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les collections aristophil
littérature
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ROUSSEAU JEAN-JACQUES
(1712-1778).
L.A.S. « JJRousseau », Paris 20
septembre 1770, [à Madame Louise
DUPIN de Chenonceaux] ; 1 page in-4.
6 000 / 8 000 €
Belle lettre à sa protectrice
.
Rousseau a inscrit en tête de la lettre ce
quatrain :
« Pauvres aveugles que nous sommes !
Ciel demasque les imposteurs,
Et force leurs barbares cœurs
À s’ouvrir aux regards des hommes. »
Il remercie de l’envoi de « l’immense pro-
vision de caffé » qu’elle lui a envoyé : « le
respect ne me permettra jamais de disputer
avec vous sur rien : mais je ne puis vous
dissimuler que je suis plus reconnoissant
que flaté de ce cadeau. Combien j’ai désiré
que tout mon tems put vous être de quelque
usage ! j’aurois été trop heureux de pouvoir
l’employer à vous servir, bien éloigné de
craindre que vous voulussiez m’en payer
l’inutile emploi, ou plustot que cet emploi
prétendu ne servit que de pretexte à votre
libéralité. Je suis affligé, Madame, je suis
navré, que vous m’otiez la douceur de vous
rendre des soins par attachement ; mais je
n’en veux rendre à qui que ce soit, pas même
à vous, à tout autre prix »…
Lettres
, tome VI, n° 2209.
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ROUSSEAU JEAN-JACQUES
(1712-1778).
P.S. « JJRousseau par Duplicata »,
1
er
janvier 1771 ; 1 page oblong in-8,
adresse au dos.
1 500 / 2 000 €
Reçu d’une rente de son éditeur.
« Je reconnois avoir reçu de Madame la
V
e
Duchesne la somme de trois cents livres
pour pareille somme d’une rente viagere
qu’elle et son mari m’ont faite le 29 avril 1765
par devant M
e
Nau et son confrere notaires,
laquelle rente est echue le premier de ce
mois de Janvier dont quittance et de toutes
choses jusqu’à ce jour »…
Au dos, adresse de « Monsieur Guy rue S
t
Jacques chez M
e
V
e
Duchesne ».
[Marie-Antoinette Cailleau, veuve de Nico-
las-Bonaventure DUCHESNE, continua l’ac-
tivité de son mari libraire-éditeur, avec son
commis et associé Pierre Guy ; elle a édité
le
Dictionnaire de musique
de Rousseau.]
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ROUSSEAU JEAN-JACQUES
(1712-1778).
L.A., « ce Lundi à midi » [3 ou 10
février 1772, à Mme Louise
DUPIN
de Chenonceaux] ; 1 page in-4
(déchirures et petits manques à un
bord, avec perte de quelques lettres).
5 000 / 6 000 €
Elle a eu la bonté de lui donner « une
grenade d’Italie ; permettez que je vous
envoye un melon d’Espagne, cueilli dans
un jardin du Royaume de Valence. Ce sont
des melons d’hiver dont l’espèce vient
de Barbarie. Ils n’ont ni la finesse ni le
parfum des autres, ils en sont dédomagés
par un sucre et une eau d’une fraicheur
charmante, et ils se gardent tout l’hiver ;
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mais celui-ci a été un peu maltraité dans
la route. Goutez-en, Madame, sans vous
arrêter à la mine, et si vous le trouvez bon
je pardonnerai à M. le Du[c] d’ALBE qui
vient de me l’apporter de l’avo[ir] fait venir
de si loin. Je vous prie de vouloir bien me
faire garde[r] un peu de la graine. »
[Don Fernando de Silva y Alvarez de
Toledo, duc d’ALBE (1714-1776), qui avait
été ambassadeur à Paris, y était de retour
en 1772 ; il se lia d’amitié avec Rousseau
et d’Alembert.]
Note ancienne au verso de la lettre : « Cette
lettre de J.J. Rousseau a été écrite à M
me
Dupin et donnée par le C
te
de Villeneuve
son neveu à M. de Cousin-Courchamps.
Rousseau avait été précepteur du fils aîné
de M
me
Dupin ainsi qu’il est assez connu. »
Lettres
, tome VI, n° 2286.