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les collections aristophil

Littérature

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LOUŸS, Pierre

Réunion de 40 lettres autographes.

1884-1917.

Environ 170 p. in-12 (dont 2 cartes

pneumatiques et 3 cartes, plus

petites) et 3 p. in-8, sur différents

papiers, quelques enveloppes

conservées.

5 000 / 8 000 €

Belle réunion de lettres de Pierre Louÿs

(certaines signées

« Pierrot »

) à son frère

(36 lettres) ou son père (4 lettres).

La correspondance se divise en deux

périodes : lettres de jeunesse, de 1884 à

1889, puis de 1896 à 1917.

À son frère, à propos d’un voyage en

Europe qu’ils doivent faire ensemble :

« Je voudrais aller où il n’y a pas de

vendeur de lorgnettes, où on ne fait pas

d’ascensions en funiculaire et où on ne

trouve pas en haut des montagnes un

hôtel anglais avec des becs de gaz. »

Il lui

décrit en détail ses activités, notamment

ses lectures :

« J’ai commencé hier soir

Salammbô. Je ne t’en veux rien dire avant

d’avoir fini. Jusqu’à présent je trouve

cela ravissant » ; « Je lis Anna Karénine.

Admirable, admirable. J’ai lu la scène

du bal. »

Il lui donne des nouvelles des

différents membres de la famille et lui

confie, dans une lettre de 20 pages sur

son séjour à Limé (septembre 1888) :

« J’ai une grande nouvelle à t’annoncer,

qui décidera du bonheur de ma vie : je

me marie. »

(Ce mariage n’aura pas lieu.)

Une lettre est ornée d’un dessin à l’encre

du lac de Longemer.

Avec son père, c’est une inquiétude

récurrente pour la santé de celui-ci

qu’il partage, mais surtout ses résultats

scolaires et son angoisse du bachot, et

des examens en général.

Plus tard, ce sont ses états d’âmes, ses

difficultés à vivre et à faire des choix qu’il

confie à son frère :

« Parce que je ne sais

pas vivre, ou si tu aimes mieux, parce que

je ne m’intéresse pas, et que les autres

m’intéressent encore moins. […] Voici onze

ans que je sens en moi des tendresses

s’amasser pour quelqu’un qui ne vient

jamais. Pendant ces onze ans, j’ai aimé

quatre femmes : une, après l’avoir quittée ;

une autre, après l’avoir sue morte ; et deux

autres que je n’ai jamais eues. »

Et bien

sûr ses travaux d’écriture :

« Mes projets

pour cet hiver, ce serait de terminer la

Sévillane

[la Femme et le pantin ?]

pour

la fin de décembre, d’écrire un livret pour

Debussy […], une pièce (le Serment) […] et

le “grand roman moderne”. »

Les événements politiques ou scientifiques

prennent également une part importante

dans cette correspondance. Ainsi, Louÿs

évoque la visite de Thomas Edison à Paris

(1911 ?), où il prévoit le rôle crucial des

avions dans les futures guerres.

Tout au long de ces lettres se lit

l’attachement de Pierre Louÿs à son frère :

« Embrasse moi ou chasse moi. Et puis

c’est monstrueux de m’avoir dit que je

ne t’aimais pas. »

Quand Georges Louis

vient d’avoir 60 ans, Louÿs constate qu’il

« y aura bientôt vingt-cinq ans que tu as

commencé d’être pour moi ce que peu de

pères sont pour leurs enfants. »

Et, vers la

fin :

« Le jour où tu ne serais plus, je serais

aussi peu de choses que toi même. »

À cet ensemble est joint une note sur

sa mère :

« Pour toute bibliothèque, elle

n’avait qu’une étagère envahie par Victor

Hugo. »

Une lettre fragilisée avec de petites

déchirures, défauts mineurs épars aux

autres documents.