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les collections aristophil

Littérature

482

SAINT EXUPÉRY, Antoine de

Manuscrit autographe.

[Vers 1943].

7 p. in-4 (27 x 21 cm), sur papier pelure « Fidelity Onion

Skin ».

1 500 / 3 000 €

Brouillon de premier jet d’une longue lettre de Saint Exupéry.

« Si la machine bouleverse un monde qui ne sait pas s’y ajuster,

il est évidemment une solution, laquelle consiste à anéantir la

machine. »

Voulant amener son correspondant à une vision plus égalitaire

sur l’économie et les ressources mondiales, Saint-Exupéry illustre

son analyse en prenant l’exemple d’un livre fictif, qu’il intitule « Le

Scaphandrier et l’étoile ».

« Le besoin est ce qui me rend permanent. Si je suis baron de

Charlemagne, j’ai besoin d’un château fort et d’une armure. Si je

suis […] moderne j’ai besoin de magie et de poésie bien qu’étant

de la même structure biologique que l’homme des cavernes si

proche de moi, lequel n’en avait pas besoin. Les seuls besoins

sont le besoin de la permanence par le besoin mystérieux de

l’ascension. L’homme des cavernes tend à avoir besoin de Jean-

Sébastien Bach. Rien ne me permet de chiffrer et de codifier le

besoin de l’accroissement de nos besoins c’est-à-dire la tendance

483

SARTRE, Jean-Paul

Lettre autographe signée.

S. l., 24 janvier [1940].

3 p. sur 2 ff. in-4 (26,8 x 20,9 cm).

800 / 1 000 €

Lettre autographe signée à sa maîtresse Wanda Kosakiewicz.

Depuis le début de la drôle de guerre, Sartre est mobilisé en

Alsace. Voyant la date de sa prochaine permission approcher,

l’impatience des retrouvailles s’exprime :

« J’ai pensé aussi (je

serai donc vers 7 heures ½ à peu près à Montparnasse) qu’il

vaudrait mieux nous revoir chez toi, si tu le veux bien, parce que

le Dôme ou tel autre endroit va mettre une imperceptible distance

entre toi et moi et je voudrais bien te revoir sans distance pour les

premiers moments. Je n’aimerais pas te voir de l’autre côté d’une

table – ni même sur la banquette à mes côtés mais sans pouvoir

te prendre dans mes bras à cause des gens. Je t’aime. »

Il évoque également Lucie Ville, connue sous le pseudonyme de

Marie Girard ou de « la femme lunaire » :

« Tu sais, ça m’inquiète

un peu ta cohabitation avec la lunaire, je me demande si tu y

trouves ton compte, surtout à présent que la lunaire te dégoute. »

à l’enrichissement de ma personnalité (exemple soif, oxygène). Je

réponds toujours exagérément aux besoins de l’homme quand

je l’élève. Je comprends bien l’adaptation naturelle comme

une conquête. […] L’homme est défini par l’antinomie besoin de

créer - besoin d’être stable […] l’état d’équilibre vivant entre ces

deux antinomies est naturel. Il n’est pas définissable par une

opération logique. […] La communauté aidera progressivement

pour la bonne raison que la création, désormais, est fruit de la

communauté. »

Numérotation postérieure au crayon rouge.

PROVENANCE :

Vente anonyme, lot 373 (Paris, 16 mai 2012).

Trous d’épingle, petits plis, quelques rares taches.

Ratures et corrections. Essai d’encre au verso du dernier feuillet.

Il est également question des surréalistes et notamment de

Breton :

« Tu sais je lis deux livres ou on fait figurer des surréalistes

comme personnages romanesques. Dans l’un d’eux, Breton en

personne y joue un grand rôle sous le nom de Caël et dans l’autre

le surréaliste s’appelle Vorge. Je te les apporterai ; ils ne sont

flattés ni dans l’un ni dans l’autre. Surtout Breton qu’on montre

braillard et pleutre mais je me demande bien si c’est vrai. Je

regrette bien de n’avoir pas connu tous ces gens quand il en était

temps

. »

Quelques rousseurs et mouillures.