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GIDE, André.

Le Voyage d’Urien

.

Paris, Librairie de l’Art Indépendant, 1893

.

In-8 carré [202 x 192 mm] de (4) ff., 105 pp., (2) ff. : broché, couverture illustrée.

Édition originale.

Tirage limité à 300 exemplaires numérotés (nº 0), plus quelques exemplaires sur Chine

et sur Japon.

Ce voyage du Rien est une odyssée ironique, écrite “en réaction contre l’école naturaliste”.

Quelques jeunes gens en quête de “glorieuses destinées” s’embarquent pour un périple allégorique

qui débouche dans les déserts glacés de la stérilité.

31 lithographies originales du peintre Maurice Denis.

Le Nabi est parvenu à se libérer de toute servitude descriptive pour mieux investir le texte en

créateur. Les lithographies sont tirées en deux tons, sur fond tantôt ocre, tantôt vert pâle.

Elles sont quasiment les seules que Maurice Denis ait produites. Il fut, semble-t-il, peu attiré

par la pratique de la gravure originale dans le livre.

La mise en page dénote un grand raffinement dans les espaces, les initiales et les images.

La couverture imprimée est également illustrée.

Le Voyage d’Urien

est un des grands livres illustrés dans la tradition du livre de peintre inaugurée

par Édouard Manet, Charles Cros et Stéphane Mallarmé en 1874-1875. La collaboration entre

le peintre et l’auteur fut des plus étroites. “Ce livre est la trace la plus accentuée du symbolisme,

la ratification par les nabis du principe du

livre de dialogue

” (Yves Peyré).

Éloquent envoi autographe signé :

à ma chère maman

son unique

André

La mère d’André Gide, Juliette

née

Rondeaux, devait mourir deux ans plus tard. Le romancier

rapporta sa fin dans

Si le grain ne meurt

: “Il était certain que maman ne reprendrait pas

connaissance, de sorte que je ne me souciai pas d’appeler mes tantes auprès d’elle ; j’étais jaloux

de rester seul à la veiller. Marie («notre vieille bonne») et moi l’assistâmes dans ses derniers

instants, et lorsque enfin son cœur cessa de battre, je sentis s’abîmer tout mon être dans un

gouffre d’amour, de détresse et de liberté.”

Chapon,

Le Peintre et le Livre, 1870-1970

, pp. 38-41.- Peyré,

Peinture et poésie. Le Dialogue par le livre, 1874-2000

, n° 4 et

pp. 105-106.-

The Artist and the Book, 1860-1960

, Boston, n° 76.- Fossier,

La Nébuleuse Nabie

, p. 271 : “Chronologiquement

c’est

Le Voyage d’Urien

de Gide, illustré par Maurice Denis et édité par Bailly en 1893, qui marque le début de cette nouvelle

ère de symbiose entre image et texte.”

10 000 / 15 000 €