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les collections aristophil

littérature

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SAINT-SIMON LOUIS DE ROUVROY,

DUC DE (1675-1755).

L.A.S. « Le Duc de S

t

Simon », La Ferté 7 décembre 1744,

à Marc-Pierre, comte d’ARGENSON ; 1 page in-4 (petit

cachet encre des

Archives d’Argenson

).

3 000 / 4 000 €

Sur l’amélioration de la santé de sa belle-fille, la marquise de Ruffec

.

« Je dois vous rendre compte Monsieur que par les nouvelles de cet

ordinaire la fievre de la M[arqui]se de RUFFEC est cessée les acci-

dents tombés, & que le mal contre toutte attente a esté aussy court

que violent. Comme il pourroit estre aisement que les conjonctures

ne vous ayent pas permis encore de rien executer sur la priere & le

memoire que j’ay eu l’honneur de vous faire et envoyer, j’ay celuy de

vous avertir qu’il n’y a maintenant plus rien qui presse a cet egard. Le

fond de la santé est mauvais & fait craindre, mais quoy que depuis

des années tel & sujet a de dangereux orages, cela peut durer &

peutestre se restablir a son age ce que je souhaitte passionnement.

Je remets donc a vostre bonté & amitié de prendre a loisir le temps

& l’occasion que vous croirés la plus favorable puisque ce loisir est

redonné, avec toutte la confience possible & les sentiments les plus

veritables avec lesquels je suis Monsieur vostre tres humble et tres

obeïssant serviteur »…

Les Siècles et les jours. Lettres

… (éd. Y. Coirault), n° 336, p. 576.

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SCHILLER FRIEDRICH (1759-1805).

L.A.S. « Sch. », Weimar [fin mars 1803], à Amalie von

IMHOFF

(1776-1831) ; 1 page in-4, adresse (papier froissé) ;

en allemand.

5 000 / 6 000 €

Lettre à son amie et collaboratrice l’écrivaine Amalie von Imhoff.

[La femme de lettres Amalie von

IMHOFF

(1776-1831) était alors dame

de cour de la duchesse Louise de Saxe-Weimar ; nièce de Charlotte

von Stein, amie de Goethe et Schiller, elle collabora à leurs Almanachs.

Elle avait récemment joué le rôle de Kassandra, le 20 février 1803,

dans un

Maskenzug

(mascarade) tiré des œuvres de Schiller ; plus

tard dans l’année, elle va épouser l’officier suédois Karl Gottfried von

Helvig. Le mal (

Uebel

) dont parle Schiller est un rhumatisme dont il a

noté l’apparition le 23 mars dans son Journal (

Tagebuch

).]

« Die steinernen Hoftreppen scheinen mir nicht gut zu bekommen, und

das Uebel, welches ich mir dort geholt würde ich wahrscheinlich nicht

vermieden haben, wenn ich auch nicht bei meiner lieben Freundin

eingesprochen hätte, da ich unsern Prinzen besuchen wollte. So habe

ich doch wenigstens den Trost, eine freundliche Stunde bei Ihnen

dadurch erkauft zu haben. Herzlich freut mich Ihr liebes Andenken, ich

befinde mich schon etwas beßer, ob ich gleich noch nicht sobald werde

ausgehn können. Hoffentlich ist Ihre Unpäßlichkeit jezt vorüber, und

ich habe vielleicht das Vergnügen, Sie bald einmal bei uns zu sehen. »

Traduction

 : « Les escaliers en pierre de la Cour ne semblent pas

me convenir, et je n’aurais pas pu éviter le mal avec lequel je suis

arrivé là, même si je ne m’étais pas arrêté voir ma chère amie, car je

voulais rendre visite au Prince [le prince héritier Carl Friedrich, tout

juste rentré d’un voyage à Vienne et Paris]. J’ai donc au moins la

consolation d’avoir passé une heure agréable auprès de vous. Votre

souvenir affectueux me touche, je m’en trouve déjà mieux, même si

je ne vais pas pouvoir ressortir de sitôt. J’espère que votre indispo-

sition est passée et j’aurai peut-être le plaisir de vous revoir un de

ces jours chez nous ».

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STAËL GERMAINE NECKER, BARONNE DE (1766-1817).

10 L.A., [1785-1807 et s.d.], à François

COINDET 

; 15 pages

et demie in-4 ou in-8, la plupart avec adresse, quelques

cachets de cire rouge aux armes.

7 000 / 8 000 €

Correspondance inédite avec le secrétaire dévoué de son père

.

[Le Genevois François COINDET (1734-1809), ami dévoué de Jean-

Jacques Rousseau, avait été commis puis caissier à la banque

Thellusson et Necker, avant de devenir le secrétaire et homme de

confiance du Contrôleur général des finances.]

[Montpellier ?] 23 mars [1785]

. Elle lui rend grâces de son envoi de

musique : « je vis maintenant sur le passé, et je n’ai plus que des sou-

venirs, quand je me livre encore aux espérances ce qui peut encore

m’arriver, je me représente dans l’avenir la répétition du passé, ce

que je nommois quelquefois du malheur, est devenu aujourd’hui le

pinnacle de mes souhaits. Nous n’avons rien de décidé sur notre

destination future, elle doit être soumise à la santé de maman car

d’un jour à l’autre son état change »… Elle évoque une visite de M.

MOULTOU, venu de Marseille. Elle loue le don de Coindet de conter

les nouvelles avec rapidité et précision, en choisissant « mieux ce qui

peut intéresser. C’est un grand mérite d’extraire 4 pages piquantes

des volumes in folio qu’on pourroit écrire presque chaque jour si l’on

n’omettoit aucun des événements ni des divers commentaires sur ces

événements ». Puis elle parle de l’emprisonnement de BEAUMAR-

CHAIS, qui « fait effet partout. Je ne vois pas que Figaro ait tendrement

attaché à Beaumarchais, on peut rire de la pièce sans pleurer des

malheurs de l’auteur. Elle est absolument tombée ici […] les gens de

province demeuroient convaincus que le gout avoit quitté Paris, et

de là à croire qu’il s’étoit réfugié chez eux il n’y a qu’un pas »… Il est

faux qu’elle se soit amusée à Montpellier. « Il est vrai qu’on m’a fait

danser et chanter, que dans la chambre j’ai déclamé Mélanie et la

tragédie à ce qu’ils disent comme Mlle Clairon et Mlle Gossin qu’ils

n’ont jamais vu […]. Je trompois dans le bruit du monde, le tourment

de mes regrets […]. La vérité de ces gens ci c’est d’être enthousiasmés

de mon père jusqu’à l’adoration, ce mortel vénéré se porte assez bien

et vivroit content s’il n’étoit pas ennuyeusement accablé de visites ».

Elle dit leur confiance en Coindet : « il vous seroit impossible d’altérer

la vérité, vous êtes vertueux par nature, irrésistiblement, sans que vous

vous en soyez mèlé et sans que vous puissiez vous y opposer »…

Mercredi [1790 ?]

(adressée au Contrôle général à Versailles) : « Quand

mon père revient il ? Voulez vous avoir la bonté de demander ou

de faire demander tout bas à l’arch. de Bourdeaux pourquoi il ne

m’a pas répondu »…

Vendredi

(adressée au Café de Foy au Palais-

Royal), le priant d’amener Garnier dimanche soir : « Je voudrois

essayer d’avance ma voix avec l’harmonica, GARAT vient-il ? Quel

oiseau que ce Monsieur Coindet à S

t

Ouen mercredi, je l’attends à

Paris jeudi, peut être est-il à la Chine c’est bien loin toutefois pour

revenir Dimanche »…

Dimanche [16 décembre 1792 ?]

(adr. à Genève). « Il est arrivé un

courier à M

r

Chateauneuf qui doit apporter des détails du jour où le

roi a paru à la barre. M

r

Diodati envoye je crois chercher les lettres

demain, il y a mille occasions pour vous. Tachez je vous en prie de

nous faire parvenir une lettre pleine de détails mon père le désire

sérieusement. Vous souvenez vous de mon signalement et de celui

de Mlle Le Brun si M

r

de Chateauneuf le veut mettre dans mon pas-

seport – ne ferois-je pas bien d’en prendre un d’une municipalité

des frontières »…

Beaulieu mardi 18 [février ou mars 1794]

. « Mon père s’honorera du nom

que vous voulez prendre ici, […] annoncez Mad. de C. comme votre

cousine sans entrer dans aucun détail. J’espère que cela s’arrangera

quoique rien dans le monde ne me paroisse prendre une tournure

facile. Ma mère est toujours fort malade […] Vous disposerez de moi

comme vous m’avez si doucement appris à disposer de vous »… –

Lausanne 17 mai [1794]

, après le décès de sa mère [Suzanne Necker

est morte à Beaulieu le 6 mai] : « Il faut ajouter au malheur de la perte

de ma mère celui de tous les ordres qu’elle a donné pour l’embaumer,

la conserver, la placer dans un tombeau à Copet où mon père put

l’aller voir – enfin prolonger à jamais ce qu’il y a de plus sombre

dans les regrets. Ce qui m’inquiette extrémement c’est le projet qu’a

mon père d’aller à Copet lorsque le voisinage de France est plus que

jamais redoutable ». Elle prie Coindet de l’en disuader. « Mon père

ne s’éloignera pas du pays de Vaux au moins pour cet été, il attend

que le tombeau de ma mère soit fait pour y placer son cercueil. Je

voudrois qu’au moins il resta à Baulieu jusques à cette époque la fin

de juillet. Les affaires de France pourroient peut être changer dans

l’intervalle et le séjour de Copet devenir moins dangereux »…

Coppet 6 juin [1796 ?]

(adressée à Lausanne). Invitation à venir à Coppet

voir son père, et rechercher ses livres ; M. de STAËL va venir : « je

me préparerai à l’aller joindre »…

Maffliers 5 octobre [1803] 

: « Je suis dans une vilaine petite maison à

sept lieux de Paris près de Franconville et j’ai bien envie de la quitter.

Votre petite amie Albertine s’amuse parfaitement, sans aucune raison

pour cela elle est dans le jardin tout le jour et dit que la France est

charmante, c’est elle qui l’est véritablement […] Je ne sais rien du

tout dans ma retraite où je n’ai vu presque personne encore on y

entend cependant le canon des exercices que le consul fait faire à

toute l’armée »…

[Ouchy ou Coppet]

. Son père, souffrant, va mieux, « et nous vous

regrettons tous les matins, et tous les soirs le whisk n’est plus qu’un

triste piquet, c’est ainsi que se dégradent les plaisirs de ce monde.

J’irai jeudi 18 à Lausanne […]. Il est arrivé hier un accident cruel à Copet

un émigré M

r

de La Rochelambert qui alloit et venoit de France a

perdu la tête de la crainte d’être arrêté et s’est brûlé la cervelle à la

Croix Blanche »… –

Mardi [avril 1804]

, au sujet du paiement de son

portrait (en Corinne) par Firmin MASSOT, « portrait qui ne m’est plus

qu’odieux » et qu’elle refuse de payer plus de 25 louis…

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