Le romancier se désole : “

On empêche de dessiner

et même d’écrire devant ce chef d’œuvre

.”

Puis il revient à son sujet favori :

Bolo

[g]

na

était amoureuse depuis 20 ans d'un amant qui s'est trouvé impuissant, par dépit elle cherche

à se donner à un autre homme un peu bête qu'elle croit sincèrement aimer. De là ses folies. Elle peut

trouver 7 à 8 ans de bien être avec cet animal à deux têtes. Que dittes vous de la mine de l'amant

impuissant qui ne veut ni faire, ni laisser faire.”

Il fait encore état de deux têtes de marbre qu’un paysan a trouvé à Misène. Et qu’il a achetées.

J’avais reconnu les beaux yeux de Tibère. Croiriez vous que ce coquin est fort rare ? Il a cependant régné

22 ans je crois et sur 120 millions de sujets

.”

Stendhal devait léguer un de ces bustes au comte Molé, comme il l’indique à son correspondant en

usant d’un pseudonyme : “

Si je crève, la circonstance unique de ma mort, me donnant de l’audace, vous

recevrez ce buste sans frais, et le ferez arriver chez M. Dijon

.” (Le testament dans lequel ce don est

officialisé a été décrit dans la collection de Pierre Bergé II, nº 339).

L’écrivain s’inquiète de son ami :

Avez vous eu votre liberté au 1

er

janvier ? C’est une grande épreuve, nous le sentîmes tous en 1814. Comment

vous en tirez vous ? Dictez vous à une jeune femme de chambre l’ histoire sincère de votre vie de Paglieta, à

Naples ? Plus votre conspiration pour livrer le port de Naples aux anglais de concert avec M

me

de Belmonte,

plus la vente des boutons avec l’empreinte de St. Pierre, plus l’arrivée à Genlis avec 18 sous, et enfin la

délicieuse histoire des présents de confitures.

Enfin, il parle de ses travaux.

Je m’amuse à écrire les jolis moments de ma vie, ensuite je ferai probablement, comme avec un plat de cerises,

j’écrirai aussi les mauvais moments, les torts que j’ai eus ; et ce malheur de déplaisir toujours aux personnes

auxquelles je voulais trop plaire, comme il vient de m’arriver à Naples avec Madame des Joberts (née à

Bruxelles). Bien entendu je ne songeais pas à l’amour, ses yeux étaient doux et me plaisaient, et le contour du

profil ressemblait à M

me

de Castelane, hélas ! comme auprès de la Giudita j’ai vu un Président Pelo m’enlever

toutes les préférences

. […]”

En post scriptum, il lui propose de lui envoyer des vues de Naples au simple trait : “

Cela aide et ne gâte

pas la mémoire.

Provenance :

Giannalisa Feltrinelli

(VII, 2001, nº 2104).

20 000 / 30 000

289

[STENDHAL]. LEVAVASSEUR (Alphonse).

Deux lettres adressées à Henri Beyle.

Paris, 2 juillet

1832 – 8 août 1833

.

2 lettres autographes signées “A Levavasseur” : 1 page ½ et 2 pages in-4.

Aux abois, en dépit du succès de

L

e

R

ouge

et

le

N

oir

, l’éditeur demande à Stendhal

“un nouvel ouvrage” pour se tirer d’affaire.

En situation financière délicate, Levavasseur tarde à s’acquitter de ce qu’il doit à Stendhal pour

Le Rouge

et le Noir

paru en novembre 1830. Il suppose que la publication d’un nouvel ouvrage le tirerait d’affaire,

aussi décide-t-il de s’en remettre au romancier.

Le 2 juillet 1832, il lui écrit :

J’attendais d’être sorti de cette inquiétante position ou m’ont jetté des évenemens que je ne pouvais prévoir.

Je n’ai du reste aucun reproche à faire aux livres que j’ai publiés. Rouge et Noir a retardé ma chute de quelque

temps. S’il avait eu vingt volumes il m’aurait sauvé. Mais ce n’est pas seulement l’éditeur qui dit que c’est un

bon livre. Maintenant que les jalousies des gens du métier sont passées, que le bruit du livre ne gronde plus

on convient sans aucun effort que c’est un bon ouvrage. Dans tous les cas me disait un des plus envieux du

talent, c’est le meilleur de l’époque. Je suis de son avis.