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les collections aristophil
Littérature
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LOUŸS, Pierre
Réunion de 24 pièces autographes, la plupart signées.
1900-1902.
43 ff. de formats divers (majoritairement pet. in-8), sur
différents papiers (vergé, blanc, bleu…).
4 000 / 6 000 €
Ensemble de lettres (17), cartes (6) et billet (1) autographes, presque
tous signés de Pierre Louÿs, adressés à Augustine Bulteau.
Très intéressante correspondance abordant les sujets les plus
variés. Il est question de théâtre et de
l’Aiglon
d’Edmond Rostand,
de critique littéraire, du
Roi Pausole
, de bibliophilie et de reliure,
du peintre Zuloaga, de l’emploi du temps quotidien de Louÿs,
de l’actualité mondaine et parisienne. Pierre Louÿs adoptait
avec Madame Bulteau un ton amical et badin. Ses lettres sont
empreintes de légèreté et pleines d’esprit.
À propos de
l’Aiglon
: « Je n’aime pas que quand un monsieur
a écrit cent vingt cinq pages il m’oblige à les écouter depuis le
premier mot jusqu’au douze millième. Lorsqu’une page de roman
me fait bâiller, j’en saute quarante ou simplement j’abandonne le
livre ; au théâtre on se croit obligé de tout prendre. […] Bref je n’ai
jamais entendu la moindre pièce de notre illustre dramaturge. Je
sais seulement pour l’avoir lu qu’il construit un acte mieux encore
que Sardou et qu’il fait des vers encore plus mauvais que ceux
d’Émile Augier. Double miracle. »
Il conseille à Mme Bulteau une approche nouvelle pour son album
amicorum : « il me semble qu’à votre place je demanderais à mes
amis de me faire une petite anthologie de leurs prédilections.
Aucune dame n’a jamais fait cela. Ne trouvez-vous pas qu’un
passage choisi par Hervieu ou Régnier dans Crébillon ou dans
Laclos serait quelque chose de plus rare qu’un paragraphe extrait
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LOUŸS, Pierre
Lettre autographe signée à Colette et lettre autographe à
propos de Colette.
S. l., Samedi Saint [21 avril 1905] (pour la lettre à Colette),
[15 septembre 1916.]
4 p. in-12 et 3 p. in-12.
800 / 1 200 €
Dans sa lettre à Colette, qui vient de publier
Sept dialogues de
bêtes
, Louÿs se récrimine : « Aujourd’hui jour de jeûne, dites-moi
ce que je vous ai fait. Cela ne vous suffit pas de me “priver de
dédicace” et de ne pas m’expliquer pourquoi. Je dépéris parce
que je n’ai pas votre livre. Je ne dépéris pas assez, à votre goût.
Vous mettez du raffinement dans vos supplices et […] vous me
mettez de force sous les yeux de ce matin un article… mais un
article. Eh bien je n’en ai lu que vingt lignes de votre article et je
me suis arrêté. […] Elles sont trop bien les vingt premières lignes de
votre article. C’est décourageant. »
L’article en question est la
Lettre de Claudine,
signée « Colette
Willy », parue dans la revue
Le Damier,
dont le second numéro
contenait un article en l’honneur de Colette.
Dans la lettre vraisemblablement adressée à son frère, Pierre
Louÿs relate « Un jugement de Colette Willy », à propos d’une
brouille et d’une réconciliation qu’il eût avec une jeune fille qui
« était venue s’installer chez [lui] pour quatre ou cinq jours, avec
trois malles et une valise. » Il voulait « avoir son avis de femme et
d’excellente romancière. » Sa conclusion est tranchante : « Pierre
Louÿs, c’est 18 et 15 ans, cette histoire là… je veux dire : vous avez
18 ans et votre amie en a 15. »
Précieux documents sur la relation entre Pierre Louÿs et
Colette.
Petite déchirure sans manque à la lettre à son frère.
de leurs livres futurs ? et qu’il est intéressant de savoir quel artiste
de jadis choisirait Forain si on lui demandait de copier un dessin
qui ne fût pas de lui ? »
Plus loin, il s’intéresse au « mûrissement » et au « vieillissement »
des livres, comparés à celui des vins : « Les livres sont comme les
vins ; ils passent en vieillissant. Avec l’âge, ceux qui étaient pâles
sont devenus fadasses ; ceux qui étaient trop vifs ont pris du corps
et “se sont faits” comme disent les amateurs de vins. Ainsi, laissez
donc ce roman dans votre bibliothèque – j’allais dire dans votre
cave – et dites-vous qu’il est “ trop jeune”, que c’est du crû 1901.
Vers 1940, si vous voulez bien encore vous souvenir de moi, vous
direz peut-être aux jeunes filles, qui ne vous comprendront pas du
tout : “quand je pense qu’autrefois nous trouvions cela… léger !” »
Les documents avaient été montés sur onglets et numérotés
à l’encre violette par un précédent possesseur (une première
campagne de numérotation barrée et corrigée).
On joint à cet ensemble un télégramme de Pierre Louÿs, des
coupures de presses, certaines collées et annotées par Louÿs,
ainsi qu’une carte de Perez Mitchell et son enveloppe, annotées
par Louÿs.
Une lettre présente des déchirures centrales sans manque, quelques
autres de petites solarisations ou salissures ; coupures de presse un
peu abîmées.
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LOUŸS, Pierre
Lettre autographe signée à son frère, sur le cinéma.
[Paris], Lundi [3 février 1908].
6 p. in-12, enveloppe avec adresse et cachets.
600 / 800 €
Pierre Louÿs explique à son frère Georges qu’Henri Lavedan a
été contacté par un impresario à la recherche d’écrivains
« pour
leur demander d’écrire chacun deux ou trois scénarios pour
cinématographe. »
Il est précisé que
« nous vous demandons du
Pierre Louÿs, c’est à dire de l’antique. »
Louÿs a
« quarante-huit
heures pour réfléchir et trouver des sujets […]. Je ne peux vraiment
pas aller jusqu’à la mythologie. On ne photographie pas Hercule
ou Perséphone. »
Tout à ses réflexions sur le sujet à filmer, il note qu’il
« faut profiter
des deux points sur lesquels le cinématographe est supérieur à
l’art scénique : 1° En ce qu’il peut présenter, au lieu du décor,
le réel […]. 2° En ce qu’il peut dérouler une scène sur un terrain
considérable […]. »