84
85
les collections aristophil
Littérature
465
PROUST, Marcel
Lettre autographe signée.
S. l., [26 mars 1908].
7 p. sur 2 doubles ff. in-8 (20,4 x 12,6 cm).
3 000 / 4 000 €
Lettre autographe signée à Louis d’Albufera.
Proust est souffrant et ses actions en bourse l’inquiètent :
« Notre
pauvre Rio Tinto n’est guère brillant. J’ai bien envie de le bazarder
quand il sera revenu au cours où je l’ai acheté (1750). Qu’en penses-
tu, grand financier ? As-tu vu que dans mes pastiches du Figaro
j’ai parlé de ma déconfiture avec la De Beers ? J’ai presque envie
d’acheter les vendus Hella de Rochette ! Mais c’est trop embêtant
d’écrire pour donner des ordres de bourse. »
Il se souvient qu’un
serviteur de Louis était parent avec un télégraphiste :
« Dans ce
cas tu pourrais m’être utile car pour quelque chose que j’écris
j’aurais besoin de connaître un télégraphiste. »
Il demande des
nouvelles de son cousin le duc de Trévise, qui s’était blessé. Il
trouve
« l’envoi de Zola au Panthéon stupide ».
Marcel Proust rencontra Louis d’Albufera en 1903, ils se lièrent
d’une profonde amitié qui dura plus de quinze ans, Proust devenant
son confident. La relation entre Louis d’Albufera et la princesse
Louisa de Mornand inspira Marcel Proust pour ses romans.
Petits trous laissés par des agrafes, quelques taches.
467
PROUST, Marcel
Lettre autographe signée.
S. l. n. d.
4 p. sur 1 double f. in-8 (18,1 x 13,6 cm).
1 500 / 2 000 €
Lettre autographe signée à Clément de Maugny.
Proust accepte de l’aider à trouver
« une situation à Paris »
. Il
propose de
« demander à mon fidèle ami Reynaldo de voir (bien
qu’il ait fait des essais infructueux pour des amis à lui, mais on
ne peut d’un échec conclure forcément que tout échouera) ; mais
le malheur des temps fait qu’il gaspille ses forces et son talent à
diriger musicalement le Casino-Théâtre de Cannes, comme il fait
maintenant chaque hiver. Il est parti sans me dire adieu et je ne
pense pas qu’il rentre avant Avril ou Mai. Quel genre de situation
te plairait ? »
Proust nostalgique, conclut en évoquant leurs souvenirs heureux
de jeunesse :
« Je te remercie de tes éloges, mais si j’ai un tout
petit peu de succès, au moins en Angleterre et en Amérique,
j’e n’en sens nullement la douceur vivant dans une souffrance
constante qu’illumine parfois comme un reflet de rose sur la
neige, le coucher de soleil près de ce Mont Blanc où j’allais te
chercher le soir avec tant de joie. »
C’est à Évian, en 1899, que Marcel Proust et Clément de Maugny
se lièrent d’amitié. Cette amitié de jeunesse a perduré, à travers
une correspondance assidue, jusqu’à la mort de Proust.
PROVENANCE :
Vente Paris, Brissonneau, 14 octobre 2009, lot 146.
Quelques rousseurs.
466
PROUST, Marcel
Lettre autographe signée.
S. l., [vers 1917-1918].
8 p. sur 2 doubles ff. in-8 (18,1 x 13,4 cm).
1 500 / 2 000 €
Lettre autographe signée à Clément de Maugny.
Marcel Proust évoque les talents de dessinatrice de Rita, l’épouse
de Clément de Maugny :
« Je savais que Madame de Maugny
était une femme délicieuse mais j’ignorais qu’elle fût une grande
artiste. Cette lacune est désormais comblée.
[…]
Je te prie de
mettre aux pieds de Madame de Maugny toute mon admiration.
Je n’avais pas encore vu (ni reçu) ces chefs-d’œuvre, quand j’ai
demandé à Reynaldo, comme au plus serviable de mes amis de
s’occuper de la chose. Il me l’a promis et croit avoir un excellent
appui. Il m’a dit le nom d’un dessinateur, parait-il illustre, mais
que je ne peux arriver à me rappeler. »
Proust fait ici allusion à
Gus Bofa.
Clément de Maugny, très fier du talent de son épouse, avait
demandé à son ami Marcel Proust de lui trouver un éditeur. Rita
de Maugny servit comme infirmière pendant la Grande Guerre,
son expérience lui fournit matière à un livre de caricatures, intitulé
Au Royaume du Bistouri
(1919) et dont Proust écrivit la Préface.
PROVENANCE :
Vente Paris, Brissonneau, 14 octobre 2009, lot 134.
Quelques rousseurs et taches.
468
PROUST, Marcel
Lettre autographe signée.
S. l. n. d.
5 p. sur 2 doubles ff. in-12 (17,1 x 11 cm).
1 500 / 1 800 €
Lettre autographe signée à Émile Straus.
Dans cette lettre pleine d’humour, rédigée à la suite d’une
entrevue avec Émile Straus, Proust le taquine à propos de sa
prononciation du nom de Guise en [gyiz] au lieu de [giz].
Ainsi, dans toute sa lettre, Proust se plie à l’exercice littéraire et
joue avec les mots en « -gu » pour se moquer affectueusement de
son ami :
« À peine eus-je saisi comme une guide, et non gu-ide,
la rampe de votre escalier, que les exemples me sont revenus en
foule et que si j’avais été sûr de pouvoir guérir (et non gu-érir) la
crise d’asthme que cela m’eût donnée je n’aurais pas hésité à
remonter quatre à quatre (et non qu-atre). Je me suis rappelé
l’admiration un peu excessive que vous avez vouée à cet excellent
conteur : Guy de Maupassant (et non Gu-y) […]. Du reste nous
pourrons reparler de tout cela puisque vous m’avez invité à faire
chez vous un petit gueuleton improvisé (et non gu-euleton) ou au
moins à boire de votre cidre. »
BIBLIOGRAPHIE :
Correspondance générale de Marcel Proust : Lettres à Madame
et Monsieur Émile Straus
, Plon, 1936, p. 249-250.
Traces d’onglet et de pliures.