Previous Page  90-91 / 124 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 90-91 / 124 Next Page
Page Background

88

89

les collections aristophil

Littérature

472

ROUAULT, Georges

Important ensemble de manuscrits.

277 p. en 254 ff. in-4 et in-folio, papier vélin fin et papier

pelure, quelques ff. in-folio de calque fin, chemise

cartonnée rouge, titrée à l’encre par l’artiste.

5 000 / 8 000 €

Ces pages, vraisemblablement écrites à partir de 1940, pendant

son exil à Golfe Juan, ont été données pendant la guerre à Claude

Roulet qui les a numérotées.

Dans ses longues nuits d’insomnies, Georges Rouault écrit comme

il peint, par touches finissant par remplir la page, la rendant

presque noire. Particulièrement dans les premiers ff., les mots

sont biffés, raturés, repris, soulignés, oblitérés. Dans ce qui lui tient

lieu de carnet de notes et d’exutoire, les thématiques sont très

variées : des premiers jets très spontanés de poèmes non titrés,

des lettres (notamment une lettre à Pierre Matisse, déc. 1940), une

étude sur Huysmans, des considérations et réflexions sur la Suisse

et sa relation presque paternelle avec Claude Roulet, la guerre, les

difficultés administratives, le manque de matière première pour

peindre…

- Poèmes adressés à Claude Roulet.

« Je vous salue de mon

gourbi de Golfe Juan d’où le petit napoléon débarqua en 1815.

[…] Le logis est modeste mais la mer si belle. Les enfants font la

vie cavalcadent et s’ébrouent près de la galerie où se joue le

soleil. […] Quand je vois une toile vierge je suis pris de vertige

j’hésite à la fixer. Et renonce d’une main légère à la toucher d’un

pinceau ailé, c’est pourquoi vous m’avez vu parfois perplexe.

Excusez-moi Princesse, et puis enfin à la réflexion vous avez

vu enfin le bel Hector me précipiter au combat comme fauve

affamé sur sa proie. » « Le désir pas toujours innocent et risible

de survivre n’est pas qu’orgueil il est noble et désespéré parfois.

Actuellement je suis touché “en mes œuvres vives” je ne puis

vous expliquer… ce serait trop long, interminable… je résume

en une ligne “Si vous ne vous foutez pas de la peinture elle se

foutra de vous” Axiome d’un ancien je crois qui sent un peu le

paradoxe moderniste comme si il suffisait en prenant ceci à la

lettre de voir l’oiseau de feu. »

- Souvenirs de ses débuts en peinture :

« À l’atelier Moreau j’étais

déjà le père Rouault j’avais 20 ans je ne m’en choquais guère

las j’en riais. Yeux clairs -blond cheveu. Me sachant plus riche

que Crésus d’espoirs un peu dérisoires, mais pauvret sans

amertumes ni rancune contre le sort contraire. Un seul et vain

regret avoir vendu toutes mes études ou à peu près le prix de

la toile écrue, pour en racheter, réparée par moi-même. On

chantait là le matin tout en peignant plus ou moins bien. Quand

le patron arrivait le silence régnait car sous son air débonnaire

et sans croire faire tourner la terre, parfois il se fâchait. Prenant

au sérieux son ministère allant de l’un à l’autre débordant le

sujet […]. »

- Histoire de sa vie, portant plusieurs titres :

« Mémoires d’une

vieille vache pensive. Litanies du Vieux Faubourg. Des longues

Peines. Soliloques. L’apprenti ouvrier. 1871-1914-1939. », « Pauvre

clerc né en temps de guerre civile en ces temps noirs rêvait du

Paradis Perdu. Il est fou de naissance disaient les gens de bon

sens. Il est fou même du Paradis sait-il pas qu’Adam et Ève

furent exclus. »

On trouve également des considérations sur sa peinture, sur les

événements extérieurs, etc.

Les p. 240 à 250 sont entièrement calligraphiées au pinceau.

Plis, taches claires, quelques déchirures, plus importantes aux ff. de

papier calque.

473

SAINT EXUPÉRY, Antoine de

Manuscrits autographes de textes scientifiques et calculs

mathématiques.

[Maroc, vers 1921].

15 p. sur 12 ff. in-4 et in-8 (dimensions diverses).

2 000 / 3 000 €

Ces documents datent vraisemblablement des mois que Saint-

Exupéry passa au Maroc durant son service militaire, avant d’y

obtenir son brevet civil de pilote, le 17 juin 1922. Hormis ses escales

à Casablanca lors de ses vols Alicante-Casablanca-Dakar pour

l’aéropostale, Saint-Exupéry ne reviendra piloter au Maroc qu’en

1931-1932.

Ces notes, problèmes et solutions d’algèbre, sont rédigés sous

la forme de brouillons ou mises au propre, suites de chiffres,

additions.

Quelques feuillets portent également des fragments de textes dont

un brouillon de lettre :

« Cher ami, je suis bien désolé de n’avoir

pu venir à Rabat. J’ai dû filer à Marrakech d’où je reviens pour

trouver un télégramme m’appelant d’urgence à Alger. »

(Verso du

feuillet 8.)

Le recto du feuillet 11 porte au milieu de chiffres mathématiques,

douze alexandrins pour un poème d’amour, portant de

nombreuses biffures et difficilement déchiffrable :

« Vers le soir

quand la lune a bleui la campagne/ […] à l’envoi d’un amour/

serrant le bras léger d’une chaste compagne […]. »

Ces vers sont

très vraisemblablement adressés à Louise de Vilmorin, dont

Saint-Exupéry était profondément amoureux, et à qui il sera

fiancé de 1922 à 1924.

On joint :

une lettre autographe signée du professeur de mathématiques

Daniel Dugué, relative à l’équation de Fermat

« qui n’a pu être

reconstituée depuis trois siècles ».

Alger, 29 mars 1944. 2 pages

in-8.

Taches, trous, traces de pliure, petites déchirures marginales.