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les collections aristophil

Littérature

446

LOUŸS, Pierre

Réunion de 24 pièces autographes, la plupart signées.

1900-1902.

43 ff. de formats divers (majoritairement pet. in-8), sur

différents papiers (vergé, blanc, bleu…).

4 000 / 6 000 €

Ensemble de lettres (17), cartes (6) et billet (1) autographes, presque

tous signés de Pierre Louÿs, adressés à Augustine Bulteau.

Très intéressante correspondance abordant les sujets les plus

variés. Il est question de théâtre et de

l’Aiglon

d’Edmond Rostand,

de critique littéraire, du

Roi Pausole

, de bibliophilie et de reliure,

du peintre Zuloaga, de l’emploi du temps quotidien de Louÿs,

de l’actualité mondaine et parisienne. Pierre Louÿs adoptait

avec Madame Bulteau un ton amical et badin. Ses lettres sont

empreintes de légèreté et pleines d’esprit.

À propos de

l’Aiglon

 : « Je n’aime pas que quand un monsieur

a écrit cent vingt cinq pages il m’oblige à les écouter depuis le

premier mot jusqu’au douze millième. Lorsqu’une page de roman

me fait bâiller, j’en saute quarante ou simplement j’abandonne le

livre ; au théâtre on se croit obligé de tout prendre. […] Bref je n’ai

jamais entendu la moindre pièce de notre illustre dramaturge. Je

sais seulement pour l’avoir lu qu’il construit un acte mieux encore

que Sardou et qu’il fait des vers encore plus mauvais que ceux

d’Émile Augier. Double miracle. »

Il conseille à Mme Bulteau une approche nouvelle pour son album

amicorum : « il me semble qu’à votre place je demanderais à mes

amis de me faire une petite anthologie de leurs prédilections.

Aucune dame n’a jamais fait cela. Ne trouvez-vous pas qu’un

passage choisi par Hervieu ou Régnier dans Crébillon ou dans

Laclos serait quelque chose de plus rare qu’un paragraphe extrait

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LOUŸS, Pierre

Lettre autographe signée à Colette et lettre autographe à

propos de Colette.

S. l., Samedi Saint [21 avril 1905] (pour la lettre à Colette),

[15 septembre 1916.]

4 p. in-12 et 3 p. in-12.

800 / 1 200 €

Dans sa lettre à Colette, qui vient de publier

Sept dialogues de

bêtes

, Louÿs se récrimine : « Aujourd’hui jour de jeûne, dites-moi

ce que je vous ai fait. Cela ne vous suffit pas de me “priver de

dédicace” et de ne pas m’expliquer pourquoi. Je dépéris parce

que je n’ai pas votre livre. Je ne dépéris pas assez, à votre goût.

Vous mettez du raffinement dans vos supplices et […] vous me

mettez de force sous les yeux de ce matin un article… mais un

article. Eh bien je n’en ai lu que vingt lignes de votre article et je

me suis arrêté. […] Elles sont trop bien les vingt premières lignes de

votre article. C’est décourageant. »

L’article en question est la

Lettre de Claudine,

signée « Colette

Willy », parue dans la revue

Le Damier,

dont le second numéro

contenait un article en l’honneur de Colette.

Dans la lettre vraisemblablement adressée à son frère, Pierre

Louÿs relate « Un jugement de Colette Willy », à propos d’une

brouille et d’une réconciliation qu’il eût avec une jeune fille qui

« était venue s’installer chez [lui] pour quatre ou cinq jours, avec

trois malles et une valise. » Il voulait « avoir son avis de femme et

d’excellente romancière. » Sa conclusion est tranchante : « Pierre

Louÿs, c’est 18 et 15 ans, cette histoire là… je veux dire : vous avez

18 ans et votre amie en a 15. »

Précieux documents sur la relation entre Pierre Louÿs et

Colette.

Petite déchirure sans manque à la lettre à son frère.

de leurs livres futurs ? et qu’il est intéressant de savoir quel artiste

de jadis choisirait Forain si on lui demandait de copier un dessin

qui ne fût pas de lui ? »

Plus loin, il s’intéresse au « mûrissement » et au « vieillissement »

des livres, comparés à celui des vins : « Les livres sont comme les

vins ; ils passent en vieillissant. Avec l’âge, ceux qui étaient pâles

sont devenus fadasses ; ceux qui étaient trop vifs ont pris du corps

et “se sont faits” comme disent les amateurs de vins. Ainsi, laissez

donc ce roman dans votre bibliothèque – j’allais dire dans votre

cave – et dites-vous qu’il est “ trop jeune”, que c’est du crû 1901.

Vers 1940, si vous voulez bien encore vous souvenir de moi, vous

direz peut-être aux jeunes filles, qui ne vous comprendront pas du

tout : “quand je pense qu’autrefois nous trouvions cela… léger !” »

Les documents avaient été montés sur onglets et numérotés

à l’encre violette par un précédent possesseur (une première

campagne de numérotation barrée et corrigée).

On joint à cet ensemble un télégramme de Pierre Louÿs, des

coupures de presses, certaines collées et annotées par Louÿs,

ainsi qu’une carte de Perez Mitchell et son enveloppe, annotées

par Louÿs.

Une lettre présente des déchirures centrales sans manque, quelques

autres de petites solarisations ou salissures ; coupures de presse un

peu abîmées.

448

LOUŸS, Pierre

Lettre autographe signée à son frère, sur le cinéma.

[Paris], Lundi [3 février 1908].

6 p. in-12, enveloppe avec adresse et cachets.

600 / 800 €

Pierre Louÿs explique à son frère Georges qu’Henri Lavedan a

été contacté par un impresario à la recherche d’écrivains

« pour

leur demander d’écrire chacun deux ou trois scénarios pour

cinématographe. »

Il est précisé que

« nous vous demandons du

Pierre Louÿs, c’est à dire de l’antique. »

Louÿs a

« quarante-huit

heures pour réfléchir et trouver des sujets […]. Je ne peux vraiment

pas aller jusqu’à la mythologie. On ne photographie pas Hercule

ou Perséphone. »

Tout à ses réflexions sur le sujet à filmer, il note qu’il

« faut profiter

des deux points sur lesquels le cinématographe est supérieur à

l’art scénique : 1° En ce qu’il peut présenter, au lieu du décor,

le réel […]. 2° En ce qu’il peut dérouler une scène sur un terrain

considérable […]. »