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les collections aristophil
littérature
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VOLTAIRE (1694-1778).
L.A.S. « V » (le début manque), [Cirey vers le 10 juin 1744, au
duc de RICHELIEU] ; 3 pages in-4 (petites réparations au pli,
une petite tache).
2 000 / 2 500 €
Lettre inédite sur la préparation du livret de la comédie-ballet
La
Princesse de Navarre
que Rameau va mettre en musique
.
[La comédie-ballet
La Princesse de Navarre
, comédie en trois actes
de Voltaire, avec un prologue et des intermèdes mis en musique par
Jean-Philippe RAMEAU, fut représentée dans la Grande Écurie de
Versailles le 23 février 1745 à l’occasion du mariage du Dauphin avec
l’Infante Marie-Thérèse d’Espagne. La correspondance de Voltaire en
mai-juin 1744 avec le futur maréchal de RICHELIEU (1696-1788), depuis
1743 Premier Gentilhomme de la Chambre, montre que le duc prit une
part active à l’élaboration du spectacle, dont Voltaire lui a envoyé le
24 avril le manuscrit de la comédie ; Voltaire le nomme parfois « duc
de Foix », du nom du protagoniste masculin de la pièce. Le rôle de la
Princesse sera tenu par Mademoiselle GAUSSIN (1711-1767). Malgré
l’inscription ancienne portée en tête, la lettre n’est pas adressée au
comte d’Argental, mais bien au duc de Richelieu qui vient de parti-
ciper, aux côtés de Louis XV, à la prise de Menin (Menen) le 4 juin.]
Voltaire parle ici d’un divertissement : « Quant aux scenes des fouriers,
des alcades et autres guenilles cela n’embarasse pas. Ce sont des
grotesques qu’on peut oter en un moment. Comptez sur la docilité
que mon esprit a toujours eue pour le votre.
Je vous demande seulement justice sur le petit reproche que vous
me faites de ce que, Hernand Couratin dit au duc de Foix que la fete
est prete sans savoir la resolution de son maitre. Hernand Couratin
n’est pas si sot. Il dit expressement
“quand monseigneur ordonne on sait executer
“
hier
vous commandez des
hier
tout saprete.
Voyla comme j’en ay usé avec vous. Plus j’ay revé à cette fete, plus j’ay
trouvé que ce mélange que vous avez imaginé de joindre le plaisant
au tendre et au galant, est le meilleur party, quoyqu’assurément le plus
difficile ». Il a relu
l’Inconnu
[de Thomas Corneille] : « Les divertissements
sont jolis, mais en verité l’ouvrage est fort mauvais, et cette idée charmante
n’est point du tout remplie. Esce que vous n’etes pas deja charmé de
l’effet que fera mademoiselle Gossin quand elle trouvera à une porte, des
guerriers qui la festoyent, et à une autre, des Venus et des graces et des
pommes ? Esce que ce ne sera pas le plus beau des spectacles qu’un
feu d’artifice qui explique une enigme en lettres brillantes de lumiere et
qui fait le denouement ? Esce que les ariettes qu’on chantera à la fin ne
sont pas une allegorie naturelle de tout ce qui est arrivé depuis entre
les deux branches d’Espagne et de France ? Et y a til la le moindre mot
que le plus endiablé courtisan, et le plus satirique Desfontaines [l’abbé
Desfontaines critiquait sévèrement les pièces de Voltaire] puisse empoi-
sonner ? Mais si la demoiselle Gaussin est à chaque pas arretée par
des fetes au premier acte je vous conjure de ne pas exiger que nous
répetions cet artifice au second. Plus cette idée est neuve et riante ; plus
elle perdroit de son prix par la repetition, et cette copie de soy meme
seroit une sterilité, et une indigence d’invention insuportable.
Pardon d’en ecrire tant à M le duc de Foix qui entre à present dans
Menin, mais enfin c’est votre ouvrage, et il faut que le masson rende
compte à l’architecte. Madame du Chastellet vous fait les plus
tendres compliments. Sans elle, je viendrois vous trouver tous les
quinze jours, et vous demander vos ordres […] je vous suplie de me
laisser envoyer les divertissements à Ramau [RAMEAU] tandis que
j’acheveray la piece qui à peine est commencée ».
Il ajoute qu’«
alcade
n’est point un exempt d’archer, c’est un juge,
un gouverneur, une belle charge. Mon alcade sera très poli. Je suis
à vos pieds ».
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VOLTAIRE (1694-1778).
L.A.S. « Voltaire », Paris rue Traversière 22 mai 1746, [à
Claude-Henri FEYDEAU DE MARVILLE ?] ; 3 pages in-4
(quelques légères taches).
4 000 / 5 000 €
Lettre inédite sur l’affaire des libelles
.
[Voltaire, reçu le 25 avril, a prononcé le 9 mai son discours de récep-
tion à l’Académie française, provoquant aussitôt des libelles contre
lui, émanant de l’entourage du poète satirique Pierre-Charles ROY
et du critique-abbé DESFONTAINES, dont plusieurs sont saisis chez
Louis TRAVENOL, violon à l’Opéra, que Voltaire va poursuivre de sa
vindicte. La lettre est probablement adressée, comme plusieurs autres
dénonciations concernant la même affaire, au lieutenant général de
police Claude-Henri FEYDEAU DE MARVILLE (1705-1787). Le libelle
que dénonce ici plus particulièrement Voltaire est le
Discours de
M. le directeur à la porte de l’Académie
.]
« L’academie indignée de tous les libelles qui courent et particuliere-
ment du dernier dans lequel la mémoire de Louis 14 et la personne
sacrée du Roy regnant ne sont pas ménagées a pris la resolution de
faire temoigner au Roy son juste ressentiment ; elle est en meme
temps tres sensible aux soins que vous voulez bien vous donner
pour constater qui sont les auteurs de ces délits redoublez ; et le
public ne vous en sera pas moins obligé que l’academie ».
Il prie de lui pardonner « toutes ces importunitez en faveur de la
relation necessaire qu’elles ont avec le bien public », et fait quatre
nouvelles dénonciations : 1° un homme « indiqué par Félizot » [le
colporteur Phélizot], demeurant rue du Bac, qui est « un ancien
complice de tous les libelles de Roy, et de Desfontaines, et il a
un grand coffre plein de libelles de toute espece. […] 2° La femme
Bienvenu est au fait de toutte l’affaire des 2 derniers libelles »,
qu’elle a fait imprimer, comme en a averti Voltaire la veuve qui vit
avec Crébillon. « 3° C’est chez la veuve Lormel, ou chez Jorri que
ces editions ont eté faittes. Je demande en grace à M le lieutenant
general de la police de vouloir bien ordonner une descente dans
ces imprimeries pour confronter les trois petites vignetes qui sont
a la tete de ces libelles. Si on trouve dans l’une de ces imprimeries
les planches de ces vignettes, ce sera une preuve complette ». 4°
Un sous-bibliothécaire au Collège des Quatre nations a convenu
en présence de témoins « qu’il avoit porté un libelle à la Bienvenu
pour le faire imprimer ; et a paru extremement en peine du sort de
ce libelle »... Il fera porter les preuves par son valet de chambre au
commissaire Lavergie...