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99

les collections aristophil

Littérature

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484

SARTRE, Jean-Paul

Manuscrit autographe pour

les

Mains sales.

S. l., fin 1947.

28 p. sur 23 ff. in-4 (26,7 x 20,8 cm).

8 000 / 15 000 €

Manuscrit autographe pour la pièce

de théâtre

Les Mains Sales

. Composé

de notes préparatoires, il date de fin

décembre 1947. Le présent manuscrit n’est

pas connu des éditeurs de la Pléiade et

contient des renseignements inédits sur

l’œuvre.

L’idée de la pièce trouve son origine en

pleine crise de l’idéal marxiste, dans le

contexte de la guerre froide. En situant le

drame au sein d’un parti « prolétarien »,

Sartre posait explicitement la question du

droit que le révolutionnaire a, ou non, de

« se salir les mains ».

Dans ce document, nous trouvons

quelques ébauches de scène comportant

de

nombreuses

variantes,

des

commentaires sur les thèmes abordés,

mais aussi des fiches détaillées sur les

personnages principaux tels que Hugo

(Victor dans le manuscrit), Jessica, Olga

ou encore Hoederer.

« Victor, 19 ans : Hanté par la personnalité

de Trotski. Seul avec sa femme dans le

bureau de Trotski, touche les objets que

touche Trotski pour en tirer leur secret

[…] A ceci de bien qu’il ne prend pas sa

mission au sérieux. N’arrive pas à se

mettre dans la peau de l’assassin. »

Sartre s’attarde également sur les

motivations de ses personnages ; toujours

à propos de Victor, il poursuit :

« Veut

agir. Mais l’acte est chez lui déductif. But :

réconciliation de l’être et de l’évidence,

de lui-même avec lui-même mais dans

la mort. »

Les idées directrices et les indications

psychologiques s’articulent autour d’un

plan de la pièce, montrant qu’elle était à

l’origine découpée en 3 actes, contenant 3

scènes, contre les 7 tableaux de la version

définitive, contenant de 1 à 6 scènes. Par

ailleurs, certains personnages ont des

noms différents de la version imprimée :

Hugo s’appelait Victor, Karsky se nommait

Trotsky et le Prince était un régent.

Ces 28 pages sur papier crème, rédigées

à l’encre, comportent quelques ratures,

ajouts et corrections.

Précieux manuscrit pour découvrir les

premières fondations des

Mains Sales

.

Légères traces de pliure aux coins, et

jaunissements. Déteinte d’encre sur un feuillet.

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SARTRE, Jean-Paul

Manuscrit autographe pour un essai

politique.

S. l. n. d. [ca 1953].

108 p. in-4, dont 107 manuscrites et

une dactylographiée. Encre bleue

sur papier quadrillé, recto. Quelques

ratures.

6 000 / 12 000 €

Manuscrit autographe, non signé dans

lequel Sartre réagit à la loi pénalisant

les « tentatives de démoralisation ». Il y

voit une attaque dirigée contre le Parti

Communiste.

« Le projet de 1950 risque

de réussir là où l’occupant a échoué, avec

un peu de chance, il détruira le régime.

Que réclame-t-il ? Le droit d’emprisonner

des communistes quand ça lui chante et

sans être obligé de mettre en cause le

Parti lui-même. Bref le droit de violer la

Constitution […]. Les véritables exigences

du projet, on nous les cache et, bien

qu’elles soient parfaitement intraduisibles

en langue démocratique, c’est dans cette

langue qu’on choisit de les exprimer. Bref

on prend les mots, on les plie, on les tord,

on les fait entrer de force dans des puzzles

monstrueux, on leur donne l’air de définir

le délit […] en fait on fabrique un trompe-

l’œil dont le sens miroite de loin et, de

près, s’évanouit ; on traduit arbitraire par

égalité, loi d’exception par universalité,

politique du gouvernement par vérité

universelle ; on expose les principes de la

terreur en terme de liberté et l’on décrit la

guerre sous le nom de la Paix. »

Plus encore, Sartre s’attaque au

gouvernement et à ceux qui l’incarnent :

« Nos ministres sont des petites gens qui

vivent à la petite semaine […]. Emménager,

aménager, déménager, voilà le plus clair

de leur existence. »

Article dense dans lequel Sartre multiplie

les réflexions et les références autour de

l’Indochine et de Georges Bidault, l’ancien

président du gouvernement provisoire en

1946, qui s’est élevé contre la politique

indochinoise du gouvernement français.

Précieux document sur l’engagement

politique de Sartre.

Jaunissements.

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SARTRE, Jean-Paul

Manuscrit autographe pour

Nekrassov

.

S. l. n. d. [vers 1955].

Ens. 43 p. in-4.

6 000 / 12 000 €

Manuscrit autographe pour la pièce

Nekrassov

, offrant des versions primitives

d’importants passages, présentant de très

nombreuses variantes.

Certains passages figurent en plusieurs

rédactions différentes, d’autres ont

même complètement disparu dans la

version définitive (notamment une scène

d’interrogatoire après des arrestations,

lors de la manifestation contre le général

Ridgway). Sartre a en effet noirci de

nombreux feuillets, « ne numérotant pas

ses feuilles de brouillon, empilant des

versions successives, pour l’écriture d’une

scène, et les jetant à la corbeille après les

avoir relues […]. On ne parviendra sans

doute jamais à reconstituer une première

version de Nekrassov, quatre fois plus

longue que celle que nous connaissons. »

(Jacques Lecarme, dans

Jean-Paul

Sartre

,

Théâtre complet,

Pléiade, 2005.)

Pièce légère, mettant en scène les

aventures d’un escroc infiltrant un journal

anticommuniste, elle dévoile une facette

inédite du philosophe, celle d’un auteur

comique. « Non que je sois d’accord

avec tous les propos que Sartre prête à

ses personnages, j’ai beaucoup ri parce

que le rire n’a pas de parti et aussi

parce que je ne pouvais faire autrement,

emporté que j’étais par la violence

comique, l’irrésistible drôlerie, l’entrain,

le mouvement, l’invention, les piquantes

trouvailles […]. Quel triomphe ! Ce Sartre,

décidément est un bel emmerdeur »

(Henri Jeanson.

Le Canard Enchaîné,

22

juin 1955).

Le présent manuscrit permet donc

d’enrichir considérablement la version

publiée et constitue un document précieux

pour la genèse de cette œuvre.

Légères salissures, quelques manques

sans atteinte au texte.

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