68
69
les collections aristophil
Littérature
442
LOUŸS, Pierre
Réunion de 40 lettres autographes.
1888-1916.
Environ 110 p. in-12, papiers divers, quelques enveloppes
conservées.
5 000 / 8 000 €
Intéressante réunion de 8 lettres à son père et 16 lettres à son frère
Georges Louis.
En 1888, il évoque les travaux pour l’Exposition universelle,
« dont
les charpentes de fer couvrent déjà tout le Champ de Mars, ou
peu s’en faut, […] jusqu’à l’Esplanade des Invalides qui, elle aussi
disparaîtra bientôt sous les constructions. La tour Eiffel monte
toujours. »
Parmi les nouvelles touchant à sa scolarité, il évoque
son camarade André Gide, reçu au baccalauréat ;
« J’ai dîné hier
chez mon ami Gide, pour la 15 ou 20
e
fois de cet hiver, je ne les
compte plus. Il m’invite très souvent, et je ne cherche jamais de
prétextes pour refuser : c’est un excellent garçon et chaque fois
j’ai plus de plaisir à le voir. »
Il donne des nouvelles des différents membres de la famille à qui
il rend régulièrement visite et s’inquiète de l’état de santé, toujours
fluctuant, de son père. Il détaille également ses sorties et ses
loisirs, la musique particulièrement :
« Je me nourris de Wagner
en ce moment. »
Dans les lettres à son père, Georges ajoute parfois un petit mot
de sa main.
À son frère, il donne les nouvelles de l’état de santé de son père,
bien sûr, mais il parle aussi de sa formation intellectuelle.
« Je suis
en train de traduire un opuscule de Lucien qui est une merveille
d’esprit et de goût et d’observation. […] Je publierai cela en même
temps que mon Méléagre. Puisque je ne suis pas encore de force
à écrire moi-même je vais me contenter pendant quelques temps
de traduire. »
Il expose (et parfois confesse) ses lectures :
« J’ai
lu, outre la Petite Fadette, et sans te consulter, un volume dont
l’auteur va t’effrayer… : “Au Bonheur des Dames.” Oh ! ne me
gronde pas, je trouve cela épatant ! […] C’est à cent piques au
443
LOUŸS, Pierre
Astarté.
Paris, Librairie de l’Art indépendant, 1891.
Pet. in-4 (25,8 x 19,4 cm), maroquin corail, sur les plats
vaste décor de filets courbes dorés entremêlés, rehaussés
de motifs au palladium et de pièces de maroquin vert
mosaïquées, dos à nerfs orné de motifs de maroquin
vert mosaïqué et dorés, tranches dorées, doublures de
maroquin vert lierre orné des mêmes motifs que les plats,
gardes de soie saumon, couvertures et dos conservés,
boîte (postérieure ?) de demi-maroquin bordeaux
(Huser.
A. & R. Maylander dor. 1964)
.
6 000 / 8 000 €
[29] ff., dont le premier et le dernier blancs.
Édition originale,
publiée à compte d’auteur, du premier recueil
de poésies de Pierre Louÿs.
Tirage limité à 100 exemplaires numérotés, celui-ci
l’un des 4 du
tirage de tête sur papier de Chine (n° 1). Il a été considérablement
enrichi :
- Envoi autographe signé « à Maurice Quillot, cette Madame
l’Esthète ».
- Poème autographe adressé à Paul Valéry, le 1
er
décembre 1890,
présentant des variantes avec sa version publiée dans Astarté,
« les Filles du Dieu ».
- Poème autographe « À une nymphe de Diane », 19 octobre 1890.
Il sera publié pour la première fois en 1928 dans les
Poésies
nouvelles
.
- L. A. S. de Pierre Louÿs à son frère Georges, 7 août 1891, 8 p. Il
lui décrit l’émotion que
Parsifal
lui a donnée.
- Sonnet autographe « Envoi » qui sera publié dans la
Revue
blanche
en 1893.
dessus des bergerades de G. Sand. C’est autrement écrit, pensé,
observé, exposé, vécu enfin. »
Ou encore :
« j’ai lu le troisième et
dernier dialogue philosophique de Renan, qui est plus hardi et
plus curieux encore que les deux premiers ; et quelques chapitres
de la psychologie de Taine, entre autres celui des hallucinations,
qui est, comme m’avait dit Gide, à faire rêver. »
Tout au long
de sa correspondance, il expose des considérations littéraires,
aussi bien sur les auteurs de son temps que sur les différents
mouvements artistiques à travers les âges.
En 1895, il est à Séville où c’est Carnaval.
« Mon séjour ici a été
troublé […] par un individu qui signe marquis de Ravenel et qui
s’était recommandé à moi de Jacques Blanche, de Heredia, de la
C
tesse
Fleury et de M
me
Lequeux. J’ai écrit à Jacques Blanche qui
m’a déclaré l’ignorer absolument. […] Il a escroqué ici de l’argent à
tout Séville […]. Il m’a insulté un soir. »
Durant ce séjour, il travaille :
« J’ai renoncé à pousser Bilitis jusqu’à la 300
e
chanson, comme
j’en avais eu l’intention ; mais ce n’est pas sans regret, parce
que j’avais encore bien des choses à dire, et c’est un travail si
amusant. »
Plus tard, la même année :
« H. refuse […] la dédicace
d’Aphr. parce qu’il a encore deux filles à marier. […] Enfin, il m’a
donné cet argument : je veux vous faire un article aux Débats ; je
ne pourrais pas l’écrire si le livre m’était dédié. »
En 1900, à propos
du
Roi Pausole
qui sort en feuilleton :
« C’est une bouillabaisse
de cinq ou six “genres” différents, et je prétends à chaque ligne
faire accepter cela au lecteur, comme le plus réaliste des romans
russes. Il me faut un certain toupet qui ne va pas sans inquiétude. »
Déteinte d’encre à une lettre. Quelques déchirures sans gravité aux
plis (hormis une, plus longue). Une lettre semble incomplète.
- L. A. S. à André Gide, 15 mai 1888, 1 p., avec 3 p. de poème (« le
Soir à la campagne »), daté du 6 avril 1888.
- L. A. S. à Edmond Deman, Passy, 27 janvier 1892, 3 p. Louÿs
souhaite publier ce premier recueil de poésies chez cet éditeur.
L’achevé d’imprimer de ce recueil porte la date du 24 avril 1892.
- Sonnet autographe « Jour d’hiver ».
- 3 poèmes autographes dédiés à Oscar Wilde : « Femmes en
la nuit », correspondant aux poèmes « Astarté, à André Gide »,
« la Danseuse, à Oscar Wilde » et « les Filles du Dieu, à André
Walckenaer », publiés dans ce recueil.
- 3 poèmes autographes dédiés à André Gide, signés « P. Louis »,
présentant des variantes pour les poèmes « Émaux sur or et sur
argent ».
- Poème autographe « Ballade pour célébrer Maurice Quillot ».
- Poème autographe « Mephistophelouÿs ».
Exceptionnel exemplaire.
PROVENANCE :
- Maurice Quillot.
- Charles Hayoit (ex-libris).
Infimes frottements à la reliure. Infime déchirure réparée au premier
plat de couverture, quelques très légères salissures à certains
ff., petit trou à un f. Traces de plis, décharges à certaines pièces
autographes.