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les collections aristophil

littérature

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SAINT-PIERRE BERNARDIN DE (1737-1814).

MANUSCRIT autographe,

La mort de Socrate

, drame en

un acte

, [1808] ; 2 pages in-4 (quelques rousseurs).

1 000 / 1 500 €

Début de ce drame ou dialogue philososophique

.

Publié en 1808, précédé d’un

Essai sur les journaux

, et suivi d’un

Discours académique

(Paris, imprimerie de P. Didot l’aîné), ce

drame est le seul essai théâtral de l’auteur de

Paul et Virginie

. Le

manuscrit donne l’« Argument », les deux premières scènes et le

début de la troisième ; il présente quelques ratures et corrections,

et des variantes avec l’édition.

«

Argument

. Socrate le plus sage des Athéniens, s’étant fait beau-

coup d’ennemis parmi les superstitieux et les athées en soutenant

l’existence d’un seul Dieu, fut condamné à mort sur l’accusation

de Mélitus magistrat appuyée par Anytus prêtre de Cérès et par

Lycon sophiste. L’accusation était conçue en ces termes.

“Mélitus fils de Mélitus du peuple de Pithos, accuse Socrate fils

de Sophronisque, du peuple d’Alopécé.

Socrate est criminel parce qu’il ne reconnait point les Dieux que

la république reconnait et qu’il introduit de nouvelles divinités.

Il est encore criminel parce qu’il corrompt la jeunesse. Pour sa

punition, la mort.”

Socrate fut condamné par des juges tirés de toutes les sections,

tribus ainsi que de tous les peuples qui composaient les habitans

d’Athenes, quoiqu’il leur eut prouvé la fausseté de cette accusation.

Je suppose que le jour où il mourut, ses trois accusateurs s’in-

troduisirent dans sa prison en lui promettant la vie, la liberté, de

la fortune et des honneurs s’il voulait s’avouer coupable. Quand

aux paroles de Socrate et aux raisonnements de ses ennemis,

ainsi qu’aux diverses scenes de ce drame, on les trouve presque

en entier, dans Platon, Xenophon et Plutarque, je n’ai gueres eu

d’autre merite que de les mettre en ordre. »

La « scène première » montre Anytus, Mélitus et Lycon entrant

dans le vestibule intérieur de la prison ; dans la « scène seconde »,

intervient le geôlier ; à la « scène troisième » commence l’échange

entre Socrate, « les fers aux mains et les jambes engagées dans

une grosse pièce de bois », et ses trois juges ; le feuillet s’achève

sur cette phrase de Socrate : « Je reconnais pour agents de la

divinité, tous ceux de la nature. Il n’y en a point qui en soit une

aussi vive image que le soleil ».

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SAINT-PIERRE BERNARDIN DE (1737-1814).

MANUSCRIT autographe (incomplet),

Loix de la nature

 ;

8 pages in-fol. (paginées 1 à 4 et 17 à 20) sur 4 feuillets de

papier bleuté.

2 000 / 3 000 €

Manuscrit de premier jet de réflexions sur les lois et les harmonies

de la nature

.

Thèmes de prédilection de Bernardin de Saint-Pierre, ces réflexions

doivent se rattacher au vaste chantier des

Harmonies de la nature

(1815, 3 vol.), ou au code du roman inachevé

L’Amazone

. Le manuscrit

présente de nombreuses ratures et corrections.

« Loix de la nature. Il y a sur la terre sept puissances permanentes

qui forment entre elles douze harmonies dans le cours de l’année.

Ces harmonies ce sont les ames des puissances. Voilà tout ce que

Dieu nous a permis d’entrevoir des loix qui gouvernent notre petit

monde. Lui seul connoît les causes. Il a permis à l’homme d’étudier

les resultats.

Des sept puissances de la terre

. Ces puissances sont

au nombre de sept. La premiere est céleste c’est la lumiere les six

autres sont terrestres. Ce sont l’air, l’eau, la terre, les vegetaux, les

animaux et l’homme.

De la puissance celeste ou de la lumiere

. La

lumiere est un element celeste. Elle paroit repandu dans toute la

nature et le principal agent de tous ses ouvrages. Elle est invisible

de sa nature, elle ne paroit qu’au lieu d’où elle part, et sur celuy ou

elle arrive. Le gerbe lumineux du soleil qui la nuit éclaire les planetes

ne laisse aucune trace dans les cieux. Un rayon, qui traverse le jour

l’obscurité d’une forest, est invisible, elle ne paroit que sur le sol ou

sur le feuillage qu’elle touche dans son cours. La lumiere est blanche.

Son absence donne la couleur […]. Si on renferme les trois couleurs

primitives dans un cercle vous aurés un triangle equilateral, premier

simbole de la trinité divine formée de trois personnes distinctes et

egales en puissance qui ne forment qu’un dieu, comme ces trois

couleurs diverses, et d’une seule etendue ne composent qu’un rayon

blanc. La lumiere paroit. Ce n’est donc pas sans raison, que Pythagore

l’a apellé le char des ames et Platon l’ombre de Dieu »... Etc.

Suivent d’autres rubriques traitant du soleil, de la puissance de l’air,

de la puissance de l’eau, de la puissance de la terre, de la puissance

de végétaux, de la puissance des animaux, etc.

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SAINT-SIMON LOUIS DE ROUVROY,

DUC DE (1675-1755).

L.A.S. « Le Duc de S

t

Simon », La Ferté 3 décembre 1744, à

Marc-Pierre, comte d’ARGENSON, ministre et secrétaire

« ayant le dep

t

de la guerre » ; 1 page in-4 très remplie (petit

cachet encre des

Archives d’Argenson

).

3 000 / 4 000 €

Sur la maladie de sa belle-fille la marquise de Ruffec, et le fief qui

risquerait d’

échapper à sa famille en cas de décès.

[Le fils aîné de Saint-Simon, Jacques-Louis (1698-1746), duc de RUFFEC,

à qui son père a transmis sa qualité de duc et pair, avait épousé en

1727 Catherine-Charlotte-Thérèse de Gramont (1707-1755). Son second

fils Armand-Jean (1699-1754), marquis de RUFFEC, avait épousé en

1733 Marie-Jeanne-Louise Bauyn d’Angervilliers (1711-1761), qui avait

reçu de son père, intendant d’Alsace, lors de son premier mariage

avec le marquis de Maisons, le fief du Banc de la Roche (Zuinstein)

en Basse-Alsace. Le comte d’Argenson avait la province d’Alsace

dans son département, et le marquis de Ruffec désirait obtenir, en

cas de veuvage, la survivance de ce fief. On sait que Saint-Simon était

très attaché à l’éclat de sa maison, et il avait déjà sollicité le comte

d’Argenson à ce sujet. Le marquis de Ruffec héritera du titre de duc

à la mort de son frère ; n’ayant pas eu d’enfant, il fera de sa nièce

Marie-Christine, fille du duc, dite « Mademoiselle de Ruffec » (1728-

1774), qui avait épousé en 1749 le comte de Valentinois, sa légataire

universelle, et lui transmettra sa grandesse d’Espagne.]

« Je ne me douttois pas Monsieur d’avoir a vous importuner si tost

du memoire dont j’eus l’honneur de vous parler a Versailles, que je

joins icy, & sur lequel vous me répondistes si gracieusement. Par

une lettre que je reçois aujourdhuy du M[arquis] de Ruffec d’hier,

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j’apprends que samedy d[ernie]r nov[embre] sa femme deja plus

incomodée qu’a l’ordinaire, & au lit depuis quelques jours, se trouva

tres mal d’estouffements violents, & d’un mal de teste insuportable ;

que l’agitation fut grande la nuit ; que VERNAGE [médecin] la fit saigner

du pied deux fois ; & qu’apres la seconde, la fievre a éclaté, sans que

les accidents soyent diminués. Cela sent bien une fievre maligne, qui

me fait dautant plus craindre, que sa santé est fort mauvaise depuis

longtemps. Vous jugés bien que si nous avions le malheur de la

perdre, ce fief seroit demandé par mil gens, & outre la douleur qui

empecheroit mon fils de penser a rien, il a la goutte à une main & un

peu dans la teste. Je ne puis quitter le D[uc] de Ruffec dans l’estat ou il

est, & au moment que j’apprends encore que sa femme sera demain

icy. Je suis honteux dans l’accablement des plus grandes affaires ou

vous estes, de vous parler de celles de ma famille, mais vous m’aves

permis de si bonne grace de compter sur l’honneur de vostre amitié,

que dans cette confience je vous explique le malheureux estat des

choses, & m’abandonne sans reserve a vos bontés aupres du Roy

pour une grace que l’estat de mes affaires rend si importante au M.

de Ruffec qui n’a point d’enfants. Vous ne doutteres pas s’il vous plaist

Monsieur de toute ma reconnoissance & des sentiments les plus vrais

avec lesquels je suis vostre tres humble & tres obeïssant serviteur »...

Les Siècles et les jours. Lettres

… (éd. Y. Coirault), n° 335, p. 575.