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les collections aristophil
littérature
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VOLTAIRE (1694-1778).
MANUSCRIT autographe ; 1 page et demie in-fol. (31 x 21,6
cm, bord légèrement effrangé, et le haut légèrement rogné
sans toucher le texte).
6 000 / 8 000 €
Manuscrit de notes et pensées, qui semble inédit, notamment
sur l’Orient, avec un extrait du
Contrat social
de Jean-Jacques
Rousseau
.
« Il n’y a jamais de finesse dans les ecrits des orientaux. L’esclavage
qui ailleurs a retréci l’esprit, l’a rendu outré chez eux. Ils prodiguent
les titres à leur maitre. Ils traittent tout de meme ; leur esclavage est
hiperbolique.
Leur roy est frere du Soleil, et ils baisent la poussiere de ses pieds,
que diront-ils du soleil ?
L’esprit fin et délicat s’introduisit à Rome du temps d’Auguste. La
puissance du maitre était grande, mais les dehors simples. L’image
de la république subsistait. On pensait au republicain et on n’osait
s’expliquer ouvertement.
On s’acoutuma à faire entendre plus qu’on ne dit, c’est là la deli-
catesse de l’esprit. En Orient on a toujours dit plus qu’on ne peut
entendre, c’est l’esprit ampoulé. On fait sauter les collines, et reculer
les montagnes. Il n’y a pas meme une idée fine dans Homere. Il y
en a mille dans le Tasse.
Les universitez furent instituées pour l’avancement des Sciences, et
on ne put jamais rien savoir qu’en suivant une route contraire à celle
des universitez. Ainsi Galilée, Descartes, Bacon, Dumoulin. On navait
institué que des écoles d’erreur »... Etc.
Au verso : « Quand un sauvage veut avoir un fruit il coupe l’arbre.
Cela n’est pas vrai le sauvage nest pas si fou. […]
Tous les siecles se ressemblent-ils ? Non pas plus que les differents
ages de l’homme. Il y a des siecles de santé et de maladie.
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VOLTAIRE (1694-1778).
L.A.S. « V », Ferney 24 janvier [1765], au comte d’ARGENTAL,
« envoyé de Parme etc » ; 3 pages in-4, adresse (légères
effrangeures sur les bords, pli médian fendu).
8 000 / 10 000 €
Amusante lettre citant une lettre de Frédéric II, et traitant de fou
Jean-Jacques Rousseau
.
[Charles-Augustin Ferriol, comte d’ARGENTAL (1700-1788), admi-
nistrateur et diplomate, alors ambassadeur de France à Parme et
Plaisance, fut un des plus fidèles amis et correspondants de Voltaire,
qui l’appelait, avec sa femme, ses « divins anges ». Voltaire surnom-
mait FRÉDÉRIC II « Luc » du nom du singe favori du roi de Prusse.
Le comte d’Argental venait d’être attaqué par un certain Treyssac de
VERGY dans son libelle
Lettres à Mgr le duc de Choiseul
.]
Voltaire commence
ex abrupto
par un « Extrait de la lettre de Luc
du 1
er
janvier, arrivée à Ferney le 19 à cause des détours », et il
cite cette lettre de FRÉDÉRIC II : « détrompé des longtemps des
charlataneries qui séduisent les hommes, je range le teologien,
l’astrologue, l’adepte, et le medecin dans la meme catégorie. J’ay
des infirmitez et des maladies. Je me guéris moy meme par le
régime et par la patience... Des que je suis malade je me mets à un
régime rigoureux ; et jusqu’icy je m’en suis bien trouvé... Quoyque
je ne jouisse pas d’une santé bien ferme, cependant je vis, et je ne
suis pas du sentiment que notre existence vaille qu’on se donne la
peine de la prolonger »…
Puis il commente : « Voila les propres mots qui font soupçonner, à
mon avis, qu’on n’a ny santé ni guaité.
Mon divin ange j’ay encore moins de santé mais je suis aussi gay
qu’homme de ma sorte. Je n’ay actuellement que la moitié d’un œil
et vous voyez que j’écris tres lisiblement. Je soupçonne avec vous
que le tiran du tripot [le duc de RICHELIEU] a contre vous quelque
rancune qui n’est pas du tripot. N’y a t’il pas un fou de Bourdeaux
nommé Vergi qui aurait pu vous faire quelque tracasserie ? Ce monde
est hérissé d’anicroches. Jean Jaques ROUSSEAU et aussi fou que
les Déon et les Vergi ; mais il est plus dangereux. […]
Vous serez peutetre surpris que Luc m’écrive toujours. J’ay trois
ou quatre rois que je mitonne. Comme je suis fort jeune il est bon
d’avoir des amis solides pour le reste de la vie.
Divins anges ces quatre rois la ne valent pas une plume de vos ailes ».
Correspondance
(Pléiade), t. VII, p. 1019.
A Genes libertas ecrit sur les fers des galeriens ».
Après deux vers de Jephté, cette citation du
Contrat social
: « La
religion cretienne a porté necessairement la guerre ».
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VOLTAIRE (1694-1778).
L.A.S. « V », [aux Délices] 13 juin [1764], à Madame
CONSTANT PICTET à Lausanne ; 1 page in-4, adresse avec
restes de cachet de cire rouge (fentes aux plis du feuillet
d’adresse).
6 000 / 8 000 €
Sur l’affaire Calas
.
[Charlotte PICTET (1734-1766) avait épousé en 1757 Samuel CONSTANT
DE REBECQUE (1729-1800), mariage encouragé par Voltaire. Jean
CALAS avait été exécuté à Toulouse le 10 mars 1762 ; il sera réha-
bilité le 9 mars 1765, après la campagne de Voltaire en faveur de la
famille Calas. Quant au « fornicateur de Genève », il s’agit du genevois
Robert Covelle qui, ayant mis enceinte une femme, fut condamné à
demander pardon, genoux en terre.]
« Les ames les plus vertueuses sont toujours les plus tendres ma belle
voisine. Je ne suis pas étonné que vous vous intéressiez au triomphe
de l’innocence. C’est une belle fete pour un cœur comme le votre.
Le procez des Calas contre les assassins de leur pere etait un peu
plus considerable que celuy du fornicateur de Geneve.
Je suis chargé de vous representer quelque chose de plus interessant
pour moy, c’est d’avoir un tres grand soin de votre santé, de ne manger
de ne boire que ce qu’on vous a prescrit. Ayez sur cet article un peu
de superstition, c’est la seule occasion où l’on doive en avoir »...
Correspondance
(Pléiade), t. VII, p. 735 (sans la date).
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