247
les collections aristophil
littérature
246
256
VOLTAIRE (1694-1778).
L.A.S. « Voltaire », [aux Délices] 11
octobre [1759], à Jean-François
Guillet, baron de MONTHOUX, en
son château à Monthoux ; 1 page in-4,
adresse.
2 000 / 2 500 €
« J’ay heureusement Monsieur trouvé l’argent
dont vous avez besoin. Il est en louis d’or
de France. Ce sera à vous d’en faire l’usage
que vous jugerez à propos en argent de
Savoye. L’acte se passera par un notaire de
Geneve. Je suis entierement à votre service
et à vos ordres »…
[Monthoux avait acheté le manoir d’Anne-
masse et avait besoin d’argent pour terminer
l’affaire. Voltaire avait d’abord daté sa lettre
du 9 octobre, et a surchargé le 9 d’un « 11 ».]
Correspondance
(Pléiade), t. V, p. 646 (date
inexacte : 17 octobre).
257
VOLTAIRE (1694-1778).
L.A., [aux Délices 24 ou 25 janvier
1760], à Louis-Gaspard FABRY, « maire
et subdélégué, en diligence » ; 2
pages in-4, adresse.
2 500 / 3 000 €
Voltaire dénonce les sbires de Saconnex qui
se livrent à la contrebande, et veut libérer le
pays de Gex de la gabelle
.
[Louis-Gaspard FABRY (1720-1802), maire de Gex
et subdélégué de l’intendance du pays de Gex,
voisin et ami de Voltaire, l’aida à libérer le pays
de Gex du fardeau des fermes et des gabelles.]
« Suivant la permission signée du subdélégué
de M
r
l’intendant du 14 décembre exhibée
aujourduy au bureau de Saconex par mon
domestique, […] j’ay envoyé chercher vingt quatre
coupes de bled à Fernex par mes domestiques
et mes équipages, le bled et les équipages
ont été saisis par le brigadier qui a dit que je
ne luy avais pas donné assez de bled, cette
année pour sa cuisine. J’ay l’honneur de vous
en donner avis, en mon nom et en celuy de
Madame Denis. […] Cet excez d’insolencemérite
assurément punition. Je vous supplie Mon-
sieur de vouloir bien me marquer dans cette
petite affaire les bontez que j’attends de vous et
d’écrire au bureau de Saconney de la maniere
convenable. […]
J’espere que vous aurez avant Paques de
bonnes nouvelles du mémoire que vous avez
bien voulume confier. N’aurez vous pas la bonté
dem’instruire du party que vous prenez au sujet
de la liberté du pays ? Notre compagnie est
toujours prete. Vous voyez qu’il ne serait pasmal
de renvoyer les sbires dans les montagnes ».
Correspondance
(Pléiade), t. V, p. 769.
258
VOLTAIRE (1694-1778).
L.S. « Voltaire » avec ajout autographe
du lieu : « aux Délices » 20 juin 1760,
[à François de
LASSALLE-CÉZEAUX
] ;
la lettre est écrite par son secrétaire
Jean-Louis WAGNIÈRE ; 1 page in-4
(légères rousseurs).
1 200 / 1 500 €
259
VOLTAIRE (1694-1778).
L.S. « Volt », aux Délices 16 août 1760,
au comte de TRESSAN ; la lettre est
écrite par son secrétaire Jean-Louis
WAGNIÈRE ; 2 pages in-4 (un coin
déchiré sans perte de texte).
1 200 / 1 500 €
Amusante lettre sur ses adversaires Lefranc
de Pompignan, Fréron et Palissot
.
Il recommande au « cher gouverneur » deux
Genevois, MM. Turretin et Rilliet, en jurant
« que je n’envie nullement ni Pompignan,
ni même Fréron, je ne voudrais être à la
place que de ceux qui peuvent avoir le bon-
heur de vous voir et de vous entendre. Il
me parait que ce FRÉRON vous a un tant
soit peu manqué de respect dans une de
ses malsemaines. Il faut pardonner à un
homme comme lui enyvré de sa gloire et
de la faveur du public. Mon cher PALISSOT
est-il toujours favori de Sa M. Polonaise ?
Comment trouvez vous la conduite de ce
personnage et celle de sa pièce ? Notre cher
frère Menou [Joseph de Menoux] m’a envoyé
de la part du Roy de Pologne [STANISLAS],
l’Incrédulité combatue par le Simple. Essai
par un roy
; essai auquel il parait que cher
frère Menou a mis la dernière main »… Il va
envoyer bientôt à Tressan le premier volume
de son
Histoire de Pierre premier
: « Vous
scavez que c’est un hommage que je vous
dois ; je n’oublierai jamais certain petit cer-
tificat dont vous m’avez honoré ; quoique je
sois occupé actuellement à bâtir une église,
je me sens encore très mondain ; l’envie de
vous plaire l’emporte encor sur ma piété ;
j’espère que Dieu me pardonnera cette fai-
blesse, et qu’il ne me fera pas la grace cruelle
de m’en corriger. Je scais qu’il faut oublier le
monde, mais j’ai mis dans mon marché que
vous seriez excepté nommément ; plaignez
moi, monsieur, d’être si loin de vous et de
vieillir sans faire ma cour à ce que la France
a de plus aimable »…
Correspondance
(Pléiade), t. V, p. 1069.
260
VOLTAIRE (1694-1778).
L.S. « V » avec date et 3 lignes
autographes, « a Ferney par Geneve »
12 novembre [1760], au comte de
TRESSAN ; la lettre est écrite par son
secrétaire Jean-Louis WAGNIÈRE ; 3
pages in-4.
1 000 / 1 500 €
Belle lettre au nouveau gouverneur de
Bitche, parlant de ses ouvrages historiques
.
« Respectable et aimable gouverneur de la
Lorraine allemande, et de mes sentiments ;
mon cœur a bien des choses à vous dire ;
mais permettez qu’une autre main que la
mienne les écrive, parce que je suis un
peu malingre. Premièrement, ne convenez
vous pas qu’il vaut mieux être gouverneur
de Bitch, que de présider à une Académie
quelconque ? Ne convenez vous pas aussi
qu’il vaut mieux être honnête homme et
aimable, qu’hipocrite et insolent ? […] Je
m’imagine pour mon bonheur que vous êtes
très heureux, […] loin des sots, des fripons, et
des cabales. Vous ne trouverez peut être pas
à Bitch beaucoup de philosophes, […] mais
en récompense, vous aurez tout le temps
de cultiver votre beau genie » ; il partagera
son temps entre Lunéville, Bitche, et Toul, et
pourra faire venir près de lui « des artistes
et des gens de mérite qui contribueront aux
agréments de votre vie »…
Il a su par Frère SAINT-LAMBERT que « le
Roy STANISLAS n’était pas trop content, que
je préférasse le Législateur Pierre au grand
soldat Charles [après l’
Histoire de Charles
XII, roi de Suède
, Voltaire a publié l’
Histoire
de l’empire de Russie sous Pierre le Grand
] :
j’ai fait réponse, que je ne pouvais m’em-
pêcher en conscience de préférer celui qui
bâtit des villes à celui qui les détruit, et que
ce n’est pas ma faute si S.M. Polonaise elle
même a fait plus de bien à la Lorraine par sa
bienfaisance, que Charles 12 n’a fait de mal
à la Suède par son opiniatreté. Les Russes
donnant des loix dans Berlin, et empêchant
que les Autrichiens ne fissent du désordre,
prouvent ce que valait Pierre »...
Il a joué « le Vieillard sur notre petit théâtre,
avec notre petite troupe, et je l’ai fait d’après
nature. Je suis enchaîné d’ailleurs au char
de Cérès, comme à celui d’Apollon ; je suis
masson, laboureur, vigneron, jardinier. […] je
n’ai pas un moment à moi, et je ne croirais
pas vivre, si je vivais autrement ; ce n’est
qu’en s’occupant qu’on existe »…
Il termine en ajoutant
de sa main
: « Recevez
le tendre et respectueux témoignage de tous
les sentiments qui m’attachent à vous pour
toutte ma vie ; le Suisse V. »
Correspondance
(Pléiade), t. VI, p. 81.
258
259
257
« Mes maladies, Monsieur, ne m’ont pas
permis de vous remercier plutôt de vos vers
et de vôtre prose. Pardonnez à un vieillard
bien languissant, s’il vous répond si tard et si
mal ; mais il est prèz de sortir de la carrière
où vous entrez ; il vous souhaitte tous les
plaisirs de vôtre age, et il compte encor la
poësie parmi les plaisirs, elle peut être un
amusement pour un officier, et le Roy de
Prusse a fait voir qu’on peut faire des vers
et se bien battre »…
Correspondance
(Pléiade), t. V, p. 958.
256
260